jeudi 24 novembre 2011

Patrimoine(s) Tous conserv(n)és ?


Titre d'une table-ronde organisée récemment à l'initiative du magazine "Architecture d'Aujourd'hui" ("AA" pour les connaisseurs) sur la question du patrimoine, de sa protection, écartelé entre les conservateurs à tout crin et les adeptes de la "tabula rasa", (sur ?)protégé par une réglementation imparfaite (normal : dura lex sed lex !). Qu'en tirer d'essentiel ? Une unanimité de la tribune pour rappeler qu'il était absurde d'opposer patrimoine et modernité. Un contraste saisissant d'épaisseur dans les discours des intervenants : l'invective, l'ironie ou l'agression verbale (plutôt chez les architectes) ne pèsent finalement pas lourd face à l'argumentaire construit, étayé et calme (chez un docteur en histoire de l'art et de l'architecture). Et puis surtout la prise de parole de Claude Parent, relatant l'anecdote de sa rencontre avec l'évêque à propos de son église de Nevers qui, si elle n'est pas consignée quelque part (l'anecdote... et par exemple, ici !) risque d'être oubliée. C'est peu de dire que Sainte Bernadette fit - et fait sans doute encore - polémique. Cette église, coincée dans un territoire peuplée d'immeubles sociaux, évoque à première vue un bunker. Je laisserai à chacun son jugement sur l'édifice. J'espère pouvoir revenir dans ses lignes apporter mon point de vue ; mais ce sera après l'avoir visitée, évidemment. Revenons à l'anecdote. Donc, Claude Parent face au "Monseigneur" qu'il décrit grand, baraqué et portant soutane (nous sommes dans les années 60). L'église est construite. Notre architecte iconoclaste et néanmoins académicien (un oxymore à lui tout seul), s'attend à passer un quart d'heure moyennement sympathique, tant la levée de boucliers a été quasi unanime. Et voilà l’ecclésiastique qui lui dit : "il y avait tant de gens qui étaient contre votre projet, tant de choses épouvantables dites à son sujet, que je me suis dit : si je la fais, il se passera des choses dedans, c'est évident !". L'auteur de Sainte Bernadette souligne qu'à chacune de ses visites dans l'église, il a découvert une "chose" qu'il n'avait absolument pas imaginée lors de sa conception ; et de faire glisser le propos vers la question de l'autonomie d'une œuvre ; question fondamentale, en guise de remède contre l'ego (démesuré) de la plupart des architectes...

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