mardi 3 décembre 2024

Ce matin au kiosque 67 : Hülya et Ventre-à-choux

Et nous fîmes connaissance d’Hülya, une jeune femme d’origine turque. C’est vraiment un concours de circonstances. Je me trouvais en train de prendre mon café en compagnie de notre passeur préféré et nous échangions sur Trumpubu (probablement) ou bien sur le chevreuil que j’allais manger à midi, ou bien encore sur la folie du monde, quand Hülya (ce n’est pas la jeune femme de la photo) s’est approchée pour commander une boisson chaude (eh oui, je ne sais plus s’il s’agissait d’un café ou d’un thé, alors j’ai écrit une boisson chaude !). Le terme « configuré » est arrivé dans la conversation qu’Hülya a prononcé « configoré ». Je me suis autorisé à lui dire que ce n’était pas la bonne prononciation et qu’un goret désigne un cochon (et plutôt un jeune cochon, ce qui fait qu’un enfant malpropre peut être qualifié de goret). J’ai poussé l’audace, entendant un léger accent dans sa voix, de lui demander de quel pays provenait cet accent. Je suis turque, me répondit-elle. « Ils sont durs les turcs », ajoute-t-elle. « Oui, fort comme un turc, fourbe comme un chinois, avare comme un ecossais, fier comme un français, etc. », ai-je ajouté, ce qui a eu le mérite de la faire sourire. JM s’est employé à lui présenter Christiane, française mariée à un diplomate turc. (Je n’ai pas mentionné l’aquaphobie de Christiane, jugeant que ce détail pouvait nuire à une première relation). Hülya et Christiane se sont entretenues sur le parvis. Elles ont échangé sur leurs régions d’origine : Istanbul pour la première et du côté d’Ankara pour le mari de la seconde ; Christiane précisant qu’il était de tendance kémaliste. Nous avons appris que le père d’Hülya était docteur en droit et qu’il avait enseigné au Maroc, en Arabie saoudite et en France. Ses parents attachaient beaucoup d’importance à ce que leurs enfants fassent des études. Ils lui ont donné ce prénom car ils admiraient beaucoup la chanteuse, femme d’affaire et joueuse de tennis professionnelle, Hülya Avsar (c’est la photo).

Hülya travaille pour les centres de loisirs de la ville (si j’ai bien compris). Elle se renseigne sur la petite assemblée qui se réunit chaque jour autour de ces 2 ou 3 tables du parvis. « Des origines et des situations très diverses. On échange sur les infos du jour, on parle de nos occupations ordinaires et ces messieurs ont parfois quelques commentaires grivois, dit Anne-Marie. Notre seul point commun : on est vieux ! », ajoute-t-elle. Hülya nous dit qu’elle nous rejoindra le matin car tout ça lui semble bien sympathique et qu’il lui semble aussi important qu’il existe ce type de lieux. Et, gentille, elle affirme que nous ne sommes pas vieux !

Après que tout le monde se soit dispersé dans les rues de Bécon, je reste en compagnie de Geneviève. Nous parlons cinéma : « L’histoire de Souleymane » que je l’encourage à aller voir ; elle me parle de « La plus précieuse des marchandises » qu’elle envisage d’aller voir. « Film d’animation superbe, je lui dit. C’est un conte, mais on peut imaginer que l’abandon d’un enfant comme seul espoir de le sauver de la mort (et ici des chambres à gaz) a existé ». Nous évoquons « Le choix de Sophie », autre film où une mère doit faire un choix impossible…

Geneviève me parle de l’émotion et du chagrin qui l’ont saisie quand elle a dû faire euthanasier son chat. J’évoque une situation similaire. Elle s’appelait Vanille et j’ai du la laisser aux mains du veto. Elle m’a regardé partir. J’avais les larmes aux yeux. (Séquence émotions).

Geneviève est originaire de la Sarthe. Arnage, connu pour son virage du circuit des 24H du Mans. Elle a des attaches en Vendée où elle allait enfant, près des Sables d’Olonne. La Vendée, les « ventres-à-choux me dit-elle, comme on appelait jadis les vendéens. Les explications sont multiples de ce surnom; en voilà 2 extraites de mes recherches sur le Net : 

  1. les Vendéens de 1793 se cachaient à plat ventre sous les choux fourragers, pour attaquer les Bleus. 
  2. Les sages-femmes avaient coutume, jadis, d’appliquerune feuille de chou appliquée sur le nombril du nouveau-né pour le faire cicatriser.

Une 3eme pour la route extraite du Courrier Vendéen :

« Au début du XIXe siècle, tout était à reconstruire dans la Vendée ravagée par les « colonnes infernales » et les effets de dix ans de guerre.

Tout particulièrement dans le haut bocage et le nord du bas bocage : la démographie, bien sûr, mais aussi l’économie rurale (cheptel, exploitations agricoles, habitations)…

Pour l’alimentation du bétail, dans une zone où prédominait l’élevage (par contraste avec la plaine céréalière), il fallait recourir à la culture de plantes fourragères. Parmi les plantes fourragères annuelles les plus prisées figurent deux espèces de choux, le chou arborescent, ou chou cavalier, et le chou rameux (ou à mille têtes), plus résistant au gel. Avec l’exode rural qui se produit au début du XXe siècle, les familles bocaines qui essaiment de la Charente à l’Aquitaine ( « Vendéens de la Garonne ») apportent leurs techniques et leurs usages, dont la culture du chou, dont l’intensification des récoltes, et l’usage dans l’alimentation des bêtes mais aussi des hommes, « leur vaut le surnom – ironique et sans agressivité » de « ventres à choux ».

C’est ainsi que les hommes vivent !

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