Très petit cénacle ce matin : Amélie, Tana Umaga, Gilles le Biker, Genevieve et Christiane d’Anatolie.
Genevieve nous informe que ce n’est pas toujours facile de manœuvrer un pilulier. Je suis obligé de la croire sachant que, par bonheur, son usage ne m’est pas encore imposé. Nous sommes revenus sur l’échange que Gilles a eu avec son infirmière et ce que j’ai considéré comme un compliment quand elle a fait état de sa carrure (Tana l’a interprété comme une avance). Genevieve intervient dans le débat avec pertinence : vous n’avez quand même pas la silhouette d’un danseur mondain, lui dit-elle, s’adressant à Gilles. J’ai compris « danseur exotique » ; vous savez : tablette de chocolat, pectoraux glabres et musclés d’adonis, jeux de hanches sexuels et sourire figé laissant imaginé que le type est satisfait de se produire en string devant un parterre de touristes blasés.
Pourquoi en sommes-nous venus à évoquer Ferrat, Aznavour, Trenet et Brassens avec un brin de nostalgie ? Si, voilà : Genevieve (encore !) qui nous demande si on a vu « En fanfare ». Je m’aperçois avec stupeur que Genevieve ne lit pas mes chroniques : mauvais point !
Bref, oui, j’ai vu « En fanfare » et j’ai même chialé durant une bonne partie du film ; mais, ça, pour des raisons très personnelles. Le final est formidable avec cette fanfare qui joue… mais non, je me suis gouré : j’ai confondu avec la scène splendide d’ « Emilia Perez » quand une autre fanfare reprend « Les Passantes » de Brassens. Dans « En Fanfare », c’est « Le Boléro » de Ravel, interprété a capella ; magnifique aussi.
Tana nous a parlé de son service militaire chez les paras à Pau. Il faisait partie de la musique du régiment. Un adjudant (probablement) lui ayant demandé s’il savait jouer d’un instrument, il lui avait répondu qu’il avait une dizaine d’années d’accordéon ; le juteux lui avait dit : c’est bon, donc tu vas aller jouer du cor ! Et c’est ainsi que Tana a joué du cor (pas « du corps », encore que…) en défilant au pas sur la Promenade des Pyrénées et sous le regard d’une Lolita qui cherchait à l’évidence à perturber cette troupe de testosteronés, en apparaissant « oualpée » à un balcon.
C’est à l’intérieur du kiosque que j’ai revu Christine. Elle m’a rappelé le nom de son aïeul général de Napoleon dont le nom est gravé sur le pilier nord de l’Arc de Triomphe : Rouyer, Marie François. Il y en a une petite tartine dans Wikipedia sur cet homme qui a passé 40 ans de sa vie à guerroyer un peu partout en Europe, de la Turquie à l’Espagne, en passant par la Belgique et l’Autriche, et sans le Guide du Routard ! Ce que ne dit pas Wikipedia, mais que Christine m’a révélé sous le sceau du secret, c’est que l’homme n’était pas seulement un hyper-actif sur les champs de bataille, mais aussi sous l’édredon ! Sa progéniture aurait dit-on fait pâlir d’angoisse Malthus (1766-1834). Et enfin, ce qu’ignore encore Wikipedia, c’est qu’il est enterré au château sinistre de Couvonges à Harchechamp dans les Vosges. Longtemps le bruit a couru que sa tombe était au Père Lachaise et que, compte-tenu de sa fertilité, de jeunes femmes en mal de maternité s’adonnaient frénétiquement à des exercices manuels sur une excroissance de son gisant ; mais tout ceci (le gisant, l’excroissance) n’est que pure légende et fut démenti par une commission d’enquête sollicitée par les amis du journaliste Yvan Salmon, dit Victor Noir (1848-1870).
Il faut ajouter qu’on a longtemps cru qu’une dénommée Malcy Anne Jeanne était sa fille, alors qu’il n’en était rien, mais qu’il s’agissait d’une drolesse qu’il avait adoptée, laquelle finit par faire un beau mariage avec un pair de France (j’évite la plaisanterie graveleuse), héritier de la famille Clary dont l’arbre généalogique s’enorgueillit de deux reines, une d’Espagne et une de Suède et Norvège, ainsi que d’une tripotée de députés et sénateurs.