mardi 7 janvier 2025

Ce matin au kiosque 82 : Charlie-Hebdo, vélo, piscine et Marx

Un régal ! Je ne parle pas du temps. Pluvieux, venteux, griseux. Non, je veux parler de  mes rencontres de ce matin. D’abord, le kiosque ou le magasin de presse, selon. Roland est aux côtés de JM. Je me place un peu à l’écart, proche de la porte vitrée toujours condamnée. Je me permets de glisser à Roland : 

  • « Alors : ce Monsieur qui ne veut pas vieillir ? 
  • Il me répond : c’est vrai, je vais entamer une nouvelle dizaine et ça ne me plait pas.
  • 70 ?
  • Eh non : 80 !
  • Félicitations : vous ne les faites pas. Alors, toujours du vélo et la piscine ?
  • Oui, la piscine, au moins une fois par semaine. A Charras, le bassin de 50m. Je fais 2km, 2km et demi. Et puis le vélo, autour de Longchamp. Comme ça, si on a une chute, on vous emmène directement à Ambroise Paré tout près.
  • Formidable ! Mais vaut mieux éviter de tomber. J’ai 2 amis qui se sont très grièvement blessés avec des accidents de vélo.
  • Oh, si je les comptais… 

JM intervient : « tu n’achètes pas Charlie Hebdo ? Non, je réponds », d’un argument qu’à la réflexion je ne trouve pas très juste et donc je ne vous l’impose pas.

  • Tu as vu mon fils qui est dans Libé ?
  • Non, montre.

Je vais chercher un libé. Je lui fournit les explication et nous partons sur Elon Musk. De l’avis général, il part en vrille. « Pourquoi les gouvernements ne l’interdisent pas quand il interfère dans la politique des pays ? Il se croit tout permis parce qu’il est l’homme le plus riche du monde ! C’est scandaleux. Je ne comprends pas pourquoi les gens ne se tirent pas de X. Il paraît qu’aux Etats-Unis, certains propriétaires de Tesla ont placé un macaron sur leur vitre arrière indiquant qu’ils ont une Tesla, mais qu’ils ne sont pas d’accord avec les agissements de Musk. »

Voilà, en vrac, quelques échanges.

Roland enchaine en me disant qu’il a bien connu Cabu. Il a travaillé toute sa vie dans le monde des journaux et des magazines. Il faisait les maquettes et des corrections de texte. Sa boîte appartenait à un Lesieur. Elle était située sur les Champs-Elysees, tout près du Fouquet’s, au-dessus d’une agence BNP. Un grand nombre de publications étaient traitees à cette adresse en maquettage et corrections. Puis Lesieur a vendu, en 83, et on a fait une SCOP. Ralite nous a donné des subventions pour qu’on tienne. On a évité tous les licenciements. Et puis, progressivement, les publications ont pris leur autonomie et les employés se sont faits embaucher par elles. C’était un chouette travail. Cabu m’a fait plusieurs dessins. 

Nous sortons dehors (ce qui semble être un pléonasme mais on pourrait sortir en boîte de nuit, ce qui serait sortir à l’intérieur). C’est une bonne averse qui nous tombe dessus. Les habitués présents (Gilles, Robert, Fabrice, Christiane et Genevieve) sont en rangs d’oignon le long de la façade, protégés par l’auvent de la gare. Je me place entre Gilles et François. Je vais écouter Francois pendant une dizaine de minutes, mais j’avoue que je n’ai pas tout saisi de notre entretien, en partie parce qu’il y a une balayeuse qui prend un malin plaisir à passer et repasser devant nous en faisant un bruit d’enfer, en partie parce que je ne suis pas habitué à la prononciation de François et puis, enfin, dernier tiers : parce que je deviens peut-être sourd. Ce que j’en sais c’est que François a une fille de 22 ans et qu’il veille à ses fréquentations ; que Becon n’est pas aussi sage qu’il en a l’air et que, visiblement, il y a plein de choses que j’ignore ; que sa vie n’a pas été toujours facile ni linéaire, etc. J’aime bien Francois.

Roland revient taper une petite bavette et est fier de nous montrer un sac-cabas sur lequel est exposé le circuit des cols des Alpes. Il les a tous faits !

Genevieve intervient pour nous faire une confidence assez étonnante : « voyez-vous (elle aime bien commencer par « voyez-vous »), je crois, mes c’est mon interprétation, que la balayeuse fait tout ce bruit car c’est du vieux matériel dont on se sert pour apprendre aux débutants à se servir du matériel… »

Ah ? 

« Eh oui, poursuit-elle, quand il passe dans ma rue, ils font beaucoup moins de bruit. »

Ah ?

Je me demande si, quand Genevieve est chez elle, elle ne débranche pas son appareil auditif car j’ai l’impression que cette balayeuse fait toujours un boucan du diable, même quand elle passe devant chez moi.

Ou alors, ils nous ont affecté, pour le quartier, que des stagiaires ! Il faudrait écrire à Kossowski.

Accalmie, je vais rentrer. Mais je vais saluer JM avant de partir. Sur qui je tombe : Paulette ! (La petite-grande Dame).

Avec Paulette, il n’y a pas d’histoires de paupiettes (de veau), mais on échange sur l’état du monde et vers quel impasse il se dirige. Je lui ai prêté le livre du jeune philosophe japonais, Kohei Saito, qui revient sur les écrits de Marx et qui prône la décroissance. Le titre du livre est « Moins ! La décroissance est une philosophie » Elle me dit qu’elle le trouve très intéressant et que ça lui rappelle des choses de sa jeunesse. 

C’est ainsi que les hommes vivent !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire