Dernier
roman en date de Jonathan Coe, l'auteur de "Testament à l'anglaise" ou du
délirant "La vie très privée de Mr Sim" dans lequel un VRP tombait
amoureux de la voix de son GPS, "Numéro 11" se lit comme une succession de nouvelles dont le fil conducteur est le chiffre 11 (clin d'œil au numéro de la résidence du premier ministre anglais), comme autant de récits mettant en scène une petite dizaine de personnages dont les destins se croisent au gré de l'imagination de Coe.
Au fil des 444 pages du roman (l'éditeur, Gallimard, se serait-il aussi pris au jeu du chiffre 11 ?), l'auteur met en place un puzzle jubilatoire et grinçant qui compose en final un tableau représentatif d'une Angleterre où les ultra-riches vivent dans un quant-à-soi d'exclusion,
Jonathan Coe s'applique à souligner l'absurdité, le dérisoire, et même le tragique d'un monde basé sur la télé-réalité, l'addiction aux réseaux sociaux, ou les manies des tenants d'une nouvelle aristocratie dont les codes sont exclusivement basés sur l'argent. Mais il sait aussi évoquer la profondeur et une certaine beauté intérieure de valeurs comme la solidarité, la connaissance, les liens familiaux ou d'amitié des gens "ordinaires".
Composé comme un roman policier avec un suicide à résonance politique dès les premières pages et une série de disparitions mystérieuses dans les derniers chapitres, le livre s'achève sur une phrase simple et puissante à la fois, à méditer en ces temps de déresponsabilisation généralisée : "Au bout du compte, je crois, nous sommes tous libres de nos choix."
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