samedi 9 novembre 2024

Ce matin au kiosque 60 : Pessoa, FigMag, Brel

Je suis venu plus tôt que d’ordinaire au kiosque : 9H00. Les tables du parvis ne seront occupées par les « habitués » que plus tard dans la matinée : 10H00. Jean-Michel s’affaire à garnir ses rayons des nouvelles publications du jour. Deux piles du Figaro Magazine sont déjà en place. Une quarantaine d’exemplaires  avec le président du RN sur fond de dôme des Invalides en couverture pour faire la promo de son bouquin qui sort demain (JM m’a montré hier ledit bouquin dans la remise). Tout ça va partir comme des petits pains. Misère. 

Un client, un jeune homme aux cheveux longs jusqu’aux épaules. Aspect timide. Je suis en train de vanter auprès de JM la qualité de la BD sur Pessoa que j’ai achetée ici-même hier. Je lui avais évoqué le formidable spectacle vu la veille au Théâtre de la Ville sur le grand poète portugais aux 72 heteronymes. Et, JM, talentueux libraire, m’avait montré l’unique exemplaire qu’il avait ; et que j’achetai immédiatement. Mais à présent, nous revenions sur la cata de l’élection de Trump. Le jeune homme nous écoutait. Je lui dis : « Seule la poésie peut nous sauver, non ? » JM saisit l’exemplaire d’Apprentissage qui trône toujours près de sa caisse, me désignant comme l’auteur. « Je sais, vous me l’avez déjà dit. » Et, se tournant vers moi : « C’est dur la poésie. Je suis pas trop… Il y a un problème avec les intellectuels. Les gens aujourd’hui s’en méfient. Ils racontent des truc fumeux… » Il dégage une mèche de cheveux de ses yeux. Je lui réponds : « Oui, certainement… mais je m’interroge sur la façon dont nous pourrions communiquer ; ça paraît tellement difficile, à une époque de l’instant, du zapping, de faire entendre des idées qui nécessitent un minimum de réflexion, c’est à dire de temps… plus personne n’est prêt à faire cet effort ». Il cherche sur son smartphone quelque chose. Il me le tend. Je lis : « La bêtise c'est de la paresse. La bêtise c'est un type qui vit, et il se dit : ça me suffit. Ça me suffit. Je vis, je vais bien, ça me suffit. Et il se botte pas le cul tous les matins en disant : c'est pas assez, tu ne sais pas assez de choses, tu ne vois pas assez de choses, tu ne fais pas assez de choses. C'est de la paresse je crois la bêtise. Une espèce de graisse autour du coeur qui arrive ; une graisse autour du cerveau. Je crois que c'est ça. » Jacques Brel.

Et puis ce jeune homme nous quitte car il doit prendre le train.

JM me dit qu’il est avocat, spécialisé dans l’immobilier.

Christine, la rédactrice de nombreux commentaires écrits sur des post-it, est entrée et interroge JM sur un livre qu’il n’a pas mais qu’il va commander. Je le laisse en compagnie de cette grande lectrice.

C’est l’heure pour moi de partir. On est toujours dans la même m… et ça risque pas de s’arranger, sauf miracle.

Je vais encore être infidèle à Becon quelques semaines. Atterrissage vers le 20 novembre.

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