Mais qui est cette personne du sexe dit faible qui, ce matin, a meurtri l’âme sensible de notre passeur au prétexte qu’il arborait son air bougon (sans lequel nous ne le reconnaîtrions plus), et qui lui a dit qu’elle ne reviendrait que lorsqu’il serait parti à la retraite en lui souhaitant la plus misérable qui soit ? Figurez-vous que JM a été suffisamment affecté par les propos vénéneux de la dame, qu’il s’est jeté de manière compulsive dans la lecture des recettes de cuisine du magazine « Saveurs » et, de dépit, il n’est pas impossible qu’il se soit préparé en rentrant chez lui, en guise de consolation, une soupe aux potimarons, dattes et cumin ! Bon, c’est un homme solide et il devrait survivre à cette recette !
La matinée a commencé, non pas sur le parvis, mais à l’angle des avenues Galliéni et Pasteur, par ma rencontre avec Patrick. Nous nous saluons et il me confie qu’écoutant hier « Les grosses têtes », il y avait une question portant sur une œuvre de Stendhal dont le titre serait « Le rose et le vert ». J’ai pensé à un canular. Lui aussi. Figurez-vous qu’il n’en est rien et que Stendhal a bien écrit un ouvrage sous ce titre, paru à titre posthume ! Sans doute une histoire d’amour entre un socialiste et une écologiste.
Et voilà comme quoi, les trottoirs de Bécon font office de dernier salon où l’on peut s’instruire ; une sorte d’antichambre du salon plus officiel : celui du parvis de la gare, bien sûr !
A ce propos, voilà une belle tablée avec, dans le sens des aiguilles d’une montre et en commençant par la benjamine : Amélie, Christiane, Jacques le Biker et Utah, Paul le spécialiste en mécanique des fluides, Robert des établissements Chausson et Jacqueline (Guy, le Poulidor de Bécon nous a rejoints en pratiquant des son arrivée des exercices de musculation par des levées de table intempestifs dont j’ai eu du mal à percevoir la raison).
Amélie m’a complimenté : d’abord sur mon recueil de poèmes qu’elle a lu en intégralité, puis sur mes chaussures qu’elle pensait neuves. Concernant les poèmes, je l’ai remercié et lui ai dit qu’il était peut-être préférable de ne pas les lire en une seule fois. (Chacun fait ce qu’il veut quand même…). Concernant mes chaussures, j’ai montré mes semelles au prix d’un exercice de contorsion risqué pour mon âge, afin de lui prouver qu’il n’en était rien et qu’elles avaient quelques heures de marche. (Je dois avouer que je n’ai pas, à cet instant, le sentiment d’écrire des choses palpitantes).
J’ai saisi quelques bribes de conversation entre Robert et Guy, visiblement des experts en science halieutique, qui débattaient de la qualité gustative du sandre et de la voracité du black-bass aussi appelé Achigan à grande bouche ou perche d’Amerique (ou pour les forts en thème : Micropterus salmoides), une espèce très recherchée et élevée pour la pêche de loisir précise Wikipedia (séquence « Science du vivant »).
Guy atteste de sa voracité (celle du black-bass, pas la sienne) car il est possible de le pêcher en plaçant un bouton sur un hameçon et l’animal mord instantanément à l’appas (à condition qu’il soit dans les parages du bouton).
Christiane qui aime rien tant que se moquer de la Maire de Paris a évoqué la vidéo qui tourne en boucle virale, dans laquelle l'édile présente celui qu’elle désigne comme son successeur en commettant le lapsus de l’appeler par le nom de son concurrent. Le bain dans la Seine olympien s’est alors invité dans la discussion (petits sourires moqueurs à nouveau). Laurence a confirmé qu’elle s’y baignerait prochainement. Jacques a parlé des silures de 2,50 m qui chopaient les pigeons sur les berges du fleuve parisien (séquence « Fantastique »). Paul, qui était seul et pensif, a juste précisé que son épouse était chez le dentiste pour un détartrage (séquence « Médecine bucco-dentaire). Nous avons tous été rassurés car il avait fait la mauvaise blague auparavant de nous dire qu’il l’avait vendue.
Un débat fondamental s’est engagé sur la possibilité d’être, tout à la fois, et de gauche et catho. Débat vite clôt car il a été fait mention du curé des loubards, Guy Gilbert, 89 ans, que Jacques a bien connu (il voulait même lui baptiser sa Harley !… ce qui est un marqueur de gauche ou je ne m’y connais pas).
C’est ainsi que vivent les hommes (et les femmes d’ailleurs).
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