Louis Aragon considérait "Le Guépard" comme "l'un des plus grands romans de ce siècle" (le 20ème). On serait tenté par partager le point de vue du poète ; un tel jugement impose de disposer d'une culture suffisante ; ce n'est pas le cas. Donc, on se contentera d'affirmer qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre...
L'histoire est celle de la fin de la maison Salina incarnée par le Prince Don Fabrizio, personnage complexe, aristocrate curieux, hédoniste absolu (il évite aussi le déplaisir), lucide spectateur de la décadence d'un monde auquel il appartient, acteur - au travers du soutien qu'il témoigne à l'arriviste Tencredi, son neveu et pupille - de la révolution en marche puisque "Si nous voulons que tout continue, il faut d'abord que tout change." ; phrase devenue presque un mythe chargé de cynisme et d'absurde.
C'est une œuvre tour à tour sombre et sensuelle, morbide et somptueuse, servie par un style magnifique qui accompagne la description des ors décatis du palais de Donnafugata, des paysages de Sicile écrasés par la chaleur ou de la volupté d'Angelica.
Il serait intéressant de replacer ce roman dans une réflexion qui traverse notre actualité : celle de la fin d'un monde et de ses paradigmes ; mais pour créer quoi : du nouveau, vraiment du nouveau ou bien du pire ?
Le film, Palme d'or à Cannes en 1963 (cinq ans après sa parution), servi par Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale, ne reflète que très moyennement la profondeur, la complexité et la beauté du livre.
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