jeudi 5 décembre 2024

Ce matin au kiosque 68 : Tschumi, les ingénieurs ingénieux, le Grand Paris Express, des souris (et des hommes), la Moldavie

Un vilain crachin s’est invité ce matin dans l’espace béconnais. Un petit temps de cochon (à ne pas confondre avec un temps de petit cochon… subtilité de la langue française !). Sur le parvis, seuls Jacques et Sophie. J’oublie Utah que son maître a habillé d’un petit manteau ajusté d’un bleu clair s’accordant magnifiquement au noir astrakan de ses poils. Lequel maître a troqué ses attributs vestimentaires habituels façon biker par un ensemble kaki de gentleman-farmer prêt à tirer la caille ou la bécasse (n’y voyez aucune allusion hors du champ cynégétique…). Genevieve nous rejoint.

On évacue rapidement les soubresauts de la politique française tout en se délectant de la proposition de notre Ségolène nationale qui a fait savoir à Macron qu’elle était disponible pour le poste de Premier ministre ; un peu d’humour dans cette grisaille (merci Mme Chabichou). Genevieve évoque un sujet qui, apparemment, n’a rien à voir avec Ségolène (encore que), l’histoire du collier de la reine Marie-Antoinette. Vous vous souvenez ? Moi non plus. On rafraîchit. Le Cardinal de Rohan qui veut rentrer en grâce auprès de la reine se fait entourlouper par une escroc, Mme de La Motte. Celle-ci, avec ses complices, monte un stratagème dans lequel le Cardinal de Rohan (amant de Mme de la Motte) remet le collier une nuit dans un bosquet à une prostituée, sosie de la reine. La fine équipe disparait avec le collier (650 diamants, 2800 carats) qu’elle parvient à revendre à Londres et à Paris. Les bijoutiers réclament l’argent à la reine qui découvre alors la supercherie et fait arrêter Rohan. La Motte et ses complices seront arrêtés plus tard et elle sera marquée d’un V au fer rouge signifiant voleuse. Rohan sera acquitté. L’histoire de Mme de la Motte mériterait une chronique à elle-seule, mais elle ne fréquente pas le kiosque !

Hier, j’étais invité sous la Coupole, non pour mon intronisation, mais pour la remise du prix d’architecture de l’Academie des Beaux-arts à l’architecte Bernard Tschumi (80 ans), l’auteur du parc de la Villette et de ses « folies » d’un rouge pompier (ce n’est pas péjoratif). J’ai travaillé avec Bernard sur 2 projets : le Zoo de Vincennes et le Zénith de Rouen. Ce dernier, que je considère comme l’un des plus beaux (sinon le plus beau) projet de Bernard, nous l’avons gagné en 1998. Diable : au siècle dernier et il y a plus de 25 ans ! Ce concours fut pour moi l’occasion de rencontrer une autre personne remarquable : l’architecte et ingénieur Hugh Dutton qui travaillait dans les locaux de l’agence Tschumi et qui faisait toutes les conceptions structurelles et de façade des projet de Bernard. Hugh fut l’un des bras droit d’un autre éminent ingénieur, Peter Rice - disparu trop tôt à l’âge de 57 ans -, l’un des co-concepteurs avec Renzo Piano et Richard Rogers du Centre Pompidou. Si vous voulez vous rendre compte du talent de Hugh, je vous invite à vous rendre à l’Hotel de la Marine, Place de la Concorde. Il y a une cour couverte par une verrière de toute beauté imaginée par Hugh. C’est lui qui a aussi conçu le curieux cordon métallique façon Paco Rabanne de la Philharmonie de Paris. On ne parle souvent que des architectes (les « starchitectes ») quand on évoque les projets de construction exceptionnels, mais il faut rendre également hommage aux quelques ingénieurs ingénieux qui procurent une réalité constructive à l’ambition plastique et spatiale de l’architecte.

Je retiens des paroles de Tshumi cette affirmation que « le contexte et le concept créent une poétique. »

Il sera dit que cette chronique sera placée pour l’essentiel sous le sceau de la construction. En effet, Chistiane nous fait un résumé d’une réunion d’information au sujet de la future gare de Courbevoie du Grand Paris Express. Celle-ci sera l’œuvre de l’architecte Jean-Paul Viguier (78 ans), l’auteur, entre autre choses, des tours Cœur Défense (2001) et Majunga (2014) à La Défense. Au cours du speech de Christiane, j’apprends par JM qu’au moment des terrassements pour la future gare, tout le quartier a été évacué car une bombe datant de la 2nde guerre mondiale avait été exhumée, que lors des travaux d’aménagement de la gare actuelle, la suspension des travaux pour cause de défaillance de l’entreprise de carrelage, avait entraîné une invasion de souris qui avait nécessité de mettre « sous cloches » toutes les denrées alimentaires du kiosque, que JM avait placé des tapis collants pour piéger les souris et, enfin, qu’il me ferait des vidéos des gros rats et de leur progéniture qui se baladent aux alentours de la gare. Je me suis permis d’émettre des critiques quant à la cruauté des dispositifs de piégeage des souris. Sophie a ajouté qu’au dépôt des Restos du Cœur qu’elle gère, les souris attaquent les boites de lait. Et si l’avenir, quand la race humaine se sera auto-détruite, n’était pas le règne des souris ? La planète des souris : moins vendeur que la Planète des singes.

Une jeune femme blonde demande un café à JM. Elle a un accent chantant aux intonations un peu slave (sous toute réserve). Je me permets de l’interroger sur son origine. Moldavie, me répond-elle avec un très beau sourire. Et comme j’ai bien envie de profiter encore de son sourire, je lui dis : « Comment peut-on être Moldave ? Oui, comme Montesquieu qui, dans les Lettres Persanes, se moque des parisiens en leur faisant dire : « Comment peut-on être Persan ? » », où perce (c’est le cas de le dire) la bêtise du parisien moyen de l’époque (début 18eme), laquelle n’a plus rien à voir avec la notre …

Mais où se trouve la Moldavie ? Le Sceptre d’Ottokar ? Non, là c’était la Syldavie, autrement dit la Roumanie. Elle me dit que la Moldavie est un petit pays enclavé entre l’Ukraine et la Roumanie. Quelques consultations plus tard, je peux vous affirmer que la capitale de la Moldavie est Chisinau située à une centaine de kilomètres au nord-ouest d’Odessa, que le nombre d’habitants est d’environ 2,7 millions, que c’est une république parlementaire indépendante (de l’URSS) depuis 1991, et que son histoire est compliquée entre les occupations soviétiques, les colonisations et les déportations, le découpage du territoire avec la Transnistrie (sessessioniste), la Gagouazie (autonome), les pro-européens et les pro-russes… une région explosive (une de plus). A noter que la Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe, ce qui a pour conséquence une très forte expropriation ; laquelle touche même Bécon les Bruyères (pour notre plus grand bonheur) ; c’est dire !

C’est ainsi que vivent les hommes !

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