Vous voulez encore une autre bonne nouvelle ? Les rayons du soleil caressent les visages des habitués de la terrasse du parvis du kiosque de la Gare de Bécon les Bruyères (TPKGBLB pour les amateurs d’acronymes) à l’heure un peu tardive (11H) où je m’invite à la table de ces privilégiés.
La canne de Bernard est restée dans une position qui me fait penser à un fusil dont le canon serait orienté vers moi. Je la décale légèrement car certaines cannes peuvent cacher des armes ; comme celle de mon grand-père, Croix-de-feu, qui se vantait d’avoir sectionné avec elle, les jarrets des chevaux des forces de l’ordre lors de la manifestation des milices de droite de février 34. Voilà pour la séquence « Histoire » de cette chronique.
Pour ceux qui sont face à l’astre solaire, la casquette et les lunettes de soleil sont impératives. Les propos qui suivent (Robert) évoquent les armes qu’il a fallu remettre à la préfecture il y a quelques années ; lesquelles ont fini broyées par un rouleau compresseur. On passe ensuite aux manouches qui ont mis au point (dixit Robert encore, mais Jacqueline semble en connaître un rayon) un véritable vocabulaire basé sur des petites entailles effectuées sur les portes des maisons indiquant, selon leur nombre et leur disposition, si la maison a été ou non déjà visitée, si la propriétaire est avenante, s’il y a quelques dangers, etc.
Jean-Michel sort de son bunker pour lire ma prose d’hier. Il informe Jacqueline qu’elle figure désormais dans le blog et que l’on sait (le monde entier) que sa vie a été bouleversée par la lecture de « Théories de la surveillance » et l’enseignement de son auteur ; bouleversement qu’elle relativise immédiatement.
Le souffle de la discussion s’essouffle (ça arrive !) et plusieurs songent à quitter le cénacle. Je me permets de leur demander si je peux leur lire un poème. Il n’y a pas d’oppositions et plutôt un certain enthousiasme (ils sont formidables !). Je pioche dans mon sac et j’ouvre le recueil de Jean-Pierre Siméon, acquis hier, en précisant à ma petite assemblée que s’ils ignorent qui est ce Mr, je n’ai que 48H d’avance sur eux… (et il voudrait se dire poète !).
Je lis donc, le soleil aidant, le premier poème du recueil « Avenirs » : « Donnez-vous un soleil ». A la fin de ma lecture, j’ai le sentiment que tous ont partagé la beauté de ce texte, plein d’espoir.
Jean-Michel propose d’afficher un écriteau indiquant « Instant poétique, chaque jour, à 11H ». Pourquoi pas ? Dans tous les cas, j’apporterai un poème dans ma besace chaque matin où je viendrai au kiosque. On le lira, on le lira pas. Ce sera selon.
Mais à tous ceux qui pensent que la poésie est quelque chose d’évanescent, une rêverie plaisante, il faut rappeler les paroles du poète allemand, Novalis : « la poésie est le réel absolu. Ceci est le noyau de ma philosophie. Plus une chose est poétique, plus elle est réelle. »
Avec Jean-Michel, un peu plus tard, nous avons échangé sur nos amours d’enfance par le truchement du hasard de nos conversations : des illustrations de poèmes, un ami rencontré en vacances et brillant dessinateur, Jonzay près de Rennes où il s’est établi après son divorce, Rennes où j’avais une petite amie au corps délicieux qui faisait des études de médecine, … Ce diable d’homme (JM) a commencé alors qu’il n’avait que 3 ou 4 ans. Je fus moins précoce. Mais là s’arrête mon récit pour aujourd’hui car tout le reste relève de nos « secret lives », pour paraphraser Leonard Cohen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire