Dans ce petit ouvrage paru aux éditions Acte Sud et que le Père Noël a gentiment déposé dans ma chaussure, Edgar Morin dialogue avec l'artiste plasticien Michelangelo Pistoletto à propos du monde tel qu'il est et tel qu'il devrait être, à grand renfort d'une espérance dont les ressorts sont l'éducation, la solidarité, la responsabilité, le réveil des consciences, l'universalité de nos valeurs humanistes, le pluriculturalisme, etc. Pistoletto met en avant sa praxis de sa Cittadellarte, lieu de création de ce monde nouveau que les deux protagonistes appellent de leurs vœux. Le sociologue, chantre d'une nouvelle Renaissance, reste sur ses positions païennes quand le plasticien bricole avec le symbolisme du paradis et de la pomme, pour des raisons qui frisent le marketing.
Il y
a plein de bonnes intentions dans ce petit ouvrage, mais ne pavent-elles pas,
si ce n'est l'enfer - ce serait injuste - du moins une bonne conscience qui
aura du mal à susciter la dynamique de l'engagement qu'elle voudrait mettre en
marche. Le propos balaye tout un tas de sujets qui mériteraient davantage de
matière que cette impression de "Yakafaucon" qui s'en dégage trop
souvent.
L'échange évoque la perte de repère de nos contemporains à qui les
médias font un jour l'éloge de l'artichaut, le lendemain celui de la carotte,
et le surlendemain celui de la betteraves ... mais en passant du coq à l'âne,
ne risque-t-il pas de laisser le lecteur en proie à une certaine
confusion ?
Sans doute aurais-je pu être plus sympathique à l'égard de ce témoignage. Mais voilà, j'ai ressenti souvent le risque (encore !) d'amener le lecteur vers la piste du complot plus que vers une éthique de conviction !