Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
dimanche 15 mai 2011
La cas Jekyll
Ce monologue de Christine Montalbetti, joué par Denis Podalydès, d'après le chef d'oeuvre de Robert Louis Stevenson "Docteur Jekyll et Mister Hyde" (....), est une pure merveille.
Une réflexion sur l'Homme, l'obligation (la résignation ?) à l'équilibre entre Raison et Passion, au risque du naufrage. D'un côté le "charme doucereux de la vie", de l'autre la jouissance d'une liberté illimitée. Dieu et le Diable. Abel et Caïn. Le jour et la nuit. Ambivalence.
Réflexion également sur la Science. L'expérience de Jekyll relève initialement d'une "visée scientifique" ; il précise à son interlocuteur et ami Utterson, auquel il a choisi de livrer un récit qui lui vaudra "quelques soubresauts et ta peau blanche se hérissera", qu'il revendique avant toute chose d'être reconnu comme savant et que c'est scientifiquement qu'il veut lui "raconter les choses". Mais Jekill ne va pas pouvoir maîtriser son invention ; elle va le dépasser et Hyde, son double maléfique, va l'anéantir. Apprenti-sorcier. Fukushima. Pesticides. Usage immodéré de l'énergie. Etc.
Alors que Jekill-Hyde va mourir, un somptueux dialogue s'instaure entre eux :
Hyde : "Est-ce que je ne t'ai pas sauvé de l'ennui ? (...) Tu ne m'as donné d'autre fonction que d'aller commettre à ta place tous les forfaits dont, dans le secret de ton âme mesquine, tu rêvais. Est-ce que je ne t'ai pas laissé le plus beau rôle ? est-ce que je n'ai pas eu cette générosité de t'abandonner les honneurs, et de me contenter de cette vie de l'ombre ?" (...)
Jekill : "Ta parole est un poison. Comment oses-tu ?"
Hyde : "Mon pauvre Jekill, tu n'es pas plus épais qu'un fantôme. Sais-tu ce que fais la brume à la ville ? Ce qu'elle estompe, ce qu'elle efface, ce qu'elle rend indistinct ; les idées aussi, au-dedans. La clarté des pensées, les limites, tout s'y fond."
Et le final (c'est Hyde qui parle) :
" Ta bonté calme et imparfaite me manque.
J'aimerais me blottir sous ton aile immaculée.
Les hululements des hiboux de Londres me fatiguent.
Que n'as-tu su m'en protéger.
Quand ce sont seulement des genêts qu'il nous faut, des genêts, de la bruyère et du vent."
Regrets. Amertumes. Victoire de Jekyll ?
S'il vous est possible de voir ce spectacle (ne part-il pas en tournée ?) : ne pas hésiter !!!
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Vu il y a un an à Chaillot. J'avais donné mes impressions alors sur mon blog. J'avais bien aimé.
RépondreSupprimerJe vais y retourner !
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