dimanche 15 décembre 2024

Ce matin au kiosque 75 : Un froid de gueux et la police municipale

Ça y est : le froid de gueux s’est invité, sans la complicité ni d’un vent fripon (forcément fripon), ni d’un grésil assassin. Tout seul, comme un grand. Il prend ses aises, fait comme chez lui. « Il y a un enfoiré qui a invité ce froid de gueux à faire le malin dans cette chronique ? » Qu’il lève la main ! Encore un poète, probablement…

Paul est seul à la terrasse du parvis, emmitouflé comme un combattant sur le front du Dombass. L’antre de Jean-Michel baigne dans une douceur de crèche ; celle de l’Enfant-Jesus (vous en connaissez d’autres ?), sans le bœuf et l’âne, mais avec le souffle chaud d’un ventilo-convecteur qui prend soin du crâne dégarni du St Joseph des Relais H (H comme Haschich ?).

Sophie et Genevieve font la queue. Sophie arbore un bonnet en laine rose de forme conique coiffé d’un gros pompon et Genevieve pousse une petite chansonnette du temps jadis (ah ! Les dames du temps jadis… mais où sont les neiges d’antan ?). 

Nous nous claquons la bise et Sophie tient absolument à m’offrir mon petit café. Cette femme est d’une gentillesse et d’une attention rare (elle a une qualité supplémentaire : elle a adoré Abuelo). Exemple : nous avions parlé il y une dizaine de jours de mes petits-enfants et de leur goût pour la lecture ; et bien, Sophie m’a apporté avant-hier 3 petits livres pour eux.

Sur ces entrefaites, je croise et salue le Marseillais qui arbore des chaussures de sport toutes neuves dans lesquelles il sent ses orteils un peu à l’étroit, mais dont les semelles sont comme des ressorts. « J’ai l’impression puté que quand je marche, con, je fais des bonds et que même l’attraction terrestre elle n’existe plus ». Ah ! Marseille…

Francois que j’avais repéré tout à l’heure, assis, seul, sur un banc du parvis, est venu nous rejoindre aux tables de la terrasse. Nous parlions de Madame Claude. Les maisons closes auraient-elle dû ne pas être fermées ? Posée comme ça, la question est absurde : comment des maisons closes avaient-elles pu rester ouvertes ? (Je ne sais pas si Raymond Devos a réfléchi à cette histoire). En tout cas, Gilles en est convaincu (qu’il aurait fallu éviter de les fermer). Une histoire de fou.

C’est la 2eme apparition de François dans le décor de ces lignes. Francois est intelligent, sensible, généreux (probablement), mais François, on le voit à sa bouche orpheline, aux rides qui parlent sur son visage, à ses mains abîmées, François - est-ce que je me trompe ? - la vie ne t’a pas épargné. La vie, ça doit cogner, parfois. Il blague, il raconte tout un tas de choses, dit « vous » quand il pourrait dire « tu », dit « Monsieur » quand il pourrait m’appeler par mon prénom. François fait des petits jobs à droite ou à gauche. C’est sans doute « François la démerde ». Il a fait dans la fringue et il fait aujourd’hui dans la déco des vitrines en regrettant qu’il n’y ait pas plusieurs noëls dans l’année. Il parle business et je lui dis qu’on recherche en ce moment un ministre des finances. « Surtout pas : j’ai pas envie de bosser tout les jours ! », dit-il en se marrant.

Même les flics veulent figurer dans ces chroniques ! La preuve : une voiture de la police municipale s’arrête devant le kiosque, une jeune femme en uniforme  s’en extrait, elle vient vers notre groupe (ça y est : ils m’ont retrouvé !). François crie « j’vous jure que j’ai rien fait ! », en éclatant de rire, lequel rire ricoche sur la flic qui rigole à son tour… Il y a des gens qui font des ricochets dans l’eau avec des cailloux, ils feraient mieux de faire des ricochets dans l’air avec des rires… 

Quelqu’un menace la représentante des forces du désordre de mettre un PV pour stationnement gênant. Elle réplique que tant qu’on la met pas à la fourrière !

Elle est allée chercher son journal. Et là j’en déduis que les flics savent lire ! On n’arrête pas le progrès. Magnifique ! (Je deconne).

C’est ainsi que les hommes vivent

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