vendredi 15 novembre 2024

A la recherche du futur 3

« Dire qu ‘ « il faut une politique économique plus juste et équitable » est une chose, croire que cela conduira le peuple à se détourner des populistes est une illusion », pense mon ami B. faisant suite aux déclarations de Lucie Castets parues dans Alternatives Économiques.

Il a sans doute raison et le « dire » doit être suivi du « faire » et du « faire savoir », sans quoi il ne s’agira que de vaines incantations.

Le « faire savoir » est aujourd’hui fondamental et il passe par les canaux des réseaux sociaux qui sont une caisse de résonance incontournable à une époque où une majorité de personnes - et en particulier dans les classes d’âge de 18 à 35 ans - s’informent quasiment exclusivement via ces médias. 

Plusieurs articles ont souligné le déficit de la gauche en matière de maniement des réseaux sociaux dans le relai des idées politiques. Ce déficit s’explique en partie du fait qu’il est plus facile de dénoncer ou d’affirmer sans preuves que de bâtir un argumentaire solide, documenté et objectif. Par ailleurs, à l’ère du triomphe du clash, de la « punchline »et de la « scrollture » (scroller + lecture), le message alliant virulence et concision constitue une arme de destruction massive de la capacité de réflexion et d’analyse. Un message relayant des idées positives, des actions suggérant un effort particulier sur la base de concepts tels que la protection du vivant, la solidarité ou une notion du bonheur détachée de pulsions consuméristes et d’enrichissements financiers, sans qu’il s’agisse d’un appel à embrasser une cause philosophico-ésotérique fumeuse, a ainsi toutes les difficultés du monde pour trouver son auditoire. 

Question en guise de conclusion : Et si nous parvenions à redéfinir le bonheur ?

mercredi 13 novembre 2024

A la recherche du temps futur 2

Voici un premier commentaire d’un ami avec lequel je converse de ces sujets :

Mon cher Claude

(…) La question est sérieuse : comment sort-on du populisme à l’heure des réseaux ? Les réseaux peuvent-ils se retourner ? La dimension économique je  n’y crois pas. Les populistes peuvent affamer le peuple qu’il les soutiendra encore. Ça s est vu sous toutes les dictatures. Il est très difficile d’en sortir. Il faut utiliser au maximum les espaces qui nous restent.

Ceci veut aussi pour Castets. Dire « il faut une politique économique plus juste et équitable » est une chose, croire que cela conduira le peuple à se détourner des populistes est une illusion.

Décidément la question du peuple moteur de l histoire et du progrès social et humain est centrale et des plus épineuses.

(…) 

Il faut espérer que les populistes feront suffisamment d’erreurs pour scier la branche sur laquelle ils ont indûment pris place.

Décidément il faut peut être substituer Orwel à Marx et Hegel.

Espérons néanmoins : chaque jour est un jour nouveau et le monde peut en être bouleversé.

A la recherche du temps futur 1

Le monde se prépare à des lendemains compliqués ; ça n’a échappé à personne sauf aux simples d’esprit ; même les cyniques doivent y trouver matière à profit ; je range les indifférents parmi la première catégorie, avec moins d’excuses.

J’entends souvent l’argument, relevant du fameux et parfois sinistre « bon sens », consistant à déclarer que l’histoire de l’humanité a toujours été ponctuée de crises épouvantables (guerres, épidémies, génocides, etc.) et qu’elle s’en est toujours sortie. Bien sûr, celle qui s’annonce fera date. Mais la Science saura se faire providentielle et nous permettra de surmonter cette crise ; c’est tout du moins l’avis des technicistes (qui ne sont pas tous, ni cyniques ni indifférents).

Rien n’est moins certain : les signes d’un effondrement possible si nous ne changeons rien à nos modes de vie - effondrement annoncé par le milieu scientifique depuis 50 ans - sont de plus en plus tangibles et défraient l’actualité.

Mais il me semble important de distinguer 2 crises, même si elles sont interconnectées : l’une de nature sociétale (ou sociale, ou psychologique), l’autre environnementale. 

Dans cette chronique, j’ai voulu m’intéresser prioritairement à la première, sans négliger la seconde de nature éminemment « existentielle » ; les résultats de l’élection aux US ne sont pas étrangers à ce choix.

Ainsi, je m’interroge, non pas sur les causes de l’attractivité du populisme et de l’extrême-droite dans des pays qui ont longtemps porté les valeurs de la démocratie - on connaît assez bien ces causes sans que l’on puisse toujours en analyser ou comprendre les paradoxes -, mais sur la capacité d’un discours porteur de valeurs démocratiques, préconisant en particulier la solidarité et la protection du vivant, à parvenir à renverser le « main stream » actuel dont le paroxysme est tout entier dans le courant « MAGA » dont on peut résumer les leitmotivs : xénophobie et priorité nationale, glorification de la consommation et déni environnemental, haine des élites et des immigrés.

Mon vœu le plus cher, dans ce cadre, serait de trouver une réponse à la question qui me taraude depuis un certain temps : quelle stratégie non violente adopter pour parvenir à renverser cette tendance ?

J’ignore si ce texte sera lu et suscitera des commentaires, mais un autre vœu serait que la réponse puisse se bâtir à partir de plusieurs - le plus possibles - de contributions.

A suivre (dans une prochaine chronique).

samedi 9 novembre 2024

Ce matin au kiosque 60 : Pessoa, FigMag, Brel

Je suis venu plus tôt que d’ordinaire au kiosque : 9H00. Les tables du parvis ne seront occupées par les « habitués » que plus tard dans la matinée : 10H00. Jean-Michel s’affaire à garnir ses rayons des nouvelles publications du jour. Deux piles du Figaro Magazine sont déjà en place. Une quarantaine d’exemplaires  avec le président du RN sur fond de dôme des Invalides en couverture pour faire la promo de son bouquin qui sort demain (JM m’a montré hier ledit bouquin dans la remise). Tout ça va partir comme des petits pains. Misère. 

Un client, un jeune homme aux cheveux longs jusqu’aux épaules. Aspect timide. Je suis en train de vanter auprès de JM la qualité de la BD sur Pessoa que j’ai achetée ici-même hier. Je lui avais évoqué le formidable spectacle vu la veille au Théâtre de la Ville sur le grand poète portugais aux 72 heteronymes. Et, JM, talentueux libraire, m’avait montré l’unique exemplaire qu’il avait ; et que j’achetai immédiatement. Mais à présent, nous revenions sur la cata de l’élection de Trump. Le jeune homme nous écoutait. Je lui dis : « Seule la poésie peut nous sauver, non ? » JM saisit l’exemplaire d’Apprentissage qui trône toujours près de sa caisse, me désignant comme l’auteur. « Je sais, vous me l’avez déjà dit. » Et, se tournant vers moi : « C’est dur la poésie. Je suis pas trop… Il y a un problème avec les intellectuels. Les gens aujourd’hui s’en méfient. Ils racontent des truc fumeux… » Il dégage une mèche de cheveux de ses yeux. Je lui réponds : « Oui, certainement… mais je m’interroge sur la façon dont nous pourrions communiquer ; ça paraît tellement difficile, à une époque de l’instant, du zapping, de faire entendre des idées qui nécessitent un minimum de réflexion, c’est à dire de temps… plus personne n’est prêt à faire cet effort ». Il cherche sur son smartphone quelque chose. Il me le tend. Je lis : « La bêtise c'est de la paresse. La bêtise c'est un type qui vit, et il se dit : ça me suffit. Ça me suffit. Je vis, je vais bien, ça me suffit. Et il se botte pas le cul tous les matins en disant : c'est pas assez, tu ne sais pas assez de choses, tu ne vois pas assez de choses, tu ne fais pas assez de choses. C'est de la paresse je crois la bêtise. Une espèce de graisse autour du coeur qui arrive ; une graisse autour du cerveau. Je crois que c'est ça. » Jacques Brel.

Et puis ce jeune homme nous quitte car il doit prendre le train.

JM me dit qu’il est avocat, spécialisé dans l’immobilier.

Christine, la rédactrice de nombreux commentaires écrits sur des post-it, est entrée et interroge JM sur un livre qu’il n’a pas mais qu’il va commander. Je le laisse en compagnie de cette grande lectrice.

C’est l’heure pour moi de partir. On est toujours dans la même m… et ça risque pas de s’arranger, sauf miracle.

Je vais encore être infidèle à Becon quelques semaines. Atterrissage vers le 20 novembre.

jeudi 7 novembre 2024

Ce matin au kiosque 59 : Jean-Michel ou l’oreille cassée

Avant d’arriver au kiosque (au magasin de presse dirait Ginette), je fais une halte chez le cordonnier, place de la gare. Une semelle de l’une de mes chaussures de marque Schmoove (fabriquées au Portugal) s’est décollée sur l’arrière. « Dites-moi si vous voulez bien me rendre ce service de me recoller cette semelle ? » Le cordonnier - celui qui est entièrement chauve et qui arbore un éternel sourire comme si les muscles de son visage avaient fait définitivement le choix du bonheur - examine ma semelle et, tout en la décollant légèrement, me dit : « Vous avez une petite course à faire ? » Et vous pensez que lorsque nous serons définitivement tombés dans les griffes d’Amazon ou même que nous n’effectuerons plus nos courses que dans des « malls » à l’américaine, nous trouverons encore ce service aimable et humain de proximité ? A cet égard, je profite de l’audience planétaire de cette chronique pour inviter tous les lecteurs à boycotter Amazon ainsi que les « malls » aseptisés.

Jean-Michel m’accueille avec un sparadrap sur l’oreille gauche. Mais même s’il eut s’agit de l’oreille droite, nulle inquiétude qu’on le confonde avec le Père Ubu de Mar-a-Lago. De même, il n’a pas subi une balle émanant d’un obscur tireur posté dans un immeuble neo-haussmannien face à la gare ; non, il s’est blessé avec un Picsou magazine ! Comme quoi le travail d’un libraire associe pénibilité et dangerosité. Vivement la retraite, Jean-Michel !

Après le café au comptoir, je rejoins sur la terrasse Anne-Marie qui est seule en tête-à-tête avec un journal. Anne-Marie est allée chez le coiffeur. Je lui fais remarquer et un voile de coquetterie paraît passer comme une ombre sur son visage ; une ombre de contentement, je précise, car on a trop souvent tendance à associer ombre à sombre ou à pénombre (et rarement à concombre), ce qui n’est pas sympathique pour un phénomène naturel qui présente parfois quelques intérêts (les jours de canicule par exemple).

Je fais état de mes sorties : hier soir, un spectacle sur Pessoa au Théâtre de la Ville (magnifique) et « Juré 2 » le soir encore avant, le dernier film de Clint Eastwood (très bien). 

Elle me parle de ses sorties à elle : celle par exemple sur les traces des films de Gérard Oury, ou bien une autre, plus architecturale, une promenade depuis Montmartre jusqu’à l’église St Eustache en parcourant les passages couverts. À Levallois, elle a également arpenté la ville pour y admirer les « murales ».

Pascal et Utah arrivent. Pascal fait la remarque du coiffeur à Anne-Marie (décidément : les grands esprits …) et nous demande si nous avons vu le concert des Stones à la télé ; celui de New-York. Que nenni, ce qui ne m’empêche pas de dire que j’ai vu Keith Richard en vidéo récemment et qu’il paraissait bien allumé. Pascal me le confirme. Mais on ne peut qu’être admiratif pour l’extraordinaire résilience de ces chanteurs milliardaires octogénaires. 

Trump, les Stones, Elon Musk… convoqués sur le parvis de la gare de Bécon les Bruyères (au passage, boycottez également X, ex-Twitter) ! 

L’homme qui vit sa vie en vélo nous rejoint en nous faisant la confidence qu’il regrettait de ne pas s’être engagé dans l’armée. La nostalgie camarade !

Monique enfin prend place aux côtés d’Anne-Marie et je dois m’excuser auprès d’elle car je doit partir faire quelques courses.

Je récupère de ce pas mon soulier et me confond en remerciements sincères. Je vais à la boulangerie pour constater avec dépit qu’il n’y a toujours pas de gougères. Mon inquiétude me taraude jusqu’à ce qu’on me dise que le boulanger en charge de cette délicieuse spécialité bourguignonne  est malade, et que ce n’est pas la fin des gougères (ni, probablement, celle des haricots, mais comme je n’ai pas de légumes à acheter…).

J’ai bien le sentiment que cette chronique ne casse pas une patte à un canard, ni qu’elle ne vaut peut-être même pas un pet de lapin, mais si vous pensez que le génie littéraire est spontané, eh bien, vous vous trompez !

mercredi 6 novembre 2024

Ce matin au kiosque 58 - Sidération, Consternation


Sidération. 

5 novembre au matin. L’humanité a enclenché la marche arrière. Sur la protection de l’environnement, le droit des femmes, la solidarité entre les peuples. Et la marche en avant vers plus de racisme, de pollution, de disparités, de conflits. 

Consternation.

Comment l’Amérique a-t-elle pu réélire un tel individu dont les discours et les actes sont à ce point régressifs, et le plus souvent creux, d’une nullité à faire bailler ? Un candidat qui n’hésite pas à affirmer qu’il gouvernera l’Amérique en dictateur ? A voir la foule de ses supporters dans les différents meetings, on pense aux foules fanatisées des grandes messes nazies. C’est une foule - une meute - qui, non pas se refuse à penser, mais ne sait plus ce que ce terme signifie. Échec total des démocrates. Biden porte une partie de la responsabilité de cet échec, mais tout le parti démocrate également. Après tout, n’est-ce pas une victoire logique ? Une grande partie du monde bascule vers des régimes autoritaires, l’illiberalisme contamine l’Europe et les idées d’extrême-droite progressent partout sur le vieux continent. 

Christian Salmon est l’auteur de « L’ère du clash », paru en 2019, dans lequel il met en évidence le fait que l’époque n’est plus à la dialectique - trop complexe, qui exige un minimum de réflexion -, mais à l’affrontement verbal, la déflagration dans les propos, les énormités retransmises en boucle sur les chaînes d’info en continu, les punch-lines à faire entrer dans du temps (réduit) de cerveau (réduit aussi) disponible, etc.


Aujourd’hui, j’ai aussi appris qu’un adolescent, le fils d’un ami, s’était suicidé dans la nuit en se jetant par la fenêtre. La dérive de l’Amérique n’en est pas la cause, mais une dépression qui ne parvient pas à guérir et la pression du milieu scolaire.

L’un des habitués, Philippe, vient de se faire retirer un rein et l’autre ne semble pas en meilleur état. Le moral est au plus bas. 


Macron s’est empressé de féliciter Trump avant même que ce dernier recueille officiellement la majorité des 270 sièges. Quelle précipitation indécente ! Il aurait mieux fait de déclarer 3 jours de deuil national pour la planète et l’avenir de nos petits-enfants.


Au kiosque, on semble relativiser l’impact de ces élections. On parle de taxation des produits français exportés vers les USA : champagne, foie gras, fromages, etc. On compatit pour l’Ukraine. 

J’ai envie de dire que ce n’est pas le champagne ou le foie gras le plus grave dans cette affaire. La politique annoncée de Trump risque de tuer les quelques efforts que l’occident a pu faire pour tenter d’atténuer l’impact de nos comportements sur la biodiversité ; elle confortera les dictateurs dans leur stratégie ; elle libèrera encore davantage la paroles des fachos et des complotistes.

Dans ce contexte, l’après Macron ce sera Marine Le Pen où Cyril Hanouna.

dimanche 13 octobre 2024

« Cabane » d’Abel Quentin

Abel Quentin, l’auteur du très bon « Le voyant d’Etampes », consacre son dernier roman, « Cabane », aux quatre rédacteurs du célèbre « Rapport Meadows » ; ce rapport publié en 1972 à l’initiative du Club de Rome, qui alerta quant aux risques d’une poursuite de la croissance sur la survie de l’humanité, connut à sa sortie un énorme succès de librairie et fut enterré par la suite durant une quarantaine d’années. 

La première partie du livre fait le portrait (romancé) de chacun des quatre scientifiques tout en ne manquant pas de dénoncer - souvent avec humour - nos modes de vie contraires à toute logique de raison ; et en particulier le « système technicien » (mais pas que).

La seconde partie évoque l’enquête d’un journaliste, Rudy, qui part à la recherche des auteurs du rapport. Elle se concentre progressivement sur le personnage le plus mystérieux de la bande, un mathématicien surdoué, retiré du monde, dont la personnalité emprunte au fameux mathématicien Grothendieck, l’ermite de l’Ariege, et à Kaczynski, alias « Unabomber ».

Le style très fluide d’Abel Quentin sert un texte bien documenté à l’humour corrosif.

On est pris par le récit et les 478 pages se dévorent en quelques jours. 

Livre recommandé à tout lecteur intéressé par l’évolution de notre monde et à tous ceux qui s’en foutent !…


Extrait : « Le « système technicien » ne faisait pas de bruit, lui. Il n’avait pas de visage non plus, ni de quartiers généraux. Il n'était dirigé par personne. Il obéissait à sa logique propre, morne et implacable : la technique seule peut résoudre les problèmes engendrés par la technique. Aliénant les êtres humains sans cesse davantage, interdisant que l'on questionne son utilité, et a fortiori sa participation au bonheur humain per-ticination que lon questionne son utilité. La technique est autonome, alertaient les penseurs-mutins. Chaque invention de merde appelle une autre invention de merde, sans que personne ne songe à enrayer cette routine. Qui aurait osé mettre en question la sortie d'une nouvelle génération d'iPhone ? En 2023, c'eût été aussi incongru que de vouloir inverser un courant maritime, ou la rotation de la Terre.

Emprise invisible, mille fois plus sournoise que celle du fascisme. Contre elle, il était difficile de se révolter. Il aurait fallu, pour s'en libérer, nous révolter contre nous-mêmes. »

jeudi 26 septembre 2024

Ce matin au kiosque 57 - Mon coiffeur - Batz-sur-Mer - Pathé - Blum

Un petit crachin irlandais me cueille à la sortie de mon domicile. Un air humide de Connemara flotte sur Bécon et sa banlieue.

En marchant pour rejoindre la gare - mais impossible de m’y arrêter pour saluer JM, je ne suis pas en avance pour un rendez-vous parisien - je pense (tel un roseau). Je pense que ce serait un miracle si nous découvrions sur l’une des planètes de notre système solaire, ne serait-ce qu’une seule de ces minuscules brins d’herbe qui contaminent les joints des trottoirs et que le cantonnier s’applique à éradiquer avec un instrument qui s’apparente à une binette-crochet.

Sur le trajet, deux choses étranges : un drapeau français (vestige probable des JO) qui flotte au-dessus d’un abri de SDF et un autre drapeau à l’allure officielle, mais celui-ci de la République Populaire de Chine, planté devant un restaurant chinois de l’avenue de l’Opera.

Le jardin du Palais-Royal est une nouvelle fois non accessible au public ; la raison : défilé de la Fashion week. Il faut sans doute remplir les caisses de la Ville de Paris ; la dangereuse gauchiste, Lucie Castets, s’étant employée à les vider pour financer des projets inutiles (et surtout pas pour boucher les trous dans la chaussée de Mme Hidalgo et dératiser la capitale !). 

Jean-Marie, mon coiffeur, m’a recommandé plusieurs films dont « Tatami », « Le fil » et « Septembre sans attendre ». Mais surtout « Tatami ». Et puis aussi l’expo à Beaubourg sur les surréalistes. Cet été, il a visité à Antibes la maison récemment rénovée (2022)  d’Hans Hartung, le chef de file de l’art informel, et d’Anna-Eva Bergman son épouse, peintre également. Il est allé me chercher son portable et m’a montré les photos de la maison, oeuvre des années 70 de l’architecte méconnu, Mario Jossa, qui fut l’un des associés de Marcel Breuer, le célèbre architecte du Bauhaus. Voilà : non seulement Jean-Marie coupe remarquablement bien les cheveux, mais, en plus, il m’informe de ses derniers coups de cœur culturels !

En revenant à Bécon, j’ai quelques minutes pour saluer JM qui finit sa matinée, une cigarette à la main sur le pas de sa porte guillotine. Il me parle de ses vacances d’été à Batz-sur-Mer lorsqu’il était enfant et que lesdites vacances duraient encore 2,5 mois. C’est que je lui ai parlé de La Baule où je pars demain pour le week-end. Il m’a fait la moue en entendant « La Baule ». Il préfère Le Croisic et Le Pouliguen, et il a embrayé sur Batz. On aurait cru les paroles des « Vacances au bord de la mer » de Michel Jonasz. 

Je ne vous ai pas parlé des « habitués » car, compte-tenu de l’heure tardive (12h15), ils sont repartis dans leurs pénates (divinités romaines protectrices du foyer).

J’ai vu les 4 épisodes du documentaire sur Léon Blum (sur la Cinq) : Remarquable !

C’est ainsi que les hommes vivent.

mercredi 25 septembre 2024

Ce matin au kiosque 56 - Écrits de M. - Siège de Pathé

Quelle journée ! J’ai commencé par croiser M. Place de Belgique. Décidément, un carrefour stratégique ! Hier, le Marseillais ; aujourd’hui M.

Je sortais du pressing qui fait l’un des angles de la place. Quand j’étais « en activité » je fréquentais davantage cette boutique. Il fallait bien que je m’habille parfois autrement qu’en jean et blouson. Mais je crois que je n’y étais pas retourné depuis peut-être 2 ou 3 ans. 

La dame qui réceptionne les vêtements est toujours la même. Inchangée et quand elle m’avoue son âge - 72 ans -, je ne peux que la féliciter ; je lui en aurais donné 10 de moins.

Elle m’avoue qu’elle continue à travailler car si elle devait arrêter, elle se retrouverait toute seule dans son petit appartement… Seule, car elle ne voit plus ses enfants ni ses petits enfants. Une brouille stupide.

M. me dit qu’elle a avec elle ses écrits ; ceux dont elle m’avait parlé. « Moi aussi j’écris. Vous voudriez les lire un jour ? », m’avait-elle dit.

Si elle veut me les confier pour que je les lise… Elle sort de son sac une pochette plastique contenant quelques feuillets et me la remet. Je suis sincèrement très surpris et heureux à la fois par sa confiance.

Je lui rappelle que nous avons ce projet d’une journée à la mer avec elle. De son côté, il y a encore quelques obstacles à lever, mais je crois qu’elle est heureuse que nous pensions à elle pour cet aller-retour à Deauville (ou ailleurs).

Il pleut. Je me dirige vers le kiosque en sifflotant. Ma vie est belle. Je rencontre des gens formidables. Un peu cabossés parfois, mais formidables.

Pascal et Utah sont assis sous le auvent, à l’abri de la pluie. J’échange un long moment avec Jean-Michel. Comme d’habitude, nous parlons de tout et de rien. Mais surtout de tout !

Pascal vient chercher un café et me dit que M. vient de passer. 

  • « Je sais, je l’ai croisée et elle m’a donné ses écrits. 
  • J’aimerais que tu me dises ce que tu en penses. »

Nous sortons nous asseoir, fustigeons de concert Macron, Staline et Mao. Rien que ça ! Je jette un œil à la première feuille de M.. Il s’agit de quelques lignes seulement. Je les trouve très émouvantes. Il y a « quelque chose ». J’en fait part à Pascal qui a dû les lire également et qui partage mon avis.

Martine arrive, puis Wanda et son mari. Je reste un instant à les écouter. Canada (« mais pourquoi n’es-tu pas restée là-bas , demande Wanda à Martine. Tu aurais pu trouver un bûcheron ! », ajoute Pascal), Utah qui se rue dans la mer à Deauville dès que Pascal lui a détaché la laisse, « vous voulez vraiment pas vous asseoir ? Vous avez peur de nous ? » me demande Wanda ; non, je dois partir (j’ai hâte de lire la prose de M.).

J’ai lu. Ce n’est pas très long. Ce premier petit texte, une lettre et un poème. Il y a quelques maladresses de forme, mais ce n’est pas important. L’important c’est cette tension intérieure qui exprime du tragique, de la générosité et de l’espoir.

Faut-il l’encourager à écrire ? Peut-être, j’ai envie de dire que je n’en sais rien et en même temps, si, il faut y aller : elle m’a dit plusieurs fois qu’elle aimerait écrire, elle m’a interrogé sur une méthode. Elle a la volonté. Mais il faudra peut-être l’aider. Comment ? Je l’ignore.

Je suis allé déjeuner avec Z. Mais c’est une autre histoire. 

En fin d’après-midi j’avais rendez-vous au Pathé-Opera pour visiter le nouveau siège de Pathé ; une rénovation réalisée par l’agence de l’architecte-star, Renzo Piano. La pièce-maîtresse des nouveaux aménagements est ce puits de lumière que l’on peut observer juste en entrant dans le hall du bâtiment, après avoir admiré l’escalier double d’origine, de style art-déco. A remarquer les montagnes stylisées dans les garde-corps et les boiseries qui rappellent que ce cinéma fut jadis un Paramount. L’autre pièce-maitresse, c’est la terrasse (le « roof-top »). Au premier plan, les toits de l’Opera Garnier et puis Montmartre un peu plus loin, et tout Paris à 360 degrés. Exceptionnel !

Mais qui dira à Emmanuel Macron que ses pattes sont décidément trop longues ? 

C’est ainsi que les hommes vivent.

Mon ami Z.

« On n’invente rien, on découvre. » Avec mon ami Z., nous nous sommes donnés rendez-vous du côté de Réaumur-Sebastopol pour déjeuner. Nous nous voyons peut-être une fois par an. 

Z. à 72 ans et une hanche qui le préoccupe. Sa mémoire lui joue des tours ; il place fréquemment sa main en pavillon durant nos conversations.  

Nous nous sommes connus dans un bureau d’études techniques en bâtiment ; il en était l’une des « vedettes » - la « Vedette » - dans le domaine de la conception des structures complexes et j’œuvrais à trouver des « affaires ». 

Je suis un simple ingénieur diplômé, ce qui signifie pour moi que je ne suis pas un « vrai » ingénieur, c’est-à-dire un homme passionné par la résolution de problèmes techniques. Z., lui, est un véritable ingénieur. C’est même le « Mozart » de la structure. Je devrais dire le « Chopin », puisqu’il est d’origine polonaise. 

Il n’est pas curieux au sens où il ne lit pas, ne voyage pas, ne s’intéresse aucunement à l’actualité de l’architecture. Il avoue sa nullité dans tous ces domaines « culturels ». Et c’est un mystère pour moi qu’une intelligence puisse exister sans ce carburant de la curiosité. N’est-ce pas ce qu’on appelle le génie ?

Z. est veuf depuis 20 ans et n’a jamais eu la tentation de refaire sa vie. C’est un solitaire. Peut-être une affaire de gène. Sa mère aimait à rester seule. 

Il vit dans un pavillon en Seine-et-Marne, assiste son fils dans la construction de sa maison ; il a juste besoin d’outils autour de lui pour se sentir bien. Il s’est essayé jadis au jardinage, mais sans résultats. Il a laissé tomber. Non, un rabot, un marteau, des planches, … 

Un ingénieur est avant tout un « bricoleur ». C’est la réponse qu’il m’avait faite quand je lui avais demandé sa définition de l’ingénieur.

Au bureau, je l’ai souvent vu « bricoler » avec un crayon, une feuille de papier et une calculette - que même un enfant de 8 ans aurait trouvé trop basique -, le regard perdu dans les dalles de faux-plafond 40X40 (ou 60X60, peu importe). 

Il effectuait encore récemment des missions de conseil pour des promoteurs ou des investisseurs dont l’activité s’est réduite aujourd’hui comme une peau de chagrin avec la débâcle actuelle de l’immobilier. Cette mise au chômage technique lui coûte ; il bout de ne plus pouvoir exercer ses neurones à imaginer une solution technique d’une élégance capable de « servir l’architecture ».

Z. est un révolté. Contre les ingénieurs « tapette de clavier ». Il veut parler de ces jeunes certifiés en résistance des matériaux assujettis à la doxa des logiciels de calcul. « L’ordinateur n’est pas là pour réfléchir. C’est un exécutant. Et ces jeunes sont incapables d’analyser les résultats qu’il recrache. Et si le calcul est faux, c’est l’ordinateur le responsable ! »

Z. est maintenant tout rouge de colère. Je remarque encore une fois que ses mains tremblent. Il porte avec difficulté le verre de vin à ses lèvres. Mais ce n’est pas la colère…

Z. m’explique sa conception de la place de l’homme sur la Terre. « Il est fait pour produire et être payé pour ce travail et en fonction de sa qualité. Rien d’autre. Ceux qui ne font pas un travail de qualité, utile pour la société, ne devraient pas être payés pour ça. » C’est un peu sommaire, bien sûr, mais, alors que le gouvernement cherche des recettes, l’idée de ne plus payer ceux qui vendent du vent…

Je lui dis qu’il est marxiste. Ça l’amuse et il m’avoue qu’en Pologne, quand il était jeune, il n’aimait pas le communisme. Ça se comprend. Mais il ignorait en réalité ce que c’était vraiment ; de même pour le capitalisme. Aujourd’hui, il pense que c’est un système qui pourrait être bien mais il se demande s’il n’a pas un défaut originel qui produit obligatoirement des monstres. Je partage son questionnement. Le christianisme pourrait aussi être pris en exemple. Comment l’Evangile a-t-il pu engendrer des crimes monstrueux comme les croisades, l’Inquisition, les pogroms ? Comment a-t-il pu servir le pouvoir et asservir les peuples ? Le défaut ne serait-il pas l’homme que le pouvoir corrompt ?

Un poireau vinaigrette et une blanquette de veau suscitent le questionnement philosophique ; c’est une évidence.

mardi 24 septembre 2024

Ce matin au kiosque 55 - État désespéré, Chapelle expiatoire, Julio Iglesias, Emmanuel Bove

  Matinée pluvieuse. Un avant-goût de l’automne. Le parvis est orphelin de ses habitués en dehors de Monique et Anne-Marie qui papotent dans un coin.

JM est ce matin accompagné d’un compère du siège. Stage d’immersion ? L’homme est corpulent, armé d’une bague noire massive et JM me vante sa réputation d’amateur de contrepèteries. Lui se contente « d’un choix dqns la datte ». 

J’évoque mon état du jour proche de la désespérance. Il s’est amplifié, cet état, à la suite d’un égarement télévisuel qui m’a fait regarder LCI hier soir avant de me coucher. Sur le plateau, Laurent Jacobelli, porte-parole du RN et son air de fouine satisfaite, un jeune journaliste de Valeurs actuelles aux allures de lycéen en costard-cravate, un autre journaliste, cette fois du Figaro, aux faux airs de mec cool (courte barbe, chemise blanche, col ouvert), une jeune femme rousse, PDG d’une boîte de conseil en com (convoquée certainement pour commenter le premier show de Retailleau et les mots d’ordre de Barnier en matière de communication), une journaliste de RTL, et le président du Modem à l’Assemblée nationale. 

Les interventions des trois premiers qui revisitaient « Travail, Famille, Patrie » sur un air de « Maréchal nous voilà », auraient pu faire passer RTL et le MoDem pour des officines de fieffés gauchistes.

Vous comprenez maintenant les raisons de ma quasi-dépression.

On a parlé avec JM du Liban et de la folie des hommes, mais surtout il m’a évoqué  son passé (et son passage) dans une librairie technique sis, rue Lavoisier, quand il était au service export. 

La rue Lavoisier est proche de la « Chapelle expiatoire », monument édifié par Louis XVIII sur le lieu où furent enterrés les corps de Louis XVI et de Marie-Antoinette avant d’être transférés, vingt ans plus tard, à la Basilique Saint-Denis. Il est possible de déambuler dans le jardin puis dans la chapelle précédée d’un péristyle et flanquée de trois absidioles, dans le souvenir du souverain horloger au prépuce douloureux et son épouse qui n’aimait rien tant que les basses-cours et la brioche, moyennant 16€.

Mais revenons à des choses plus sérieuses. Dans ce passé remontant aux années 80, JM était alors en contact avec tout le Bassin méditerranéen et jusqu’à l’Afrique noire francophone. 

Soulevant ainsi un voile de son CV, ce sont les parfums sucrés, les fragrances mielleuses et les langueurs exotiques des anciennes colonies qui se sont immiscés dans l’espace du kiosque, et nous nous serions crus un instant au bord d’une piscine bordée de buissons joufflus d’hibiscus, dans un hôtel luxueux de Batroun, bercés par une musique suave diffusant « Je n’ai pas changé » ou « Il faut toujours un perdant » de Julio Iglesias. Rien de moins !

Que dire après tout ça ? 

Qu’Anne-Marie et Monique m’ont accueilli avec sympathie pour quelques minutes à leur table, en redoutant que Becon les Bruyères ne perde demain ce charme discret qu’Emmanuel Bove avait su révéler en des temps proustien,  dans son roman au titre éponyme ?

Que j’achève précisément cette chronique, assis dans le hall de la chapelle expiatoire, hésitant encore à verser mon obole de 16€ pour accéder au chevet des fantômes royaux ?

Que c’est ainsi que les hommes vivent ?


Ce matin au kiosque 54 - Un buffet centenaire, une libraire à Neuilly, une « Grande » d’Espagne

Cette chronique débute Place de Belgique et non sur le parvis de la gare de Bécon où dans le « hub » du kiosque. C’est qu’en allant à La Poste, hier, j’ai croisé Le Marseillais. Il a absolument voulu me montrer un buffet vieux de plus d’un siècle dont il vient de faire l’acquisition. Au terme de plusieurs manœuvres laborieuses sur le clavier de son portable, une vidéo du fameux buffet apparaît à l’écran comme par miracle. J’avais la conviction qu’une telle antiquité ne correspondrait pas exactement à un possible coup de cœur de ma part. La vision du meuble m’a conforté dans ce pressentiment. Le Marseillais m’affirme pour conclure que ce trésor est estimé à près de 5000€. Je l’aurais évalué cinq fois moins cher. Il faut s’y résoudre  : je n’ai aucune notion du prix des choses !

Ma lettre postée, je suis allé à la gare. Stupeur : Pascal est sans casquette. J’avais remarqué que Le Marseillais était sans ses bretelles. Un jour « sans » ? Je vérifie bien que je n’ai rien oublié. Lunettes, smartphone, chaussures, pantalon, caleçon : rien ne manque, ouf !


Quand j’entre dans le kiosque, Patrick est en train de se faire servir un café par JM. Me voyant, il tient à me dire qu’il a parlé de moi à un dîner, hier soir. Ah ?… Oui, avec une amie qui tient une librairie à Neuilly, avenue du Roule ; il faut que je la rencontre absolument. Je ne suis pas certain que Patrick ait jamais lu quoique ce soit que j’ai pu commettre en écriture, mais sa ferveur m’est sympathique. D’ailleurs mon agent (JM), lui indique que certaines de mes œuvres sont exposées sur le présentoir et en particulier « Abuelo » et Patrick d’interroger : « À vélo ? »

Il va rejoindre Monique qui est seule à une table du parvis. Sur une autre, Pascal (toujours sans sa casquette ni ses Ray ban et je me demande alors si c’est ce gouvernement qui l’a perturbé) et Utah sont en compagnie d’Anne-Marie et de Gérard le cycliste (en dehors du parvis où il consent à s’asseoir brièvement, personne n’a jamais vu Gérard autrement que sur son vélo ! Il faudrait interroger son épouse…). 

Je poursuis ma discussion avec JM. Une jeune femme acquière un « Point de vue et images du monde », le magazine des têtes couronnées. Je ne cède pas à l’indiscrétion de lui demander si elle possède quelques quartiers de noblesse car, dans cette hypothèse, j’aurais aimé (mais je me retiens de l’énoncer) qu’elle contacte la « Grande d’Espagne », Almudena de Arteaga (par ailleurs romancière à succès), qui vient de priver les enfants d’un village au nord de Madrid du parc qui représentait le seul lieu où ils pouvaient jouer en plein air et à l’ombre d’arbres séculaires, au prétexte que la convention de cession entre sa famille, propriétaire du parc - celui de ses ancêtres depuis le 16eme siècle - et la mairie, venait à son terme, et qu’elle souhaitait disposer de ce parc pour sa seule jouissance ; qu’elle contacte donc cette dame, qui a un pedigree nobiliaire long comme un jour sans pain, pour lui témoigner mon indignation (et sans doute celle de JM au passage). Mais cette jeune femme n’est ni marquise ni vicomtesse et j’ai compris - outre qu’elle était anglaise, ce qui ne constitue pas un défaut majeur sauf lors des crunchs du Tournoi des 6 nations -  que cet achat constituait pour elle un remarquable anxiolytique pour les salles d’attente des dentistes ou chez le coiffeur (et là, probablement davantage pour les descendants de Samson que pour le pékin moyen). D’ailleurs, je me demande si je ne vais pas m’abonner à « Point de vue et images du monde » vu la composition du nouveau gouvernement !

Avant de quitter le kiosque, j’ai pu vérifier que mon agent faisait le maximum pour placer des « À vélo » et même des « Ralentissage ». Mais ce serait mieux s’il concentrait son énergie à convaincre des personnes qui peuvent lire… JM comprendra !

Nous avons évoqué avec Pascal et mon agent-passeur la virée possible en bord de mer avec M.

A suivre, mais ça avance.

C’est ainsi que les hommes vivent.