Sandor Maraï (1900-1989) |
Un homme d’origine espagnole, ancien moine-inquisiteur,
écrit depuis Genève une longue lettre à son frère qui vit à Avila en Espagne.
Nous sommes en 1600. Cette lettre est le récit de son expérience des seize mois
qu’il vient de passer à Rome auprès de la Sacrée Congrégation de l’Inquisition
romaine. Il y a reçu un enseignement précis et rigoureux des méthodes déployées
par les exécutants de l’Inquisition, dans les rangs desquels chacun à un rôle
particulier à tenir, pour traquer l’hérésie partout où elle est susceptible d’exister.
Il a partagé à plusieurs reprises les heures d’attente des confortatori – les confortateurs -, moines ou simples bourgeois,
qui sont volontaires pour intervenir ultimement, juste avant que le supplicié
soit conduit au bûcher, pour tenter de lui faire abjurer son hérésie. Mais
jamais il n’a pu pénétrer dans le Château Saint Ange, où sont reclus les
prisonniers les plus célèbres, pour
assister à ces derniers instants avant l’exécution finale. A la veille de son
départ de Rome, on l’autorise à accompagner cette troupe sinistre qui doit
tenter de sauver un « hérétique d’une engeance incomparablement plus
tenace que n’importe qui » : Giordano Bruno. Cette expérience
constitue une révélation pour l’inquisiteur novice.