Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
lundi 26 octobre 2020
"L'ère du clash" et "La Tyrannie des Bouffons"
Ces deux essais de Christian Salmon permettent de mieux comprendre comment un certain nombre de dirigeants - à commencer par Trump aux Etats-Unis, mais aussi Berlusconi en Italie ou Bolsonaro au Brésil - ont pu accéder (et se maintenir !) au plus hautes fonctions d'un état a priori démocratique tout en apparaissant comme des clowns aux yeux d'une majorité de leur compatriotes et au-delà.
Ces lectures m'amènent à un certain nombre de réflexions.
Le concept de débat : aujourd'hui, le concept de "débat" - au sens où nous avions l'habitude de le concevoir, c'est à dire un échange d'idées et de points de vue, voire une confrontation, dans le respect de la position des différents acteurs -, s'est transformé en invective, en discrédit, en insulte ou même en mensonge assumé.
Défaite de la pensée : elle provient en grande partie, et l'on pourrait dire de façon paradoxale, d'un excès d'informations dont le flux ne cesse d'augmenter tant en quantité qu'en vitesse de propagation. C'est la crue en continu de l'information qui oblige à "zapper" d'un évènement à un autre, à s'interdire tout exercice minimal d'analyse et de critique. Le monde est devenu un gigantesque comptoir du Café du Commerce où chacun y va de son jugement "autorisé", une immense émission de télé-réalité.
L'Albatros de Baudelaire : dans ce contexte, l'humaniste et le vrai démocrate sont comme l'albatros de Baudelaire dont les "ailes de géants l'empêchent de marcher" et qui suscitent les ricaneries de la part de ces pêcheurs imbéciles qui les miment dans leur maladresse. Les bouffons qui participent à la marche du monde imposent leur référentiel matérialisé par l'écran ou les instruments de la propagation virale de leurs stratégies (les réseaux sociaux). La grande détresse de la pensée aujourd'hui tient dans le fait qu'aucun référentiel est suffisamment fort pour s'y opposer.
Une lueur d'espoir : Je ne vois qu'une lueur d'espoir et elle nous vient des antipodes, de Nouvelle-Zélande, avec la réélection au poste de Premier Ministre de Jacinda Ardern. Puisse-t-elle nous montrer le chemin d'un nouveau référentiel !
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