dimanche 31 juillet 2011

L'intranquille


L'intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou - c'est le titre complet de ce livre - est le récit d'une trajectoire tourmentée, celle de Gérard Garouste, aujourd'hui peintre de très grande notoriété, dont la jeunesse fut comme torturée par la personnalité trouble d'un père viscéralement antisémite et violent au sein du huis clos familial.
L'une des premières phrases du livre est la suivante : "Il était dans son lit, la tête posée sur les mains, il semblait dormir tranquillement, en accord avec lui-même. Mais il était mort et j'étais soulagé." Il s'agit de son père. Pourtant il ne peut s'empêcher de l'aimer ; lui qui lui a murmuré à l'oreille, lors d'un de ses multiples séjours en hôpital psychiatrique : "pense à tes fils, pense à Guillaume et Olivier". Paroles dont Garouste dit : "C'était ce qu'il fallait dire. Il savait que la qualité d'une vie se mesure à la distance d'un père à son fils."
C'est également un livre qui parle d'un parcours initiatique qui conduit l'adolescent rebelle qui n'aime que dessiner, au peintre auteur d'une œuvre très personnelle en "forme de circonstance atténuante", dont l'inspiration est puisée aux sources des mots puissants de la Bible, dans une révolte contre la religion chrétienne qui a dénaturé le texte originel afin d'asservir les faibles, dans une recherche perpétuelle de "cette idée, à laquelle je tiens, qu'on représente une chose et qu'on en raconte une autre."
Extraits :
"Qu'on ne me demande pas si je suis encore athée, c'est une question de catholique qui oblige à se situer par rapport à la foi. Je me fous de l'existence de Dieu, appelons le x et raisonnons sur nous-mêmes. J'ai besoin d'une réflexion sur l'être et la connaissance, j'y vois comme une architecture de la pensée. Si les révolutions ont échoué, c'est je crois parce qu'elles n'offraient pas d'ouverture métaphysique, elles plaquaient trop de certitudes sur l'origine de l'homme et son destin."
"A trente ans, j'ai fait un rêve. Une voix me disait : il y a deux sortes d'individus dans la vie, les Classiques et les Indiens. (...) Le Classique est un homme pétri par la norme, il n'inventera jamais rien, ne fera qu'obéir et suivre le mouvement en rêvant d'ascension sociale. C'est mon père. L'Indien est un intuitif, un insoumis, un créatif. (...) Mais l'extrême Indien court vers la folie. je le sais pour avoir croisé quelques Apaches dans les hôpitaux psychiatriques."

Merci à Gio qui se reconnaîtra ; si elle vient jusqu'ici...

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