lundi 17 mars 2025

Ce matin au kiosque 95 : Procrastination et nouveautés béconnaises, attention et respect

Un mois. Voilà déjà plus d'un mois que je me suis carapaté loin de Bécon, sa gare, son kiosque, ses « habitués ». D’abord le Béarn et les Pyrénées ; une semaine de ski sur un tapis de neige que les assauts d’un soleil radieux ne sont pas parvenus à dissoudre totalement avant la fin de mon séjour. Puis quelques temps en Dordogne, au confins de la Charente, dans cette région de collines douces où l’eau de la Dronne, « la plus belle rivière de France » selon l’éminent géographe et anarchiste Elisée Reclus, semble poursuivre avec une lenteur assumée son destin timide qui la verra s’effacer, « belle et souple » comme la qualifiait François Mitterrand, devant la modeste Isie qui, elle, se perdra au terme d'une série de méandres capricieux dans l’orgueilleuse Garonne. Enfin, les terres insulaires des Charentes ; Ré dont les rivages, comme un bouclier invisible, repoussent du coude les nuages sur le continent afin d’offrir au soleil l'occasion de cuirasser l’océan de milliers de virgules d’argent, et d’enflammer l'horizon du soir de parades incendiaires.

Et pourtant, depuis mon retour il y a déjà une semaine, je ne suis pas parvenu avant ce matin à me confronter au rectangle gris laiteux de mon écran d'ordinateur, pour une nouvelle chronique béconnaise. Je procrastine sans honte, mais avec regrets. Alors, en suivant les conseils de Boileau, je vais me "hâtez lentement et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettre mon ouvrage."

Quoi de neuf à Bécon ai-je demandé dès mon retour, après avoir attendu que cesse les vivats de la foule accueillant le fils prodigue. La réponse fut unanime : rien. Rien de neuf. Alors, à défaut de nouveautés, les conversations sautèrent, comme toujours, du coq à l'âne ; l'âne étant bien entendu Ubu-Trump. Le lecteur curieux s'interrogera sur l'identité du coq...

Quoi de neuf ? Eh bien, une épicerie italienne proche de la Place de Belgique, à laquelle on ne peut que souhaiter un bail plus long que son prédécesseur, un fromager qui "à trop embrasser à vraisemblablement mal étreint", tant ses fromages se perdaient parmi une quantité d'autres produits annexes. En réalité, la population locale a dû voir d'un œil étonné ce 3ème fromager s'installer là où, dans un rayon de 300 mètres, deux autres de ses confrères exerçaient déjà avec un talent reconnu.

Et puis aussi, un nouveau commerce de poisson qui veut s'ouvrir, avec le soutien de la municipalité comme en témoigne une large enseigne installée sur la future devanture, en lieu et place d'une précédente poissonnerie qui n'avait tenu que quelques mois. On souhaite bonne chance à cette aventurier de la marée, sachant que deux fois par semaine déjà, à un jet de pierre, le marché recèle trois poissonniers de qualité...

J'amuse beaucoup les habitués avec ma nouvelle manie de venir à vélo sur le parvis sachant que mon domicile se trouve à moins de 5 minutes à pied.

L'un de nos amis nous a confié souffrir d'une tumeur sous la lèvre. La porte de sortie du magasin de presse est toujours fermée car JM craint le courant d'air froid d'un hiver qui ne veut pas céder sa place. JM, précisément, a échangé avec un homme mal en point dont il m'a appris la triste condition qui le fait dormir dehors alors qu'il dispose d'un appartement. Je dois souligner ici que les mots très simples avec lesquels JM s'est entretenu avec ce pauvre homme témoignaient d'une grande attention et d'un respect dont certains devraient s'inspirer plutôt que de voter des lois d'exclusion contre les malmenés de la vie.

Au fait : avez-vous réalisé que nous sommes en plein "Printemps des Poètes", et ce, jusqu'au 30 mars prochain ? Alors, à vos inspirations ! En illustration, l'affiche du Printemps des poètes 2025.

C'est ainsi que les hommes vivent. 



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