mercredi 15 janvier 2025

Ce matin au kiosque 84 : La Saga Sadorski, Jean Assolant et la bataille de Madagascar, Les gilets jaunes

Un jour à marquer d’une pierre blanche : JM est parvenu à vendre un Apprentissage !  Faut dire que l’on s’y est mis à deux et que si je n’avais pas donné le coup de pouce supplémentaire, un être vivant sur cette terre (bien mal menée, ne croyez-vous pas ?) n’aurait pas connu la félicité de découvrir une poésie dont hélas, seule, une postérité posthume reconnaîtra l'indéniable qualité…
Pour cette pierre blanche,  on va plutôt dire, qu’on s’y est mis à trois, car je ne dois pas oublier le destin, la providence ou tout simplement le hasard ou la coïncidence qui a fait que - appelons-la Christine - et donc, que Christine, soit venue au kiosque au moment même où JM me recommandais un petit livre de la saga Sadorski traitant des salopards de l’occupation et que sa compagne aime beaucoup (la saga, pas les salopards de l’occupation). 

Elle, Christine, venait pour commander un Lautréamont. Roman ? Poésie ? Nos avis se balancèrent un moment comme des jambons dans le clocher de Saint-Flour par jour de grand vent, mais j’interrompis d'autorité nos supputations en interrogeant Christine sur son intérêt pour la poésie. Elle m’avoua, sans que j’eus recours à une pression morale supplémentaire, qu’elle avait toujours aimé la poésie. Elle me précisa même qu’au bac, elle l’avait particulièrement bûchée au détriment du roman et que le destin, la providence ou peut-être le hasard ou une coïncidence (malheureuse) l’a fit tomber sur le roman. C’est à cet instant précis que JM (je rappelle que JM a été désigné dans cette chronique comme étant mon agent littéraire) se saisit opportunément d’un exemplaire de l’opus3 d’Apprentissage, le brandit sous les yeux (ébahis, forcément ébahis, aurait dit Marguerite Duras) de Christine en lui révélant que l’auteur est ici, juste là, que l'on pourrait même le toucher si la bienséance ne l'interdisait (du moins dans l'enceinte de ce kiosque Bolloré). 

« Vous écrivez de la poésie ? », me demande-t-elle ? « Je tente, je bricole, je m’égare, je m’essaie », dis-je, tout en baissant les yeux, vaincu par une timidité maladive. Christine s’est saisi du précieux recueil que mon agent lui a tendu dans un reflexe très professionnel, feuillette quelques pages et me demande tout de go si je lui offre. Toujours accablé par cette timidité chronique, je bafouille un "Ben pourquoi pas, mais, mais…", et puis dans mon for intérieur (assez faible) je dis tout bas : "allez, étant donné que c’est les soldes en ce moment, je veux bien le faire à 10€". Christine me remercie et, pour la remercier de m’avoir remercié, je lui lis d’un air grave et apitoyé la 4ème de couverture ; des extraits absolument magnifiques de quelques poèmes absolument remarquables. 

J’attends bien sûr avec intérêt ses commentaires.

On ne va pas non plus passer la matinée à parler de poésie au risque de vous perdre, cher lecteur, et, heureusement, Christine évoque son goût déjà ancien pour la généalogie. Pour être précis, elle en avait déjà parlé en écoutant JM présenter la saga Sadorski et en nous apprenant que des pilotes français, dont un de ses aïeux, s’étaient fait descendre dans le ciel de Madagascar par des anglais ; son ancêtre et ses camarades ayant pris unilatéralement la décision (peut-être avaient-ils entendu des voix comme Jeanne d’Arc ?) de bouter l’anglais hors du territoire malgache. 

Trêve de balivernes, soyons sérieux et direction Wikipedia qui nous apprend que l’aïeul de Christine s’appelait Jean Assolant, lequel a établi en 1929 la première liaison aérienne française entre les Etats-Unis et la France à bord de l’Oiseau Canari (Christine m'avait évoqué cet exploit). Il a été abattu et tué le 7 mai 1942 aux commandes d’un MD.406 (immatriculé 995) de l'Escadrille de Chasse No 565 par des chasseurs Martlet britanniques du Squadron 881 de Fleet Air Arm ayant décollé du porte-avions HMS Illustrious. Ses deux coéquipiers, le capitaine Léonetti (chef de la patrouille sur le MS.406 no 993) et le lieutenant Laurant (MS.406 no 842), sont également abattus lors de ce combat mais survivent. 

Cet épisode (que j’ignorais) s’inscrit dans ce que l’on appelle la Bataille de Madagascar (5 mai au 8 novembre 1942) qui a vu les troupes britanniques envahirent la colonie française, alors sous l’autorité de Vichy. De Gaulle qui n’a pas été prévenu est furieux. L'histoire ne dit pas quelle était la couleur de son caca, mais violet me semble une hypothèse à ne pas sous-estimer. Les anglais sont victorieux non sans dommages collatéraux (150 tués côté français et 107 côté anglais) et contraignent le gouvernement de Vichy à signer un armistice prévoyant le maintien d’une souveraineté française. Les français des FFL recouvrent la souveraineté de l’île en janvier 43 sous l’autorité du général Paul Legentihomme (dont l’histoire nous dit, qu’effectivement, c’était un gentil garçon).

Je crois me rappeler que Jean Assolant bénéficia de funérailles nationales (la France de Vichy n’était pas ingrate).

Christine nous parle également d’un autre de ses ancêtres, général sous Napoléon, dont le nom est gravé sur les pierres de l’arc de triomphe et non profané (à ce jour) par les gilets jaunes. 

D’aucuns me reprocheront certainement de ne pas poursuivre mon récit et de ne pas leur préciser si ce général fut emporté par un boulet à Waterloo, s’il ne fut qu’écrasé sous son cheval puis dévoré par les corbeaux, ou bien s’il coula des jours délicieux - peut-être borgne et amputé d’une jambe - dans une agréable demeure du Val de Loire (au hasard), en compagnie d'une épouse parfaite et de 25 ans sa cadette.

Mais je sais que l’attention de mes lecteurs (déjà soumise à rude épreuve) serait susceptible de se relâcher à l’évocation des mémoires complètes de ce général, aussi dois-je mettre à regret un terme à cette chronique du jour.

Je n'oublie pas que nous vivons une époque formidable avec l'annexion prochaine du Groenland et du Canada par les USA, le nième bombardement massif de l'Ukraine et la suite des réjouissances à Gaza, le soutien d'Elon Musk à tout ce qui sent cette odeur de moisi du fascisme et la dystopie bien réelle que vivent les habitant d'Anvers - et plus précisément ceux qui sont à proximité de l'ancienne usine chimique 3M - dont les terrains sont totalement pollués au perfluorooctanesulfonique : ils ont même interdiction de souffler sur la terre ! Le kg de terre dans ce coin de la Flandres bat tous les records (caviar et truffe peuvent se rhabiller !) : 10,3 millions d'€ le kg !

C'est ains que les hommes vivent...

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