Voilà un bouquin recommandable qui raconte comment les ultra-riches, non seulement pourissent la planète, mais se démènent pour tirer encore du pognon de la crise environnementale en investissant dans « l’énergie verte » et la merchandisation des compensations carbone.
J’ai choisi cet extrait qui me paraît bien illustrer la difficulté d’atteindre un public avec de belles démonstrations sur l’humanisme et/ou les valeurs universalistes.
L’époque est, depuis le triomphe des réseaux sociaux, à la « concision élémentaire » qui conjugue 3 critères : un minimum de caractères (280 pour X), un thème immédiatement assimilable, la possibilité de répondre instantanément et sans réflexion dans une forme identique au message précédent.
Dans cet extrait, David Fenton est un « gourou » progressiste américain de la com.
« En important les méthodes de la communication de masse au sein du mouvement environnemental, Fenton et les autres ont diffusé l'idée que la forme est autant, sinon plus, importante que le fond. Selon Fenton, la politique ne pouvait plus se définir par la bataille d'idées mais par « une bataille entre avocats et professionnels du marketing. [...] Les avocats croient que les faits et les arguments suffisent à régler les problèmes. Les professionnels du marketing savent que ce pays [les États-Unis] ne fonctionne plus comme ça'' „. Se revendiquer des faits ne suffisait plus. Il fallait les vendre au plus grand nombre. Les consommateurs se sont substitués aux citoyens. Cela passait notamment par la promotion de messages simples. « Nos adversaires », a expliqué Fenton « ont des messages simples que nous utilisons tous.Nous, nous avons la complexité. Comment allons-nous gagner avec cela? »
Le cerveau « n'absorbe que les messages simples et répétés ». Cette simplification du message entraîne la dépolitisation de l'enjeu : on est soit « pour» ou « contre » le climat, « en faveur » ou « opposé » à l'action, « pro» ou « anti » science.
Ce cadrage binaire a certes permis de populariser l'enjeu et de creuser un fossé entre ceux qui refusaient la science et ceux qui l'acceptaient, mais il a également eu pour double effet de favoriser le « greenwashing» en permettant à des entreprises climaticides et de se dépeindre comme des acteurs « positifs » du débat, et d'étouffer toute velléité critique au sein du mouvement climat lui-même.
Au lieu de clarifier les choses, la division binaire entre « pro» et « anti» a créé de la confusion; une
confusion qui a permis l'inclusion d'acteurs économiques aux idées et activités dévastatrices pour la planète et l'exclusion de voix hostiles au capitalisme vert. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire