Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
vendredi 19 août 2011
Le charme des heures calmes d'un matin ensoleillé quelque part sur la côte Corse
Un voilier, juste avec sa grande voile, progresse au loin lentement sur la mer. Il glisse, sans efforts, silencieux ; sa silhouette évoque quelque chose de noble ; une élégance particulière. A l'horizon le ciel est blanc. Le soleil est déjà placé, déjà haut sur la mer. Le tronc d'un pin dessine une bande d'ombre sur la table de le terrasse ; territoire précis et protecteur contre l'éblouissement. Sur la gauche, la côte se découpe en plusieurs langues de sable courbes, prises entre le bleu lisse de la mer et les touches vert-sombres, improvisées, des plantations d'arbres. A l'autre extrémité de la terrasse, sur la droite, tout près, les branches garnies de longues feuilles vert-amandes de jeunes eucalyptus se détachent avec grâce sur un ciel, de ce côté, parfaitement bleu. Quelques souffles d'une brise légère et fraîche viennent par moment soulever les feuilles du journal posé sur la table ; et ce mouvement aléatoire des pages simule un reproche, comme si le journal s'impatientait de l'indifférence que l'homme qui écrit lui témoigne. Un livre - "Le voyage de l'éléphant", de José Saramago -, et quelques cartes postales pourraient légitimement partager son agacement. Plusieurs oiseaux minuscules sont venus dans une cavalcade brouillonne se percher un instant sur l'une des branches du pin. Et puis ils ont disparu aussi soudainement. Quelqu'un retrouvera plus tard une minuscule plume dont les barbes présentent des reflets jaunes et caramels. Il n'y a plus un seul bateau maintenant sur la mer. Une unique et lascive trainée blanche découpe d'une longue balafre inoffensive la surface gris-bleu d'une eau qui semble figée comme une peau immense, légèrement grenue. Aucune cigale qui déchirerait l'air de son appel grinçant. Le village, en contrebas, n'est pas franchement beau avec ses immeubles râblés aux toitures plates équipées de vilaines trainasses techniques. Quelques palmiers avec leurs plumets qui jaillissent comme des gerbes d'eau, des touffes généreuses de sapins et de mimosas, des bouquets aimables de lauriers roses parviennent à dissiper les désagréments d'un urbanisme indélicat. Le soleil agit à présent sur la mer comme un spot d'éclairage trop puissant. Le tronc du pin juste devant la terrasse ne suffit plus à contrer l'ardeur de ses rayons. L'air chaud lutte par petites bouffées pour chasser la fraîcheur matinale. Bientôt cette terrasse aura perdu un peu du charme des heures calmes d'un matin ensoleillé quelque part sur la côte Corse.
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