Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
mardi 22 novembre 2011
Topographie des terrors
C'est le nom du bâtiment-exposition édifié à l'endroit-même où se trouvaient les bâtiments qui ont abrité, de 1933 à 1945, le siège des services qui ont mis en oeuvre l'horreur nazie (Gestapo, QG des SS, Sécurité du 3ème Reich, etc. ...).
Le bâtiment se présente comme un très grand parallélépipède métallique creusé en son centre d'un patio rectangulaire, légèrement surélevé par rapport à un terrain paysagé uniquement d'une caillasse sinistre rappelant les cailloux brisés à coups de pioches et de masses par les déportés. Le dessin des modules de façades - tous les mêmes - est minimal, mais parfaitement juste. L'ensemble donne une impression de retenue, de discrétion, qui correspond bien à la symbolique du lieu*.
Dans l'espace intérieur est installée une exposition présentant, à grands renforts de photos, les acteurs du nazisme ; principalement les bourreaux mais également les victimes. Les visages des premiers ne sont pas particulièrement monstrueux, même si, sur certains, on ne peut s'empêcher de détecter les marques de la lâcheté ou de la perversité (voir le poème de Léonard Cohen sur Eichman).
Surtout, on est stupéfait de constater que certains individus particulièrement épouvantables, responsables de tueries ou d'actes de barbarie, n'ont écopé que de quelques années de prison au terme desquels ils ont été libérés pour "bonne conduite", et recyclés sans problèmes dans la société allemande.
Enfin, l'exposition montre à quel point, même si l'Allemagne a eu ses héros, le nazisme a pu contaminer une large partie de la population.
Cette exposition interroge : sur la montée actuelle des extrêmes (et en Allemagne aujourd'hui, le nazisme suscite encore, tristement (de plus en plus ?), des vocations !), sur le courage qu'il faut aux allemands pour affronter le fait que la génération de leurs parents ou grands-parents furent celles qui accompagnèrent le régime hitlérien, de son ascension jusqu'à sa débâcle sanglante.
Aurions-nous le courage de faire un "Musée de la collaboration" ?
* l'architecture du bâtiment est l'oeuvre d'Ursula Wilms, de l'agence berlinoise Heinle, Wischer & Partner)
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