Ezy-sur-Eure est une petite commune de Normandie à quelques encablures du très beau château d’Anet, certainement prédestinée à accueillir le célèbre Musée du peigne puisque l’une des grandes familles gouvernantes d’Ezy fut très tôt (12ème siècle ?) les DES BROSSES.
Mais ce qui fait l’intérêt d’Ezy-sur-Eure pour le lecteur attentif, amateur d’architecture moderne et contemporaine, c’est l’église Saint André, œuvre de Maurice Novarina, architecte prolifique et talentueux, auteur – entre autres - de 32 édifices religieux, parmi lesquels l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau d’Assy en Haute-Savoie qui intègre des œuvres de Léger, Matisse, Chagall, Braque et Rouault.
Saint-André se présente comme une grande maison comportant 4 murs, et un simple toit à double pente porté par de discrets portiques métalliques. Tout dans le dessin respire une certaine retenue, et la silhouette comme les matériaux ne sont pas sans évoquer cette architecture de montagne sans fioriture, construite avec des matériaux « vrais ». Il n’y a rien à enlever dans la composition ; le débord du toit est précis, l’équilibre des volumes est juste, les tuiles plates parlent à l’appareillage régulier des pierres. A l’intérieur, l’espace est libre de tout poteau intermédiaire et la lumière extérieure est filtrée par deux bandes de vitraux placées sur les allèges de pierre des longs-pans, œuvre de l’artiste Elvire JAN (1904-1996). Sur le mur du chœur, le sculpteur Louis Chavignier (1922-1972) a réalisé un magnifique Christ en bois dont la silhouette toute entière, d’une très grande pureté, invite naturellement à une certaine élévation spirituelle. Au sol un opus incertum de grandes plaques d’ardoise noire souligne une nouvelle fois la modestie du lieu.
Bâtie en 1956-1957 avec des moyens financiers limités – c’est les villageois eux-mêmes qui ont construit l’édifice - l’église n’avait pas été dotée de clocher. En 2007, soit 50 ans après son édification et au terme d’un concours public, c’est le projet de Patrice Novarina – le fils de Maurice – qui est retenu. Trois années plus tard, le nouveau clocher affirme son élégance et sa modernité. Placé à distance respectueuse de l’œuvre originelle, il se présente comme un campanile d’une très grande finesse, constitué d’une structure tridimensionnelle élancée, en acier inox, qui culmine à plus de 25 m de hauteur. L’architecte évoque « le contraste qu’il a voulu instituer entre la belle épaisseur des murs de cette église (notre condition terrestre) et le simple élancement de la structure raffinée de son campanile (notre besoin d’élévation spirituelle – le mystère de la foi)."
Merci à PN et CN pour cette découverte et leur amitié.
Bel article qui me touche !
RépondreSupprimerAmitiés
Romain, fils de Patrice