dimanche 8 décembre 2024

Ce matin au kiosque 71 : de Castelbajac, Madame Claude et une antonomase

Il pleut, il pleut, mais aucune bergère et aucun mouton dans les rues de Bécon. Les caniveaux n’en peuvent plus de bosser. Dimanche, jour du Seigneur ; les cloches de l’église Saint-Maurice paraissent sonner le glas tant l’atmosphère est plombé. Au bout de l’avenue Séverine (une petite rue qui se pousse du col et qui conduit à la gare), j’aperçois les lumières du kiosque. Et je distingue quelques silhouettes attablées. Même le dimanche ! Qui donc bravent ainsi les intempéries et le repos dominical ? Jacqueline, Christiane, Sophie, Jacques et Paul avec Utah. 
Après les avoir rejoints, je reste debout sous mon parapluie et j’attends quelques commentaires sur la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris d’hier soir. Il me semble que c’est le sujet qui devrait s’imposer. Mais il faut que je les sollicite pour grappiller des bribes d’avis, sans emballements, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai l’impression que seules Jacqueline et Chistiane ont regardé la retransmission. Jacques revendique un « certainement pas ! » et Paul dit qu’il a changé de chaîne. Jacqueline a trouvé la cérémonie particulièrement longue, mais les chasubles des officiants à son goût (contrairement à Christiane qui n’aime pas cette création de Castelbajac avec ses petits airs mondrianesques). Bref, je n’en saurai pas plus. 
Faut-il que je crois le sms qu’une de mes amies a posté hier soir disant qu’elle avait trouvé la cérémonie « insupportable, à vomir » ? Fichtre !

J’avais oublié dans une précédente chronique de vous informer que Jacques m’avait avoué avoir connu Madame Claude, du temps où il était régisseur. Je n’ai pas saisi le lien entre ses activités d’alors et cette dame. Avait-il servi de chauffeurs pour un client ? Il m’a assuré, qu’il était payé en cash (et non en nature) ; très probablement sur les 30% qu’elle prélevait sur les « travaux » de ses pensionnaires. Mais pour les plus jeunes lecteurs, il est peut-être indispensable de livrer quelques explications. Madame Claude, de son vrai nom Fernande Grudet, est célèbre pour avoir été à la tête, dans les années 60-70, d’un réseau employant jusqu’à 500 prostituées dont les clients étaient le plus souvent des personnalités politiques ou des notables de haut rang. C’est sous Giscard que le réseau de Madame Claude fut démantelé. Après avoir tenté d’échapper à la justice en partant en Suisse puis aux USA, fait un séjour en prison à son retour en France, puis tentée de revenir à ses occupations antérieures, elle est à nouveau condamnée. Elle finira sa vie, recluse, dans un petit appartement sur la Côte d’Azur où elle mourra en 2015. « C’est ça qu’est triste » aurait chanté Bourvil. J’ai appris (et comme je ne suis pas égoïste, je vous en fait profiter) que « Madame Claude » correspond à ce que l’on appelle en langue française une antonomase, c’est à dire un nom propre utilisé pour désigner un nom commun (dans ce cas, une maquerelle). Une antonomase commune est « frigidaire ».

Il ne sera pas dit que vous n’aurez rien appris !

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