Petit texte rédigé à la manière de « Le mode interrogatif » de Padgett Powell paru aux éditions La contre-allée ; ouvrage de 232 pages exclusivement composé de questions.
Diriez-vous, avec Giancarlo di Carlo, architecte, enseignant et théoricien de l’architecture que « l’architecture est trop importante pour être laissée aux seuls architectes » ? D’une façon plus générale, trouvez-vous qu’il est souhaitable de confier aux seuls experts des domaines entiers relevant soi-disant de leur seule expertise, ou bien pensez-vous – comme Alberti, l’auteur de « De Aedificatiria » - et selon l’analyse du critique d’architecture Jean-Pierre Le Dantec, que « le jugement des experts (periti) souvent égaré par un désir effréné d’édifier (libido oedificandi), ne peut se passer de celui des non-experts (imperiti) » ? Comment définiriez-vous un « grand architecte » ? Pensez-vous que l’architecture et la littérature constituent des modes d’expression présentant un certain nombre de similitudes ? L’architecture n’est-elle pas également, ou plutôt, proche de la musique ; à cet égard partagez-vous le point de vue de Goethe qui qualifiait l’architecture de « musique silencieuse » ?
Que vous inspire les paroles de Mies van der Rohe prononcées un peu avant la seconde guerre mondiale : « Il est important pout toutes époques, y compris la nôtre, de donner à l’esprit l’occasion d’exister » ? Diriez-vous qu’il a été entendu ? Pensez-vous que notre époque partage cette conviction ? Peter Zumthor, Pritzker Price 2009, indique dans un récent entretien : « "L'esprit du temps est un thème qui ne m'intéresse pas. Je veux seulement construire de bons bâtiments. Je travaille avec des émotions, avec des intuitions. Avant d'être construits, les bâtiments sont des images. (...) C'est absurde, mais une sensation est déjà presque une image." Pourriez-vous citer les trois dernières œuvres ayant reçu le Prix de l’Equerre d’Argent ? Quels sont les trois bâtiments de l’architecture contemporaine que vous estimez être les plus remarquables ? Pensez-vous qu’il faille opposer l’architecture classique à l’architecture contemporaine ? L’ornement est-il un crime ? L’architecture est-elle un « art contaminé » comme l’affirme Renzo Piano ? Etes-vous un fervent partisan de la « fonction oblique » ?
Partagez-vous le point de vue suivant de Rudy Ricciotti, Grand Prix National d’Architecture 2006 : "Travailler ne doit pas humainement se limiter au fait d'échanger de l'argent contre du temps de vie perdu et sans qu'il y soit jamais utilisé la faculté d'invention personnelle. » ? Savez-vous que le doyen des grands architectes est le brésilien Oscar Niemeyer, qu’il est âgé actuellement de 104 ans, qu’il continue de travailler chaque matin à son bureau de Copacabana, et qu’il s’est marié il y a quelques années (à seulement 99 ans) avec sa secrétaire, une toute jeune sexagénaire ? Auriez-vous une idée pertinente pour utiliser la Halle Freyssinet dans le 13ème arrondissement, œuvre industrielle de l’inventeur du béton précontraint, qui vient récemment d’être inscrite au titre des monuments historiques ? Partagez-vous le point de vue de Jan Kaplicky, architecte-leader de l’agence Future Systems qui déclarait : « L’architecture est essentiellement un art, mais le meilleur ingénieur de chez Boeing est aussi un artiste. » ? Et celui de Jean Prouvé qui disait qu’ « une poétique de la construction est différente d’une passion de la technique » ?
Si j’avais deux livres sur l’architecture à vous conseiller, accepteriez-vous que ça soit « Architecture et modestie », actes d’une rencontre tenue au Couvent de La Tourette en 1996, et « Penser l’architecture » de Peter Zumthor ?
Nota : pour les orbites cruelles (et soupconneuses), les photos n'ont pas de rapport direct avec le texte. De haut en bas : chantier de la Fondation Louis Vuitton visible au commun des mortels depuis l'extérieur, un pavillon délabré à St Jean Cap Ferrat, et l'ensemble particulièrement bien réussi du collectif Plan 01 dans la ZAC de la Semapa derrière la Bibliothèque François Mitterrand.
Nota : pour les orbites cruelles (et soupconneuses), les photos n'ont pas de rapport direct avec le texte. De haut en bas : chantier de la Fondation Louis Vuitton visible au commun des mortels depuis l'extérieur, un pavillon délabré à St Jean Cap Ferrat, et l'ensemble particulièrement bien réussi du collectif Plan 01 dans la ZAC de la Semapa derrière la Bibliothèque François Mitterrand.
Dans cette riche panoplie manque Franco La Cecla et son livre "Contre l'architecture", qu'en dis-tu? :-)
RépondreSupprimerJe n'en pense pas que du bien, et en tout cas, dans mon souvenir, il n'est pas à la hauteur des deux mentionnés. Je ne comprends absolument pas comment on peut retenir un titre pareil. Comment peut-on être "contre l'architecture" ? Je me demande d'ailleurs si je n'en ai pas parlé ds ce blog ? Va falloir que je recherche... En tout cas, ça me donne des idées pour nourrir ma "forme interrogative" !
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