samedi 1 mars 2025

Yes We can ? 10 : délire, délire, …

 « A Chaque jour suffit sa peine » comme l’écrit Matthieu dans le Nouveau Testament ; c’est un peu ce qu’on se dit tous actuellement. Aux dernières nouvelles, on assiste aux US à une censure inimaginable des textes officiels qui interdit purement et simplement l’usage de certains mots (ils seraient plus d’une centaine) du style : antiracisme, racisme, altruisme, préjugés, DEI (diversité, équité et inclusion), diversité, divers, biais de confirmation, équité, égalitarisme, féminisme, genre, identité de genre, inclusion, inclusif, inclusivité, injustice, intersectionnalité, privilège, identité raciale, sexualité, stéréotypes, transgenre, égalité, ALT (alternatif), changement climatique, climat, émissions de gaz à effet de serre, justice environnementale, privilège, biais, femme, préjugé, justice environnementale, accessibilité, etc.

Quelques autodafés de bouquins « déviants » complètent le délire.

Manque plus que les retraites aux flambeaux dans la nuit de Washington des SA du moment (Proudboys et cie) avec torches et bannières (et pourquoi pas au nom de la « liberté ») pour revenir 90 ans en arrière…

L’histoire de l’humanité fait alterner périodes de félicité et cauchemars. Bon, là, pas de doute : on est dans la seconde !


lundi 10 février 2025

Ce matin au kiosque 93 : Jean sans Peur, l’IA, sexe et grattage

Revenons à des fondamentaux, comme on dit en rugby.

Info météo : temps humide qui serait propice à une belle récolte de champignons si un rayon de soleil et quelques degrés supplémentaires voulaient bien honorer notre territoire de leur présence.

Casting : (par ordre d’arrivée à l’écran) JM, Christiane, Gilles, Sophie et Paul, Robert, Genevieve, René, et le Marseillais (avec la participation du…).

1er débat : IA or not IA, that is the question.

Christiane lance (avec courage) le débat. Les avis sont partagés, vous pouvez l’imaginer. Au passage, j’apprends que Macron et « Delamèche » se sont frittés. Certains applaudissent à la pluie de dollars qui nous parvient comme une manne céleste, d’autres rechignent et osent penser que tout ce fric pourrait servir à autres choses qu’à engraisser des actionnaires, aller encore plus vite (vers où ? Pourquoi ? Et pour quoi ?) et appauvrir la biosphère (j’en suis).


2eme débat : René qui est arrivé avec des petits yeux a-t-il fait l’amour toute la nuit ?

Débat rapidement clos, René noyant le poisson dans la piscine de Courbevoie dont il nous apprend qu’elle est à l’arrêt. Gilles est surpris, voire révolté, que les douches hommes et femmes soient distinctes. René ajoute encore à la rigueur de ce règlement en précisant qu’il est interdit de chahuter, que le slip et le bonnet sont obligatoires, qu’il y a des lignes d’eau réservées pour chaque nage, etc. Gilles déplore que le string soit prohibé. Peut-être serait-il possible de mettre ce sujet à l’ordre du jour d’une prochaine niche parlementaire (avant de le soumettre à un référendum populaire).

Robert nous a apporté des croissants bien que les croissants soient périssables (vous ne voyez pas le rapport ?).


3eme débat : les vieux retraités sont-ils tous des emmerdeurs ?

C’est la position de Gilles qui vient de vivre l’expérience banale d’une petite vieille qui a « crassussé » à la pharmacie. (Pour ceux qui ignoreraient ce que « crassusser » signifie, il s’agit d’un terme de l’argot militaire qui veut dire tricher ou passer devant dans une file d’attente). On réconforte Gilles qui, après un accès de colère risque l’AVC ou la dépression, en lui disant que la vieille dame l’a pris pour un jeune homme et s’est sentie légitime de lui dire, après qu’il lui ait fait remarquer qu’elle crassussait, « mais vous ne voyez pas que je suis âgée ! », tout en lui filant un coup de canne dans les roustons (là, je brode, mais vous ne pouvez pas reprocher à un romancier…).


4eme débat : sujet relatif au grattage par le Marseillais.

Le Marseillais est un gratteur compulsif. Il gratte les tickets de la FDJ qu’il achète au bar d’en face. Ce matin, il n’a perdu que 2€. Mais un jour, il nous a confié que la chance lui sourirait. Vous me conjuguerez le verbe gratter au futur, au conditionnel et au subjonctif. Que je gratasse. En attendant, Le Marseillais nous permet de payer moins d’impôts. On ne souligne jamais assez l’esprit de solidarité des gratteurs de la FDJ.


JM, j’allais oublier JM ! Rassurez-vous : il a parfaitement digéré son œuf mayo, ses côtelettes d’agneau-frites et sa crème brûlée, de samedi midi au Rallye et le tout à 20€ (mais je l’ai déjà dit). Francois-Regis Gaudry, si tu nous lis…

JM me redonne le livre « Moins! » de Kohei Saito, que j’avais prêté à la « petite grande Dame de Bécon ». 


Hier, je suis allé au 20, rue Étienne Marcel. Vous ignorez probablement ce que je suis allé faire à cette adresse. Peut-être même que vous en avez rien à cirer. Eh bien, je vais vous le dire quand même : rendre visite aux fantômes de Jean sans Peur, de Charles VI (vous vous souvenez ? le Bal des ardents en 1393 au cours duquel le roi et un certain nombre de dignitaires déguisés en homme des bois se sont cramés avec la torche du duc d’Orleans) et d’autres prétendants au royaume, lesquels se faisaient régulièrement trucidés. A cette adresse, se dresse (aïe !) les restes (re-aïe) d’une demeure seigneuriale : une tour médiévale, la Tour Jean sans Peur, dont les 5 ou 6 étages sont desservis par un escalier en colimaçon et en pierre. Chaque étage dispose d’un espace latrines. Au passage, vous observerez les marques des compagnons-tailleurs gravées dans la pierre et un plafond sculpté présentant trois arbres et leurs ramifications enlacées  figurant les symboles de trois familles royales (pour plus de détails, voyez Le Chat, l’app française d’IA).


Pour revenir à mon écoute des habitués de ce matin, à part qu’il fallait bien se nettoyer les parties génitales avant et après un acte sexuel, je n’ai vraiment rien appris de bien interessant. Et encore ça, je le savais déjà !


Si, une chose pour finir : il y a un client chevelu et barbu et sourd qui a hurlé dans le kiosque que « merde, c’était le bordel ! », car sa carte bancaire refusait de marcher (la plupart des personnes présentes ont pensé, inconsciemment ou non, que ça devait être de la faute d’Anne Hidalgo).

Ce matin au kiosque 92 : Kessel, Couteraux, Mouchot et le Rallye

 « … cette haute steppe (…) était pour lui, (…), une grande feuille de sagesse à la surface de laquelle les plus faibles replis du sol traçaient les signes d'un alphabet éternel. »

Quelle phrase sublime ! Une, parmi des dizaines (peut-être des centaines) que renferme « Les cavaliers », le roman de Kessel publié il y a plus d’un demi siècle (1967), qui fait paraître bien pâles certains de nos romans actuels pourtant portés au pinacle des temples littéraires…

Je vous parle de ce livre, car je suis en plein dedans et que c’est un indicible bonheur que j’aimerais pouvoir faire partager à mes contemporains (tout du moins ceux qui se sont éloignés de la lecture ou n’y ont jamais été sensibles).

Et puis, évoquer un livre dans une chronique générée par un lieu où il est possible d’en acquérir ne devrait pas paraître si incongru ; n’en déplaise aux esprits chagrins qui préfèreraient retrouver la ritournelle de la météo et du casting de cet épisode.

Et puisqu’il s’agit d’une chronique un peu rebelle, deux mots d’un personnage qui aurait été surpris de se savoir figurer, à deux siècles de distance, dans pareil exercice d’écriture : François Couteraux (1740-1830). Ce lyonnais d’origine, maître-maçon, inventeur, architecte autoproclamé, écrivain et lobbyiste avant l’heure, appartient à la foule des précurseurs géniaux versés dans les oubliettes de l’histoire, comme Augustin Mouchot (1825-1912), inventeur du four solaire dont l’invention fut torpillé par des défenseurs des énergies fossiles. 

Couteraux n’eut de cesse dans la seconde partie de sa vie (une reconversion) que de vanter, par l’exemple et la théorie, les vertus de la construction en pisé. Nos aïeux étaient sans doute moins sots que nous qui n’avons jurés tout au long du XXe siècle (et encore maintenant, mais dans une moindre mesure) que par le béton et l’acier : des milliers de bâtiments de toute nature furent édifiés en pisé un peu partout dans le monde. La guerre de 14-18 qui décima la plus grande partie des ouvriers-piseurs réquisitionnés pour étayer le front de 800 km de tranchées, le développement des infrastructures routières et du marché du ciment, eurent raison de cette technique constructive à laquelle l’urgence d’une sobriété énergétique dans l’industrie de la construction devrait redonner des lettres de noblesse, au terme d’une amnésie de près d’un siècle.

Cette chronique, dont le lecteur fidèle aura relevé la fantaisie, ne peut oublier de mentionner la pierre blanche qui marquât ce samedi 8 février, puisque le conclave se fit, partiellement, hors les murs, au restaurant « Le Rallye », où quelques unes des célébrités de la confrérie des habitués se régalèrent d’un déjeuner à l’addition modeste (20€, entrée, plat et dessert). Je ne me joignis à la troupe que pour le café, insensible aux railleries qui voudraient prétendre que seuls les restaurants étoilés ont mes faveurs.

jeudi 6 février 2025

Ce matin au kiosque 91 : Ubu toujours, Nostalgie et 403

Si les gueux ne sont pas de retour, le froid auquel on les associe est bien là. Et pourtant, je vais rester une bonne 1/2 heure à l’affronter à la terrasse du kiosque tant ce qui s’est échangé ce matin fut passionnant. Mais avant d’affronter l’air mordant du dehors, un détour par le nid douillet de JM. 

C’est peu de dire que nous sommes consternés, sidérés, affligés, dépités, (les mots me manquent), pour qualifier notre état d’esprit : chaque jour amène son lot de conneries tragiques en provenance du couple Ubu-Musk. Dernier en date : prendre possession de la bande de Gaza, déporter les Gazaouis au diable (crime de guerre en passant), bétonner façon Riviera pour que les jeunes israéliens viennent, dans 5, 10 ou 15 ans, faire la fête parmi les fantômes palestiniens tués sous les bombes de Tsahal. « Tout le monde adore mon idée ! » proclame le Père Ubu. Musk n’est pas en reste : sans mandat légitime et épaulé par de jeunes supplétifs, il « dégraisse le mammouth » avec une rage inédite. On pensait que les USA, avec leur constitution, étaient à l’abri de ce genre de dérive. Preuve en est qu’il n’en est rien !

Faut-il espérer une révolte de la moitié des américains qui ont voté Kamala Harris ? A tout prendre, on préfèrerait que si chaos il devait y avoir, il reste « America first » (et only). L’Amérique, laboratoire de l’Europe ?

Par bonheur, nous avons eu droit à un voyage du côté des années 60 avec l’usine Solex, sa piste d’entraînement et le cynodrome, du côté du stade actuel ; l’évocation d’une grande demeure aristocratique qui était édifiée entre le boulevard de la Paix et la rue Armand Sylvestre, et dont la seule silhouette faisait trembler Gilles le Biker enfant ; les compétions de moto-ball (une sorte de foot avec des motos et un très gros ballon) ; les bidonvilles qui débutaient juste apres Charras pour s’étendre jusqu’à Nanterre : une vraie ville de ferrailleurs, chiffonniers, ouvriers travaillant dans les usines et les ateliers de mécanique des alentours, jusqu’à Levallois ; les échoppes et ateliers qui peuplaient l’Ile de la Jatte ; le surveillant général du lycée Paul Lapie, un homme sévère mais juste qui reçu, pour son départ en retraite, une 403 tellement il était au final populaire et apprécié, et qui serait surpris s’il savait que l’on parle de lui ici (tout comme le maire de Freudenstadt dans la Forêt Noire - ville thermale de villégiature jumelée avec Courbevoie - qui accueillit l’un de nos habitués alors âgé de 16 ans pour un stage de jardinier et quelques échappées au casino ; les blouses bleues pour les garçons et roses pour les filles ; etc. Quelle moisson ! Mais fichtre que ça caillait !

lundi 3 février 2025

Ce matin au kiosque 90 : L’affaire Bramard, Le sous-sol de La Défense, Le Parc de St Cloud et St Pie X

Voilà l’une des vertus du magasin de presse de la gare de Bécon les Bruyères : vous faire découvrir un polar, plutôt bien bâti, tant sur le plan du style que du scénario. 
« L’affaire Bramard » de Davide Longo, auteur italien de 54 ans, dispose d’un a priori positif supplémentaire (pour moi) : il intègre dans l’énigme la magnifique chanson de Cohen « Story of Isaac ».

Le personnage principal, Corso, est un ancien plus jeune commissaire d’Italie et, présentement, professeur d’histoire et d’italien (ça ne s’invente pas !). Il ne boit pas, ne fume pas, ne saute pas sur toutes les jolies femmes et porte des vieilles sandales en cuir sur des chaussettes. C’est un taiseux, bien sûr. Sa femme a été sauvagement assassinee par un tueur en série dénommé « Automnal », et, simultanément, sa fille a disparue ; il y a de cela 20 ans. A partir de là, il est parti en vrille d’où sa démission de la police et son intégration dans l’enseignement (d’aucuns pourraient y voir une chute de Charybde en Scylla). Et puis voilà qu’il se met à recevoir des lettres provenant de différents endroits de la planète, chacune contenant un fragment de la chanson de Cohen. Mais dans la dernière, l’expéditeur a commis une erreur…

J’ai retenu 2 belles phrases (mais il y en a des dizaines) : 

« La voix de Brassens tressait dans une chanson gaie les lambeaux d’un amour bien triste », et : « Le bâtiment, qui devait avoir été convenable autrefois, à voir ses vestiges, avait capitulé devant les mauvaises habitudes. La boîte de dératisation à un mètre de ses sandales résumait tout le processus. »

Quoi vous dire de plus ? Ce matin les quelques « habitués » présents se doraient la pullule sous les caresses insistantes d’un soleil d’une générosité douteuse pour un 3 février. Peut-être faudrait-il approvisionner des chaises longues ?

« Caramba, encore raté ! » JM m’a dit d’un air triomphant que j’avais encore raté samedi sa copine… Sa copine, c’est Julie D. qui est venue faire un coucou à son libraire préféré. Si elle veut figurer dans l’intertitre de cette œuvre d’anthologie, il va falloir qu’elle se dépêche (à me rencontrer), car la 100eme et ultime chronique pointe le bout de son nez !

Je suis resté en tout et pour tout une dizaine de minutes à profiter de la compagnie de mes amis, mais ils ont eu le temps de m’alerter sur le sous-sol de La Défense (un vrai gruyère), m’interroger sur le pourquoi que dans ces conditions les tours ne s’effondrent pas, s’interroger encore sur le pourquoi qu’on en construisait encore vu que la plupart sont vides ; évoquer les dangers et l’ineptie des pistes cyclables, les taxes qu’Ubu-Trump va nous balancer et la contre-attaque qu’on va lui renvoyer dans les dents (il nous taxe, on le taxe… mais attention père Ubu : trop de taxes tue la taxe, c’est bien connu).

Cet après-midi, nous avons parcouru les allées du bois de Saint-Cloud qui ne sont qu’à 1/4 d’heure de la gare de Bécon (le centre du monde ! Mais je l’ai déjà dit). 10,4 km ! Magnifique. Depuis la terrasse de la Balustrade, nous avons admirer Paris, la plus belle ville du monde, malgré le voile de pollution qui donnait à cette belle carte postale un sfumato inquiétant.

Nous avons découvert la sortie d’une école privée, l’Institution St Pie X : religieuses en drapé blanc et voile noir (des dominicaines) et jeunes filles en jupe grise et veste bleue marine. Un article du Monde m’a renseigné sur cette officine du communautarisme catho-tradi de l’ouest parisien qui a biberonné plus d’une militante d’extrême-droite… Que j’aimerais pouvoir assister à quelques cours ! Ça me remettrait peut-être dans le droit chemin… 

samedi 1 février 2025

Ce matin au kiosque - 89 : Royal Enfield, L’or de Moscou et le sexe des anges

Me voilà de retour à Bécon après une cure d’iode océanique d’une dizaine de jours.

Le temps est incertain, cultivant le doute, ne sachant s’il faut ou non accompagner un petit quatre degrés Celsius d’une pluie assassine, de celle qui vous humidifie jusqu’aux os.

Avec JM nous n’avons pu que constater les dégâts : non pas des tempêtes successives qui semblent prendre plaisir à se promener au-dessus de nos têtes ces temps derniers (Herminia depuis l’Irlande et Ivo depuis le Portugal) et qui auraient endommagé le kiosque, non, dans une vision plus « meta » des choses : Père Ubu-Trump qui poursuit ses trumpitudes, Musk, le libertarien fou, qui ne cesse de déclarer sa flamme aux neo-nazis et Micron qui tente d’exister en continuant à donner des leçons mais plus personne ne l’écoute.

Où va le monde ? « Ne me parlez pas d’intelligence artificielle ou je vous fous mon poing sur la gueule », aurait chanté le grand Georges. A ce propos, il ne vous manque pas les Brassens, Ferré, Desproges, Reiser et consorts ? Eux-seuls pourraient encore nous donner à espérer de la nature humaine.

J’ai récupéré un polar dont JM m’avait gentiment transmis par sms la photo de la 4eme de couverture : l’histoire d’un type qui se fait harceler par un gusse (serial killer forcément) qui le menace en lui envoyant des messages qui sont des extraits de poèmes de Leonard Cohen. Je vous en reparlerai. J’ai hâte de finir l’autre polar de Dolorès Redondo (la Fred Vargas espagnole), « De  chair et d’os », le second tome de la trilogie du Batzan qui fait la part belle aux figures mythologiques du pays basque espagnol (Basajauna, Tartalo et autres mairus), mais aussi aux cagots, cette population ostracisée qui vivait, jusqu’au XIXème siècle, en marge des villages, devait porter sur leurs vêtements une marque distinctive (comme les juifs sous le régime nazi), ne pouvait pratiquer que certains métiers, n’avait accès à l’église que par une porte réservée et de multiples autres discriminations. Leur origine reste controversée. D’aucuns prétendent qu’ils descendraient des Wisigoths, d’autres des maures après 732, d’autres des lépreux ou des pestiférés, … bref, de parfait bouc-émissaires (toute société, de tout temps n’a-t-elle pas eu besoin de se fabriquer des bouc-émissaires : figures parfaites pour offrir une cause aux malheurs qui accable sa population ou pour renforcer son socle communautaire ? )

En attendant, ne cherchez pas qui sont les responsables de vos désagréments et faites comme Ubu-Trump : c’est la faute à Obama et à Biden ; des woke de la pire espèce. Si vous voulez franciser votre démarche n’hésitez pas à évoquer Anne Hidalgo !

Alors : on a parlé de quoi avec les « habitués » ? De la Royal Enfield de Gilles qui se sent à nouveau des ailes de biker ; des dernières séries que « Claude, il faut que tu vois » ; du Riva, le plus class des bateaux après avoir dérivé (c’est le cas de le dire) sur les marins du Vendee-Globe déroutés sur La Rochelle compte-tenu des conditions météo qui ne permettaient pas une entrée sécurisée dans le chenal de la Baie de Quiberon ; du dérèglement climatique (mais si, mais si !) ; de la collision entre un avion de ligne et un hélicoptère militaire au-dessus du fleuve Potomac (la faute à qui ?) … Bref, et j’en oublie : une revue de presse parfaite.

Vous ai-je parlé de l’affaire de « L’or de Moscou » ? Je ne vais pas vous accabler avec cet épisode tragico-rocambolesque de la Guerre d’Espagne ou pas moins de 500 tonnes d’or, soit les 3/4 des réserves de la Banque d’Espagne, se sont retrouvées à Moscou. En 2 ans, elles seront englouties par Staline dans des livraisons d’armes d’un montant bien inférieur et dans des frais divers (Le « petit père des peuples » n’était pas vraiment un philanthrope). Le transfert à été opéré dans le plus grand secret (théorique), mais pour être certain de limiter les fuites, la plupart des protagonistes furent exécutés. On discutait pas à cette époque du sexe des anges dans un hémicycle à moitié vide ! 

En conclusion : c’était bien mieux avant !

mercredi 29 janvier 2025

Yes we can ? 9 : le coût de la pollution due aux particules fines et au NO2

Une récente enquête menée par Sante Publique France révèle que les niveaux de particules fines et de NO2 sont sensiblement supérieures de 2 fois à ce qui est « recommandé » par l’OMS.

On n’est pas surpris d’apprendre que ce sont les populations vivant en milieu urbain et les plus défavorisées qui sont les plus affectées par ces niveaux élevés.

L’étude a par ailleurs estimée le surcoût dû à la prise en charges des maladies liées à cette pollution ; il est exorbitant : 16 milliards d’€ par an, dont 13 milliards pour les particules fines (majoritairement dues au chauffage au bois, mais aussi au transport routier).


Quoi faire prioritairement ?

  • prohiber les cheminées ouvertes
  • Réduire ses déplacements en voiture (une baisse de 36% d’ici à 2030 permettrait de réduire de 2/3 la mortalité due aux particules fines)

Et peut-être :

  • Réduire la part du transport des marchandises effectuée par la route et reprendre le ferroutage ?
  • Réduire notre consommation et les commandes par internet afin de limiter les émissions de PF et de NO2 ?

vendredi 24 janvier 2025

Yes We can ? 8 : des causes du désintérêt pour l’écologie malgré les preuves tragiques du dérèglement climatique

C’est un post que j’aurais mis sur Facebook si je n’avais pas pris la décision, le 19 ou le 20 janvier dernier de mettre mon compte en veille pour ne pas cautionner la politique de Zuckerberg et son allégeance à Elon Trump (lapsus volontaire).

Hier, au « Matins de France Culture », Guillaume Erner avait invité Jean Jouzel, climatologue, ex-vice-président du GIEC et Hélène Soubelet, la DG de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (dont des bureaux ont été vandalisés récemment). La question était celle du titre de ce post.

Hélène Soubelet a rappelé les 3 causes identifiées par un rapport de l’IBPES (la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services Ecosystémiques) :

  • la déconnexion de l’homme et de la nature
  • La concentration du pouvoir et de la richesse
  • La priorisation du politique à court terme

J’ajouterais :

  • la montée de l’individualisme qui tend à se centrer sur une sphère d’intérêt réduite
  • Une résignation compte tenu des rapports de force (rejoint le point 2 de l’IBPES) et du fait que ceux qui devraient montrer l’exemple ne le font pas
  • La défiance vis à vis de la science et en conséquence la montée du climatoscepticisme
  • Un contexte mondial d’incertitudes voire de chaos qui n’invite pas à réfléchir et agir pour une cause perçue comme susceptible de nuire à notre zone de confort
  • La croyance dans le technosolutionnisme
  • Le « positivisme- fataliste » : l’humanité s’en est toujours sortie et, de tous temps, la tragédie a fait partie de notre monde et on n’y peut pas grand chose
  • La minimisation des conséquences de nos modes de vie
  • La soumission au « business as Usual » et l’illusion qu’on fait de grands progrès dans la sobriété
  • La perception de l’écologie comme un mouvement foutrac d’illuminés 

samedi 18 janvier 2025

Ce matin au kiosque 88 : Le regard de Poutine, vols en bande organisée, Bois de Boulogne et robustesse

 

L’adjectif dont je qualifierait le fond de l’air ce matin est assez comparable au regard de Vladimir Poutine quand il menace les occidentaux des pires représailles - et notamment du recours à l’arme nucléaire -, si nous continuons à soutenir ces nazis d’Ukrainiens : glacial…

Les invités du jour sont : Jacqueline, Tana Umaga et son épouse, Gilles le Biker et les Tuq. 

Il ne sera pas dit qu’il n’y aura pas, couchée dans cette œuvre d’anthologie, une blague belge. On la doit au Père Tuq. C’est l’histoire de 4 belges qui vont en voiture au Bois de Boulogne et pas forcément pour ramasser des champignons (mais alors, involontairement). La voiture s’arrête, le conducteur baisse sa vitre (mouvement de manivelle des mains afin de préciser que les vitres ne sont pas électriques). Une personne qui ne ressemble que de très loin à un champignon s’approche et le conducteur lui demande : c’est combien ? La « dame » lui répond : 100 par devant et 200 par derrière. Et c’est alors que les 2 passagers de la banquette arrière s’insurgent : et pourquoi 200 pour nous ?

Sophie et Tana Umaga sont allés voir « En Fanfare ». Sophie a beaucoup aimé ; Tana moins. Qu’en dire de plus ?

Nous revenons sur une évocation d’hier de nos écarts de jeunesse. Je m’aperçois que je n’étais pas le seul à piquer dans les boutiques, mais quand même : je dois avouer qu’à l’occasion d’un voyage culturel en Scandinavie dont l’un des objectifs majeurs étaient de découvrir les petites suédoises (une étude ethnologique en quelque sorte), mes copains et moi nous nous sommes retrouvés rapidement à cours d’argent. J’ignore comment nous n’avons pas été chopés par les flics car nous ressortions régulièrement des magasins d’alimentation, les sous-vêtements et les poches intérieures de nos manteaux remplis de denrées et, qui plus est, plutôt haut de gamme : pinces de crabe, saumon fumé, et tout ce qui convenait pour les accompagner avec dignité.

Je découvre aujourd’hui que de nombreux habitués demeurent de l’autre côté de la voie ferrée, aux confins de Bécon, Asnieres et Bois-Colombes. Ce kiosque attire tel un aimant toute une société qui aime à se retrouver pour siroter un petit café, voire deux, échanger sur la pluie et le beau temps, la marche du monde, les projets des uns et des autres, distiller quelques blagues graveleuses, rire, s’offusquer, se moquer (des politiques), admirer, goûter aux délices du temps présent sans en oublier les turpitudes, s’épancher, s’inquiéter (d’un absent, d’un malade), se confier, évoquer, se souvenir, se cailler (en hiver), etc.

J’ai visionné un long interview d’un chercheur en biologie des plantes dont le travail porte sur le concept de robustesse des végétaux et comment s’en inspirer pour concevoir notre capacité à évoluer dans un monde futur fluctuant. Vous pensez peut-être que je m’éloigne de l’esprit de cette chronique. Eh bien, pas du tout ! Pour habiter le monde de demain, ce brillant chercheur nous encourage à tisser des liens, à privilégier la mise en « commun », à échanger dans le contradictoire, à prendre les chemins de traverse, bref, à faire ce que nous faisons quotidiennement à l’intérieur et sur le parvis du kiosque de la gare de Bécon les Bruyères, sous le regard complice de notre passeur préféré.

vendredi 17 janvier 2025

Ce matin au kiosque 87 : général Rouyer, « En Fanfare » et Tana chez les paras,

Très petit cénacle ce matin : Amélie, Tana Umaga, Gilles le Biker, Genevieve et Christiane d’Anatolie.

Genevieve nous informe que ce n’est pas toujours facile de manœuvrer un pilulier. Je suis obligé de la croire sachant que, par bonheur, son usage ne m’est pas encore imposé. Nous sommes revenus sur l’échange que Gilles a eu avec son infirmière et ce que j’ai considéré comme un compliment quand elle a fait état de sa carrure (Tana l’a interprété comme une avance). Genevieve intervient dans le débat avec pertinence : vous n’avez quand même pas la silhouette d’un danseur mondain, lui dit-elle, s’adressant à Gilles. J’ai compris « danseur exotique » ; vous savez : tablette de chocolat, pectoraux glabres et musclés d’adonis, jeux de hanches sexuels et sourire figé laissant imaginé que le type est satisfait de se produire en string devant un parterre de touristes blasés. 

Pourquoi en sommes-nous venus à évoquer Ferrat, Aznavour, Trenet et Brassens avec un brin de nostalgie ? Si, voilà : Genevieve (encore !) qui nous demande si on a vu « En fanfare ». Je m’aperçois avec stupeur que Genevieve ne lit pas mes chroniques : mauvais point !

Bref, oui, j’ai vu « En fanfare » et j’ai même chialé durant une bonne partie du film ; mais, ça, pour des raisons très personnelles. Le final est formidable avec cette fanfare qui joue… mais non, je me suis gouré : j’ai confondu avec la scène splendide d’ « Emilia Perez » quand une autre fanfare reprend « Les Passantes » de Brassens. Dans « En Fanfare », c’est « Le Boléro » de Ravel, interprété a capella ; magnifique aussi.

Tana nous a parlé de son service militaire chez les paras à Pau. Il faisait partie de la musique du régiment. Un adjudant (probablement) lui ayant demandé s’il savait jouer d’un instrument, il lui avait répondu qu’il avait une dizaine d’années d’accordéon ; le juteux lui avait dit : c’est bon, donc tu vas aller jouer du cor ! Et c’est ainsi que Tana a joué du cor (pas « du corps », encore que…) en défilant au pas sur la Promenade des Pyrénées et sous le regard d’une Lolita qui cherchait à l’évidence à perturber cette troupe de testosteronés, en apparaissant « oualpée » à un balcon.

C’est à l’intérieur du kiosque que j’ai revu Christine. Elle m’a rappelé le nom de son aïeul général de Napoleon dont le nom est gravé sur le pilier nord de l’Arc de Triomphe : Rouyer, Marie François. Il y en a une petite tartine dans Wikipedia sur cet homme qui a passé 40 ans de sa vie à guerroyer un peu partout en Europe, de la Turquie à l’Espagne, en passant par la Belgique et l’Autriche, et sans le Guide du Routard ! Ce que ne dit pas Wikipedia, mais que Christine m’a révélé sous le sceau du secret, c’est que l’homme n’était pas seulement un hyper-actif sur les champs de bataille, mais aussi sous l’édredon ! Sa progéniture aurait dit-on fait pâlir d’angoisse Malthus (1766-1834). Et enfin, ce qu’ignore encore Wikipedia, c’est qu’il est enterré au château sinistre de Couvonges à Harchechamp dans les Vosges. Longtemps le bruit a couru que sa tombe était au Père Lachaise et que, compte-tenu de sa fertilité, de jeunes femmes en mal de maternité s’adonnaient frénétiquement à des exercices manuels sur une excroissance de son gisant ; mais tout ceci (le gisant, l’excroissance) n’est que pure légende et fut démenti par une commission d’enquête sollicitée par les amis du journaliste Yvan Salmon, dit Victor Noir (1848-1870).

Il faut ajouter qu’on a longtemps cru qu’une dénommée Malcy Anne Jeanne était sa fille, alors qu’il n’en était rien, mais qu’il s’agissait d’une drolesse qu’il avait adoptée, laquelle finit par faire un beau mariage avec un pair de France (j’évite la plaisanterie graveleuse), héritier de la famille Clary dont l’arbre généalogique s’enorgueillit de deux reines, une d’Espagne et une de Suède et Norvège, ainsi que d’une tripotée de députés et sénateurs. 

jeudi 16 janvier 2025

Ce matin au kiosque 86 : Echenoz, MBS, Volupté de la piqure et casquette ombragee

Gris, gris, gris. Pas vraiment un « beau matin soulignant le contour des choses », comme a pu l’écrire Virginia Woolf.

J’ai fini tard dans la nuit le dernier Echenoz, « Bristol », et mon avis est que l’auteur de « L’équipée malaise » n’a pas, dans ce dernier opus, forcé son talent… Peut-être retiendrai-je de ma lecture le passage plutôt loufoque (mais qui aurait pu être à se tordre de rire) du héros du nanar que Bristol tourne au Botswana et qui, parachuté d’un hélicoptère (?), atterrit sur le dos d’un éléphant que la toile de son parachute aveugle et rend furieux, si bien que ledit héros se prend les pieds dans les suspentes, hurle de peur et finit par se démettre une rotule. Peut-être, cette actrice de seconde zone nymphomane mais qu’un Frederic Dard aurait fait grimper aux rideaux avec davantage de jubilation ? Les personnages sont tellement improbables (le général africain des forces rebelles, la jeune Céline Oppen, Genevieve la maîtresse de Bristol, …) qu’on finit par ne pas y croire du tout. On passe un moment de lecture, c’est tout. « Peut mieux faire », voilà l’appréciation pour l’élève Echenoz.

Bon, les amis, on n’est pas là pour parler de mes états d’âme littéraires.

Isabelle, la compagne de JM, a apprécié que je précise dans la chronique précédente que ce n’était pas des salopards de collabos dont elle était folle, mais de la saga Sadorski. Ouf !

Quand je viens boire mon café sur la terrasse, il n’y a qu’un comité restreint : Tana Umaga et son épouse Sophie, le Biker et bientôt Genevieve qui nous a apporté une boîte de délicieux chocolats en provenance du nouveau chocolatier de Bécon : la Chocolaterie, un breton qui concocte d’excellents produits. Genevieve  toujours, nous fait 2 confidences, de ces confidences dont elle a le secret : elle n’écrit plus que sur une feuille comportant des lignes car elle avait constaté que ses phrases s’envolaient ; elle ne parvient plus à fermer les boutons pressoirs de ses manteaux. Aucun d’entre nous paraît pouvoir suggérer à Genevieve une thérapie à la hauteur des dysfonctionnements cognitifs majeurs qu’elle connaît. 

Tana enchaine sur la beauté de la France. Notre jury est unanime : elle est belle la France (et non : « Ah, ouais… elle est belle la France ! » comme quand un gugusse bien facho sur les bords maugrée contre la politique laxiste du gouvernement). La magie de l’intonation !

Le dieppois nous a rejoint, armé pacifiquement de son éternel sourire. Si j’ai bien compris, son épouse travaille chez un grand couturier (Dior?) dont une partie du business est au Proche-Orient, auprès des monarchies pétrolières. Son déplacement actuel serait en rapport avec la nouvelle épouse de MBS (tient, c’est drôle que ce découpeur d’opposants en tranches figure dans cette chronique !). Sur le nombre de ses femmes, le flou subsiste : MBS a affirmé qu’il n’en avait qu’une, mais le Journal du Québec écrit qu’il a aussi 3 concubines, quand d’autres médias lui en attribuent un cheptel de plusieurs dizaines. C’est étonnant ce pays on l’on est forcé de vivre dans une sorte d’anachronisme permanent.

Gilles le Biker s’est éclipsé quelques minutes pour se faire piquer. Il revient en nous disant que ces infirmières, elles doivent en voir des vertes et des pas mûres car la sienne lui a dit, avant de le piquer : vous ne craignez pas les piqûres ? Non, a-t-il répondu, en rigolant. Et l’infirmière de lui répondre : ah bon, parce qu’avec votre carrure, j’aimerais pas que vous vous fâchiez !

Vous auriez vu notre biker : tout fier (comme un bar tabac) de sa carrure ! Mon avis qu’il va retourner se faire piquer avec plaisir…

Robert, toujours d’une élégance d’hobereau, s’installe les bras surchargés de sac-cabas et encombré de sa béquille.

Bernard l’a précédé d’une petite longueur, coiffé de son éternelle casquette noire dotée d’une visière tellement longue que je m’interroge sur un défaut possible de confection. Du visage de Bernard, s’il n’enlève pas un jour sa casquette, je ne connaîtrais que le bas de son nez et sa bouche ; le reste est plongé dans une obscurité totale : la camera obscura ? Nous voit-il en silhouette inversée ? Croyez-vous qu’il se vexera si je l’interroge à ce sujet ?

C’est ainsi que les hommes vivent (avec ou sans casquette).

mercredi 15 janvier 2025

Ce matin au kiosque 85 : Les ventes explosent, le brumisateur et le hareng dieppois,

Il y a comme ça, dans la vie des séries, des mauvaises, comme des bonnes. Un avion se crashe quelque part dans le monde et rapidement 2 ou 3 autres l’imitent. Ça c’est les mauvaises. Les bonnes, c’est comme la vente, coup sur coup, d'un « Apprentissage » hier et d'un « Abuelo » ce matin. Ce n'est pas que je sois en attente urgente de rentrées d'argent, mais ça fait toujours plaisir à un auteur de voir sa production partir vers d'autres horizons. Que vont d'ailleurs devenir ces ouvrages ? Imaginons que leurs acquéreurs du moment les conservent un temps soit peu ; disons une vingtaine d'années. Qu'en feront les générations suivantes ? Finiront-ils dans un vide-grenier ? Oubliés sur une étagère de bibliothèque ? Resteront-ils en France ou bien s'envoleront-ils à l'autre bout du monde ? Dans un casier des bouquinistes des quais de Seine ? Au pilon ? Et si l'un d'entre eux accompagnait son propriétaire dans son cercueil ? On peut imaginer qu'au fond d'un bunker, après une apocalypse nucléaire ou une épidémie qui liquidera 80% de l'humanité, un homme ou une femme rescapé s'en emparera et lira à voix haute quelques extraits avant de se tirer une balle dans la tête. Et si la dernière volonté d'un criminel de la pire espèce était, avant d'être exécuté, de se plonger dans... Bon, on arrête de délirer. Tout ça parce que ce jour doit être marqué à nouveau d'une croix blanche.

Robert est le nouvel acquéreur d'un Abuelo. Robert, qui ne cesse de me proclamer très grand écrivain, n'a jamais rien lu de moi. Je mets son engouement sous le compte d'une extraordinaire force d'intuition ; "la forme la plus élevée de l'esprit", disait le grand ingénieur-architecte italien Luigi Nervi.

J'ai omis de préciser que ce matin Bécon est enveloppé dans une bruine façon brumisateur. J'ose cette comparaison par expérience : celle de 3 accouchements. Il y a quelque chose de breton dans l'ambiance béconnaise. Je ne serais pas surpris de voir les habitués danser sur le parvis au son du biniou.

Et aujourd’hui, le casting est le suivant : les Tuc (Madame m’offre et me sert un café), Paul (Tana Umaga) toujours frigorifié et Sophie son épouse (toujours attentionnée), Gilles le Biker, Christiane d'Anatolie, Geneviève, le Dieppois et Amélie.

Je n'avais jamais échangé avec le Dieppois, lequel est un homme charmant, discret, qui m'a appris que les spécialités de Dieppe étaient la coquille St Jacques (surtout ne jamais oublier le q de coquille !) et le hareng ; que ce dernier, le Clupea harengus pour « faire genre », est à l'honneur à l'occasion d'une fête annuelle au cours de laquelle il y a un concours d'avaleurs de harengs (par catégorie : vivant, fumé, à l'huile, mariné ou grillé). Le champion toute catégorie 2024 a avalé 513 harengs en 1H soit 8,55 à la minute, ou un toutes les 7 secondes si vous préférez ! J’ai ouï dire qu’un comité de soutien s'est constitué pour homologuer cette discipline aux prochains jeux olympiques. J'y crois qu'à moitié étant donné que l'amicale des avaleurs d'escargots n'y ait pas parvenu bien qu'elle y travaille depuis une dizaine d'années. (C’est magnifique l’écriture romanesque : on peut écrire n’importe quoi ! Pensez-vous que des lecteurs vont une seule seconde croire à cette histoire de concours d’avaleurs de hareng ? A l’époque des fake-news et de la crédulité, ce n’est pas impossible). 

Amélie m'a fait partager son envie d'écrire et même de devenir éditrice. Si je l'encourage sur l'écriture je suis plus modéré pour l'édition. Elle devrait me faire passer quelques récits prochainement.

Tana Umaga et Sophie m'ont à nouveau apporté des livres pour mes petits-enfants. J'ai croisé Sophie ce matin alors que je sortais de chez moi et qu'elle marchait sur le même trottoir en sens inverse, avec Utah en laisse. J'ai pu lui montrer ma modeste chaumine. Il faudra qu'un jour, j'invite tout ce petit monde à une "party". Aux beaux jours et avant que JM n'aille déprimer à la retraite.

Justement, JM : il m’a appris l’existence en kiosque d’un nouveau magazine, Papotin, qui n’était jusqu’à présent que vendu sur internet. Mais le plus incroyable, c’est l’histoire de cette autiste, murée dans le silence, qui ne s’exprime qu’en composant des mots et des phrases avec des lettres qu’elle dispose sur une table face à elle. Cette jeune femme vient d’écrire un roman, comme ça, lettre après lettre. Alors là (je veux dire « du coup »), chapeau et ça m’en fiche un coup (du coup) : moi qui dispose de toutes les facilités matérielles pour écrire et qui ne suis pas fichu d’avancer autrement que comme un escargot dans l’écriture de mon « Victoria o Muerte » ! Misère…

J’ai déjeuné avec un ami qui trouve que notre petite assemblée et le récit que j’en fais sont des choses formidables, dans un monde où les gens ne se parlent plus. Il me conseille sur la présentation de l’ouvrage et en particulier l’illustration photographique. Il pense qu’il faudrait que les personnages qui apparaissent au fil des chroniques soient photographiés de dos, sans que l’on voit leurs visages. Nous avons eu une autre idée : une photo du kiosque au petit matin, à l’ouverture, au début du recueil et la même, le soir, rideau fermé, en fin de bouquin. Et vous, vous en pensez quoi ?

Je lui ai fait une démo de ChatGPT et il a eu la bonne idée de lui poser la question : comment faire pour se protéger contre l’IA ? La réponse instantanée, en 6 points, est assez fascinante. Faites l’essai. Et puis, vous pouvez poursuivre en lui demandant : si je fais tout ça, quelle garantie me donnes-tu ? Réponse : 4 points sur ce qu’elle garantit et 3 sur ce qu’elle ne garantit pas. Je ne devrais pas vous encourager à tester ChatGPT car le danger est que vous n’allez plus cesser de lui poser des questions et qu’il faut savoir qu’il consomme 19 fois plus d’énergie que la même requête sur un moteur de recherche « ordinaire ». 

J’ai confié à JM qu’entre l’IA et le dérèglement climatique, je penchais pour l’IA comme le plus probable extincteur de l’humanité.

C’est ainsi que les hommes vivent. 




Ce matin au kiosque 84 : La Saga Sadorski, Jean Assolant et la bataille de Madagascar, Les gilets jaunes

Un jour à marquer d’une pierre blanche : JM est parvenu à vendre un Apprentissage !  Faut dire que l’on s’y est mis à deux et que si je n’avais pas donné le coup de pouce supplémentaire, un être vivant sur cette terre (bien mal menée, ne croyez-vous pas ?) n’aurait pas connu la félicité de découvrir une poésie dont hélas, seule, une postérité posthume reconnaîtra l'indéniable qualité…
Pour cette pierre blanche,  on va plutôt dire, qu’on s’y est mis à trois, car je ne dois pas oublier le destin, la providence ou tout simplement le hasard ou la coïncidence qui a fait que - appelons-la Christine - et donc, que Christine, soit venue au kiosque au moment même où JM me recommandais un petit livre de la saga Sadorski traitant des salopards de l’occupation et que sa compagne aime beaucoup (la saga, pas les salopards de l’occupation). 

Elle, Christine, venait pour commander un Lautréamont. Roman ? Poésie ? Nos avis se balancèrent un moment comme des jambons dans le clocher de Saint-Flour par jour de grand vent, mais j’interrompis d'autorité nos supputations en interrogeant Christine sur son intérêt pour la poésie. Elle m’avoua, sans que j’eus recours à une pression morale supplémentaire, qu’elle avait toujours aimé la poésie. Elle me précisa même qu’au bac, elle l’avait particulièrement bûchée au détriment du roman et que le destin, la providence ou peut-être le hasard ou une coïncidence (malheureuse) l’a fit tomber sur le roman. C’est à cet instant précis que JM (je rappelle que JM a été désigné dans cette chronique comme étant mon agent littéraire) se saisit opportunément d’un exemplaire de l’opus3 d’Apprentissage, le brandit sous les yeux (ébahis, forcément ébahis, aurait dit Marguerite Duras) de Christine en lui révélant que l’auteur est ici, juste là, que l'on pourrait même le toucher si la bienséance ne l'interdisait (du moins dans l'enceinte de ce kiosque Bolloré). 

« Vous écrivez de la poésie ? », me demande-t-elle ? « Je tente, je bricole, je m’égare, je m’essaie », dis-je, tout en baissant les yeux, vaincu par une timidité maladive. Christine s’est saisi du précieux recueil que mon agent lui a tendu dans un reflexe très professionnel, feuillette quelques pages et me demande tout de go si je lui offre. Toujours accablé par cette timidité chronique, je bafouille un "Ben pourquoi pas, mais, mais…", et puis dans mon for intérieur (assez faible) je dis tout bas : "allez, étant donné que c’est les soldes en ce moment, je veux bien le faire à 10€". Christine me remercie et, pour la remercier de m’avoir remercié, je lui lis d’un air grave et apitoyé la 4ème de couverture ; des extraits absolument magnifiques de quelques poèmes absolument remarquables. 

J’attends bien sûr avec intérêt ses commentaires.

On ne va pas non plus passer la matinée à parler de poésie au risque de vous perdre, cher lecteur, et, heureusement, Christine évoque son goût déjà ancien pour la généalogie. Pour être précis, elle en avait déjà parlé en écoutant JM présenter la saga Sadorski et en nous apprenant que des pilotes français, dont un de ses aïeux, s’étaient fait descendre dans le ciel de Madagascar par des anglais ; son ancêtre et ses camarades ayant pris unilatéralement la décision (peut-être avaient-ils entendu des voix comme Jeanne d’Arc ?) de bouter l’anglais hors du territoire malgache. 

Trêve de balivernes, soyons sérieux et direction Wikipedia qui nous apprend que l’aïeul de Christine s’appelait Jean Assolant, lequel a établi en 1929 la première liaison aérienne française entre les Etats-Unis et la France à bord de l’Oiseau Canari (Christine m'avait évoqué cet exploit). Il a été abattu et tué le 7 mai 1942 aux commandes d’un MD.406 (immatriculé 995) de l'Escadrille de Chasse No 565 par des chasseurs Martlet britanniques du Squadron 881 de Fleet Air Arm ayant décollé du porte-avions HMS Illustrious. Ses deux coéquipiers, le capitaine Léonetti (chef de la patrouille sur le MS.406 no 993) et le lieutenant Laurant (MS.406 no 842), sont également abattus lors de ce combat mais survivent. 

Cet épisode (que j’ignorais) s’inscrit dans ce que l’on appelle la Bataille de Madagascar (5 mai au 8 novembre 1942) qui a vu les troupes britanniques envahirent la colonie française, alors sous l’autorité de Vichy. De Gaulle qui n’a pas été prévenu est furieux. L'histoire ne dit pas quelle était la couleur de son caca, mais violet me semble une hypothèse à ne pas sous-estimer. Les anglais sont victorieux non sans dommages collatéraux (150 tués côté français et 107 côté anglais) et contraignent le gouvernement de Vichy à signer un armistice prévoyant le maintien d’une souveraineté française. Les français des FFL recouvrent la souveraineté de l’île en janvier 43 sous l’autorité du général Paul Legentihomme (dont l’histoire nous dit, qu’effectivement, c’était un gentil garçon).

Je crois me rappeler que Jean Assolant bénéficia de funérailles nationales (la France de Vichy n’était pas ingrate).

Christine nous parle également d’un autre de ses ancêtres, général sous Napoléon, dont le nom est gravé sur les pierres de l’arc de triomphe et non profané (à ce jour) par les gilets jaunes. 

D’aucuns me reprocheront certainement de ne pas poursuivre mon récit et de ne pas leur préciser si ce général fut emporté par un boulet à Waterloo, s’il ne fut qu’écrasé sous son cheval puis dévoré par les corbeaux, ou bien s’il coula des jours délicieux - peut-être borgne et amputé d’une jambe - dans une agréable demeure du Val de Loire (au hasard), en compagnie d'une épouse parfaite et de 25 ans sa cadette.

Mais je sais que l’attention de mes lecteurs (déjà soumise à rude épreuve) serait susceptible de se relâcher à l’évocation des mémoires complètes de ce général, aussi dois-je mettre à regret un terme à cette chronique du jour.

Je n'oublie pas que nous vivons une époque formidable avec l'annexion prochaine du Groenland et du Canada par les USA, le nième bombardement massif de l'Ukraine et la suite des réjouissances à Gaza, le soutien d'Elon Musk à tout ce qui sent cette odeur de moisi du fascisme et la dystopie bien réelle que vivent les habitant d'Anvers - et plus précisément ceux qui sont à proximité de l'ancienne usine chimique 3M - dont les terrains sont totalement pollués au perfluorooctanesulfonique : ils ont même interdiction de souffler sur la terre ! Le kg de terre dans ce coin de la Flandres bat tous les records (caviar et truffe peuvent se rhabiller !) : 10,3 millions d'€ le kg !

C'est ains que les hommes vivent...