On ne regardera plus un livreur à vélo comme on pouvait l’ignorer après avoir vu le film « L’histoire de Souleymane ». Vous qui usez de la livraison de repas à domicile ou au bureau, allez voir ce film et peut-être que vous n’userez plus du prétexte que « ça leur permet d’avoir un boulot et de vivre » pour ne pas voir que ce type de jobs est un semi-esclavage.
L’accueil de ceux qui ont choisi de quitter leur terre au péril de leur vie est un thème majeur de notre société. La réponse que nous lui apporterons engage notre responsabilité, mais aussi notre destin. Et c’est une réponse que l’on ne pourra pas occulter car le flux des immigrés n’ira qu’en augmentant avec les conséquences désastreuses du dérèglement climatique. La question des frontières est également un thème central. La propriété de la terre, d’un espace geo-politique, a-t-elle un sens ? Pourquoi serai-je « privilégié de droit » parce que le hasard m’a fait naître dans ce doux pays qu’est la France, plutôt que sur le sol aride sahélien ou sur une terre perpétuellement habitée par des conflits armés dus à la pauvreté ou à l’extrême richesse de ses ressources ?
« L’histoire de Souleymane », au-delà de la performance exceptionnelle de l’acteur principal, Abou Sangare, interroge notre société et son futur : accueil digne, indigne ou exclusion ? Elle interroge chacun d’entre nous dans sa condition d’homme telle qu’elle est aujourd’hui, au terme d’une histoire culturelle, de civilisation (comment s’est-elle bâtie ? Quelles luttes ? Quelles guerres de défense ou de prédation ? Quelles croyances ?), et telle que nous voulons qu’elle soit pour les générations futures.
Un très grand film.
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