Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
vendredi 4 novembre 2011
Nouveau monde Nouvelles idées
C'est le slogan du moment ; tout du moins celui qui s'affiche derrière les pupitres du G20 réuni actuellement à Cannes sous la présidence de notre président. Nouveau monde ? Ces deux mots résonnent dans notre imaginaire comme une promesse de bonheur. Le "Nouveau monde", n'était-ce pas ce continent américain que chacun, jadis, percevait tout à la fois comme une corne d'abondance et un espace immense des "possibles" ? Le "Nouveau monde" de 2011 a-t-il quelque chose de commun avec cette utopie du 19ème siècle ? Nous savons désormais que la corne d'abondance a un fond et que ses fruits se font à la fois plus rares, moins frais et surtout que si rien ne change il n'y en aura pas pour tout le monde ! Nous avons toujours beaucoup de peine à comprendre que le "tout est possible" de la société de consommation n'est qu'un mirage qui ne sert qu'à sans cesse nourrir l'illusion en même temps que les pouvoirs financiers qui l'entretiennent.
"Nouvelles idées" ? Force est de constater qu'elles ne sont pas encore disponibles dans les rayons du magasin de l'humanité. Les grandes théories politiques se sont épuisées à l'exercice concret du pouvoir ; le capitalisme tente de faire croire qu'il constitue encore l'unique planche de salut (comme celle posée sur le bastingage d'un navire de pirates du haut de laquelle les condamnés sont précipités dans la mer ?). Les valeurs humanistes, qu'elles soient portées par les religions ou les philosophies issues des "Lumières", ont été balayées par les nouvelles "valeurs" d'un matérialiste de charbonnier ; les trois piliers des consciences sont aujourd'hui la Communication (avec ses deux bras armés que sont la télévision et la publicité), le Commerce (avec ses fondamentaux : la Bourse et les Centres commerciaux), les Loisirs (j'existe car j'ai "fait" la Thaïlande ou les Maldives).
La tolérance est un concept presque obscène. La démocratie représentative est à bout de souffle.
Le "Nouveau monde" compte désormais 7 milliards d'individus dont 20% qui se goinfrent (pour combien de temps ?). Les "Nouvelles idées" font bruler les locaux d'un journal libre ou manifestent contre la représentation d'une pièce de théâtre, au prétexte du blasphème. Le "Nouveau Monde" continue à spéculer sur la misère de l'autre. Les "Nouvelles idées", c'est un printemps des peuples arabes rattrapé par l'ordre religieux. Le "Nouveau monde" s'est un monde qui continue à dépenser des milliards pour entretenir un arsenal atomique.
Une chose est certaine : plus personne ou presque ne peut croire que ceux qui défilent derrière les pupitres et devant ces mots "Nouveau monde Nouvelles idées" peuvent incarner ce slogan.
(Moralité : on ne peut pas être submergé d'optimisme tous les matins !)
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Beau papier je trouve. Je suis resté sidéré par ce G20 qui marque peut-être un tournant. Dans ce nouveau monde, c'est apparemment la démocratie qui est obscène, non? Et l'Union Européenne une forme douce de dictature. J'emprunte cet adjectif, doux, à Hans Magnus Enzensberger dont je recommande formellement le dernier livre plein d'esprit, de sens et d'humour inattendu sur un tel sujet (Le Doux monstre de Bruxelles, chez Gallimard).
RépondreSupprimerEn effet, le mythe de l'abondance illimitée n'est pas mort. Un livre m'intrigue, pas encore lu : Les Trente glorieuses sont devant nous" chez Rue Fromentin. Il fallait oser!
Merci pour ce commentaire. Effectivement, les cris d'orfraies des dirigeants "bien sachant" contre la proposition visant à consulter un peuple avaient quelque part un accent oligarchique.
RépondreSupprimerLe système de gouvernance par les marchés est une forme de dictature violente. L'Europe, prise dans ce filet, ne peut qu'être le relai de cette violence. La financogarchie s'est substituée à la démocratie ?
Financiogarchie plutôt. Le commandement par la finance
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