Vus du ciel, la nuit, quand l'air est pur et sans nuage, les villages ressemblent à des bijoux en or jetés négligemment sur un écrin de velours noir. Colliers, pendentifs, perles plus ou moins grosses et plus ou moins nacrées, médaillons ésotériques, composent une calligraphie gigantesque faite d'un enchevêtrement de signes cabalistiques. Dans cette architecture , il n'est pas rare que nos yeux s'attachent à repérer et suivre quelques instants une minuscule lueur solitaire qui progresse le long d'un couloir balisé comme une sorte de globule phosphorescent prisonnier d'un capillaire sanguin. On se prend à imaginer que dans ce point microscopique une vie ou plusieurs existent que nous ne connaîtrons jamais, des vies qui ignorent ce regard curieux (stratosphérique ?) auquel l'altitude confère une sorte de supériorité dérisoire ; on se prend à penser à la teneur de ce lien qui nous met dans cette correspondance fragile avec le ou les occupants du véhicule : les connait-on ? Existe-t-il des lieux, des connaissances que nous avons pu partager ? Peuvent-il savoir qu'à cet instant précis, à plusieurs centaines de mètres au-dessus d'eux, quelqu'un a établi une relation indicible dont ils sont l'objet et une moitié de la cause ? Et puis le globule s'efface dans la nuit. Et puis d'autres arabesques apparaissent. Cette nuit, précisément, on a affaire à un véritable casse.
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