vendredi 26 août 2011

La chanson de l'Etranger


(Assez librement traduite de la chanson de L. Cohen)


C’est vrai, tous les hommes que tu as connus étaient des joueurs qui, à chaque fois, prétendaient renoncer à leur jeu dès que tu leur offrais ton cœur. Je connais ce type d’homme. C’est difficile de tenir la main de celui qui ne veut atteindre le ciel que pour se rendre.

Et balayant d’un revers de main les cartes oubliées derrière lui, tu découvriras qu’il n'a laissé presque rien, pas même un seul rire. Comme n’importe quel joueur il cherchait la carte sublime qui lui permettrait de n’avoir besoin d’aucune autre. Il était juste comme Joseph en quête d’une étable.

Et alors, penché au rebord de ta fenêtre, il dira qu’un jour tu as brisé sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri. Et sortant de son portefeuille un vieil horaire de train, il te dira : « je t’avais prévenu quand je suis arrivé que j’étais un étranger. »


Mais maintenant un autre étranger semble vouloir que tu ignores ses rêves, comme s’ils étaient le fardeau de quelqu’un d’autre. Tu avais vu cet homme avant, son bras en or qui distribuait les cartes, mais maintenant son bras est rouillé du coude jusqu’au bout des doigts. Et il veut échanger la partie de cartes contre un abri. Il veut échanger cette partie qu’il connait trop contre un abri.

Tu détestes regarder un autre homme fatigué baisser les bras comme s’il abandonnait le Jeu Sacré du Poker. Et, pendant qu’il raconte ses rêves pour s’endormir, tu remarques qu’il y a une route immense qui ondule au-dessus de son épaule comme la fumée d’une cigarette.

Tu lui dis d’entrer et de s’asseoir, mais quelque chose te fait te retourner. La porte est ouverte. Tu ne peux pas refermer ton abri. Tu essayes de tourner la poignée. Elle reste ouverte. N’aies pas peur. C’est toi, mon amour, c’est toi l’étrangère.

J’ai attendu, j’étais sur que nous nous rencontrerions entre deux trains, de tous ceux que nous avons attendus. Je pense qu’il est temps maintenant d’en prendre un autre. S’il te plait, comprends que je n’ai jamais eu de plan secret pour te vaincre ou quoique ce soit d’autre. Voilà, il parle comme ça, et tu ne sais pas ce qu’il cherche. Quand il parle comme ça, tu te fous de ce qu’il recherche.

Retrouvons-nous demain si c’est ton choix, sur le rivage, sous le pont qu’ils construisent sur une rivière infinie. Puis tu t’aperçois qu’il quitte le quai pour la chaleur d’un wagon-lit ; il se réjouit d’avoir trouvé un autre abri. Et il vient vers toi en te disant qu’il n’a jamais été un étranger. Et tu lui réponds : « OK, le pont, ou n’importe où ailleurs, plus tard. »

Et balayant d’un revers de main les cartes oubliées derrière lui, tu découvriras qu’il n'a laissé presque rien, pas même un seul rire. Comme n’importe quel joueur il cherchait la carte sublime qui lui permettrait d’avoir besoin d’aucune autre. Il était juste comme Joseph en quête d’une étable.

Et alors, penché au rebord de ta fenêtre, il dira qu’un jour tu as brisé sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri. Et sortant de son portefeuille un vieil horaire de train, il te dira : « je t’avais prévenu quand je suis arrivé : j’étais un étranger. »

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