samedi 2 janvier 2016

La nuit du bûcher de Sandor Maraï

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Sandor Maraï (1900-1989)

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Un homme d’origine espagnole, ancien moine-inquisiteur, écrit depuis Genève une longue lettre à son frère qui vit à Avila en Espagne. Nous sommes en 1600. Cette lettre est le récit de son expérience des seize mois qu’il vient de passer à Rome auprès de la Sacrée Congrégation de l’Inquisition romaine. Il y a reçu un enseignement précis et rigoureux des méthodes déployées par les exécutants de l’Inquisition, dans les rangs desquels chacun à un rôle particulier à tenir, pour traquer l’hérésie partout où elle est susceptible d’exister. Il a partagé à plusieurs reprises les heures d’attente des confortatori – les confortateurs -, moines ou simples bourgeois, qui sont volontaires pour intervenir ultimement, juste avant que le supplicié soit conduit au bûcher, pour tenter de lui faire abjurer son hérésie. Mais jamais il n’a pu pénétrer dans le Château Saint Ange, où sont reclus les prisonniers les plus célèbres,  pour assister à ces derniers instants avant l’exécution finale. A la veille de son départ de Rome, on l’autorise à accompagner cette troupe sinistre qui doit tenter de sauver un « hérétique d’une engeance incomparablement plus tenace que n’importe qui » : Giordano Bruno. Cette expérience constitue une révélation pour l’inquisiteur novice.
Sandor Marai nous plonge au cœur de cette organisation criminelle qui institutionnalisa la terreur durant plusieurs siècles sur une grande partie du continent européen et jusqu’aux colonies. Mais le très grand écrivain hongrois qui s’est suicidé en 1989, prend le prétexte de ce récit historique pour dénoncer les régimes totalitaires comme le nazisme ou le stalinisme qu’il a subit et qui l’on contraint à l’exil. Il met en évidence le mécanisme terrible des dictatures idéologiques qui se fondent sur une vérité unique dictée par une minorité de psychopathes et l’adhésion massive d’individus guidés par la peur, l’intérêt personnel ou cette déchéance du statut humain dénoncée par Hannah Arendt : la banalisation du mal.

Au terme de ce sombre tableau à l'écriture somptueuse, un espoir subsiste : « Il restera toujours quelque part un hérétique qu’ils ne réussiront pas à brûler à temps. Et un seul homme est capable de contaminer tous les hommes sains, tel le lépreux qui ne porte pas de clochette à son cou. »

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