Alice est gardienne de musée. Pas n'importe lequel : le nouveau musée Jean Cocteau à Menton, inauguré à la fin 2011, œuvre de Rudy Ricciotti, architecte iconoclaste et sudiste, et néanmoins attachant. Elle (Alice) est très sympathique et prête à partager avec vous son point de vue sur le bâtiment où elle est employée, pour peu qu'elle ait repéré derrière les grandes vitres fumées l'amateur d'architecture (que vous êtes certainement, puisque vous êtes venu jusqu'ici). Alice est intarissable. Elle vous dira que l'architecte est un bel homme, gentil, très simple, évidemment un peu artiste et fantasque ("c'est un architecte"), qu'elle a parlé avec lui et qu'il lui a même fait la bise lors de l'inauguration. Elle vous expliquera que ce bâtiment est à l'image de Cocteau, ambivalent, à la fois masculin et féminin : trapu à l'extérieur, élégant et gracieux à l'intérieur. Elle vous confiera qu'elle s'amuse beaucoup à observer les gens qui passent dehors, le long de la façade de verre fumé et qui ignorent qu'on les voit, ceux qui font la moue ou qui prennent des poses pour se photographier, des couples parfois qui se glissent derrière le galbe des poteaux, et se pensant à l'abri des regards, se font des petits câlins amoureux. Alice, elle observe tous ces amours furtifs et ne cèderait sa place pour rien au monde, surtout pas pour "un de ces musées obscurs comme on en voit trop, partout, ça jamais !" Quand même, la lumière ici, Alice vous explique qu'il y en a un peu trop et que ça gêne les œuvres exposées. C'est pourquoi il a fallu mettre tous ces rideaux en voilage et même en installer sur les fentes horizontales en verre du plafond. C'est un peu dommage. Mais, poursuit-elle, regardez comme c'est beau, le contraste entre l'espace tout blanc et ces formes très féminines, les poteaux du dehors, que l'on perçoit d'ici sombres, presque noirs. Le contraste, le blanc et le noir. "C'est vraiment une œuvre très belle", affirme-t-elle, comme pour finir par vous convaincre. "L'architecte construit actuellement un très beau musée à Marseille", poursuit-elle, "dès qu'il sera fini je m'y précipiterai. Vous connaissez aussi ce qu'il a fait à Aix en Provence ? C'est magnifique." Elle vous souhaite une agréable visite et lâche une dernière fois : "l'architecte, il est très fort, car pour réussir à imposer quelque chose d'aussi moderne ici où, vous avez vu, c'est très classique, on est dans le sud, un pays de retraités, ... il faut être vraiment fort ; moi je l'aime beaucoup !"
Merci donc à Alice qui se reconnaîtra si elle parvient jusqu'ici... et qui mérite certainement une invitation pour l'inauguration du MUCEM...
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RépondreSupprimerSi je comprends bien c'est en quelque sorte un lieu de contrastes et de lumière !
RépondreSupprimerAbsolument !
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