mercredi 27 novembre 2024

Ce matin au kiosque 63 : Une rencontre franco-écossaise (et c'était pas le tournoi des 6 nations)

Vous voulez une bonne nouvelle ? Jean-Michel n’a vendu que 2 exemplaires du bouquin de Bardella ! Ça ne peut pas être la mine tous les jours… Et, justement, aujourd’hui, une belle rencontre. Mais auparavant, je dois signaler que JM a pris le sigle FFF arboré sur la casquette d’un jeune homme pour celui de la fédération de fist-fucking ! Par ailleurs, il m’a avoué ne plus avoir le temps de lire comme lorsqu’il était à la librairie technique, rue Lavoisier. Les raisons : il lisait durant ses trajets en train des Andrésis à Paris et, aujourd’hui, le temps semblent s’être comprimé, certainement parce que certains arrêts ont été supprimés. Mais je lui propose une autre raison : en prenant de l’âge, le temps semble s’accélérer. L’espace se dilate et, fatalement, le temps se contracte afin de rester dans une équation espace-temps équilibrée. J’ajoute que nous sommes entièrement, dans ce kiosque, avec notre discussion, dans la Théorie de la Relativité de Mr Einstein. Bon, c’est assez farfelue comme explication ; mais sans doute moins que les vérités alternatives Trumpistes !

Bon, revenons à cette rencontre.

Voilà une jeune femme dans la quarantaine établie qui s’avance avec entrain  vers le comptoir du sieur JM. D’entrée, elle taquine notre passeur avec un solide accent des îles britanniques et m’invite dans le show. Pas toujours facile de décrypter son flot de paroles car, entre l’accent et le rire dont elle ponctue chacune de ses petites phrases… Mais l’impression d’ensemble s'avère très sympathique. Elle se rapproche de moi pour prendre son café allongé (sans e à allongé !) et m’interroge sur la couleur de mes yeux. Verts. Comme moi dit-elle. Elle veut absolument que JM ait les yeux bleus alors qu’il affirmerait sous la torture qu’il les a marrons. Comme mon mari ! dit-elle avec enthousiasme. Je lui suggère dans ces conditions de changer de mari. Elle nous fait un aveu : elle en changera quand ils seront morts tous les deux. (Rires). Elle aime toujours son mari après 26 ou 27 ans de mariage. D’humeur badine, je lui dis que ça ne devrait pas durer. « Mon mari, le plus mervellous du monde », ajoute-t-elle pour sa défense. Je finis par lui demander l’origine de son accent. Écossais ! De Glasgow. Nous les français, nous avons une bonne opinion des écossais (Ah ! l’alliance séculaire franco-écossaise, whisky et panse de brebis farcie !). Je me souviens d’un week-end à Édimbourg pour un match de rugby contre l’Ecosse. Quelle fête ! Et puis mon beau-père (qui mérite de figurer dans ces chroniques) qui allait chasser la grouse dans les highlands couvertes de bruyères !    

Je suis sorti et nous poursuivons debout  notre tête-à-tête franco-écossais sous le regard jaloux de JM (il me l’avouera plus tard). Je découvre alors une femme pleine d’humour et d’enthousiasme, excessivement positive. Elle me parle de la beauté de la diversité (les oiseaux, les fleurs, les humains avec leurs couleurs de peau si différentes), du soleil, de la vie, du fait que nous sommes tous frères et sœurs, qu’il n’y a pas de différences entre un insecte et nous, pas plus qu’entre elle et moi (sur ces 2 derniers points, je marque un léger désaccord, mais je la laisse poursuivre). Elle évoque les milliardaires dont les squelettes ne vaudront guère plus que les nôtres quand nous serons sous terre (je suis bien d’accord). Elle considère qu’il faut se méfier de paraître trop intellectuel au risque de frustrer les autres (encore d’accord bien que je lui fasse part du fait que l’on peut être intellectuel et tenter d'être proches des gens… j'allais dire les gueux, on ne se refait pas !). C’est à son tour d’être d’accord avec moi et d'ailleurs elle me gratifie d'un compliment : "Vous semblez être une personne très ouverte", qu'elle justifie par le fait que j'ai encore pas mal de cheveux; Et bien sûr, quand on évoque les cheveux ou leur absence, on en vient au boss : JM et un air bougon au 1er abord, mais si on prend l’image du chat et du chien. Le chat qui ne se livre pas immédiatement mais qui fait ensuite des câlins et le chien servile qui vient vous mordre. La démonstration est imparable. L'évidence saure aux yeux : JM est un passeur doublé d’une psychologie de chat. (Je dénonce une nouvelle fois : je l'ai vu ce matin faire les yeux doux à une certaine Nicole...).

Sur ces entrefaites, Jacques se pointe avec Utah qui ressemble à un mouton astrakan. Ses poils (ceux d’Utah, pas de Pascal) ont un moiré splendide qui rappelle celui de certains tissus Fortuny de Venise (Mariano Fortuny, génial créateur tant en art qu'en technique et inventeur de la célèbre lampe encore opérationnelle sur les plateaux de tournage). Pascal (qui a voyagé) me confirme que la panse de brebis farcie, c’est un régal. Admettons.

Sophie arrive alors que je dois partir pour le marché. Bises et désolé, je dois partir… 

Kate - c’est le prénom de ma pétulante écossaise - me dit à bientôt pour un café ensemble. Bien sûr. 

Étonnant : depuis le temps que je viens ici, je n’avais jamais croisé Kate.

Pour finir, quelques fragments d’un poème de Jean-Pierre Siméon qui résonnent avec l’enthousiasme de mon écossaise : 

Donnez-vous un soleil,

Je vous en prie

Donnez-vous un soleil

Fût-ce à l’instant du départ 

Fût-ce sur la ruine du paysage

Fût-ce pour éclairer 

L’échec de l’amour et de la raison

Donnez-vous un soleil…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire