archiSTORM.
Chronique du N° d'avril-mai 2017
« Nous sommes désormais deux et, de surcroît, chacun doit être plusieurs ! »
« Que l’ingénieur laisse donc libre court à son imaginaire que je
respecte, mais qu’il me séduise et m’évite les recettes incontournables. Tout
cela parce qu’il y a longtemps, l’ingénieur et l’architecte n’étaient
qu’un ; nous sommes désormais deux et, de surcroit, chacun doit être
plusieurs ! »
Ce petit mot de l’architecte
Patrice Novarina fut écrit dans le cadre d’une conférence
sur le thème « Imaginaire de l’ingénieur et innovation », avec Antoine Picon comme intervenant principal. Il illustre assez bien l’une des questions qui se pose dans le cadre des relations entre architectes et ingénieurs. Tout le monde sait que la distinction n’existait pas au temps d’un Fillipo Brunelleschi ; d’ailleurs, la biographie du concepteur-constructeur de la coupole du Duomo de Florence le classe tantôt en « ingénieur » et tantôt en « architecte, selon l’ouvrage consulté.
sur le thème « Imaginaire de l’ingénieur et innovation », avec Antoine Picon comme intervenant principal. Il illustre assez bien l’une des questions qui se pose dans le cadre des relations entre architectes et ingénieurs. Tout le monde sait que la distinction n’existait pas au temps d’un Fillipo Brunelleschi ; d’ailleurs, la biographie du concepteur-constructeur de la coupole du Duomo de Florence le classe tantôt en « ingénieur » et tantôt en « architecte, selon l’ouvrage consulté.
La distinction n’apparaît
franchement qu’à la fin du 18ème siècle avec la création des corps
des écoles d’ingénieurs (Ponts et Chaussées, Mines, Polytechnique, en France,
et Society of Civil Engineers en Angleterre). Le domaine des architectes est
alors plutôt celui du bâtiment avec une connotation artistique et symbolique,
les ingénieurs œuvrant davantage dans les infrastructures et le génie civil
(mais aussi les bâtiments connexes).
Il faudra revenir un jour sur les raisons
de ce qui apparaît comme une «exception française »
L’évolution des techniques, tant
du point de vue de leur champ de connaissances (toujours plus large) que de
leur degré de complexité calculatoire et réglementaire (toujours plus élevé), a
conduit au renforcement des spécialités en même temps qu’à l’éloignement des
disciplines. Ce processus dichotomique s’est doublé en France d’un certain
antagonisme exacerbé par des jalousies de castes, nourries elles-mêmes par une
hiérarchisation absurde des enseignements avec une « voie royale »
(les sciences) et le reste. Il faudra revenir un jour sur les raisons de ce qui
apparaît comme une «exception française » ; moins sympathique que le
prix unique du livre, la sécurité sociale ou les subventions dans les domaines
culturels …
Faut-il être peintre soi-même pour
ressentir toute l’émotion du reflet d’une perle dans un tableau de
Vermeer ?