jeudi 13 juin 2019

"Entre amis" d'Amos Oz

En huit courtes nouvelles apparemment anodines, l'auteur israélien Amos Oz disparu en décembre dernier et dont l'oeuvre fut couronnée par de très nombreux prix (mais hélas pas le Prix Nobel, comme Léonard Cohen ...), livre une galerie de personnages comme un condensé d'humanité.
Résultat de recherche d'images pour "entre amis amos oz"Ils appartiennent tous au kibboutz Yikhat, même si certains sont en rupture de banc comme l'oncle qui a fait fortune en Italie dans des commerces douteux, Luna la veuve éconduite qui décide de refaire sa vie ailleurs (dans la "vraie vie" ?) ou encore le vieux père sénile hospitalisé auquel son fils vient rendre visite et qu'il ne reconnait pas.
Appartenir est le terme juste car au kibboutz rien ne se décide en dehors de l'assentiment du Conseil, garant de la vie communautaire. L'individu n'existe que par la place qui lui a été affectée et sa contribution au collectif.
Amos Oz a lui-même vécu plusieurs années dans un kibboutz, celui de Houlda qu'il a rejoint volontairement à l'âge de 15 ans, 3 ans après le suicide de sa mère, rompant par-là sa relation avec un père "looser" et afin d'assouvir son désir d'engagement en faveur des idéaux de gauche et de défense d'Israël.
Résultat de recherche d'images pour "entre amis amos oz"Plusieurs thèmes traversent ces récits parmi lesquels la solitude, l'utopie, le devoir, la liberté ou la lâcheté. On est tenté de qualifier le style d'essentiel tant rien ne parait devoir être enlevé de ces phrases le plus souvent courtes, sans aucune emphase, d'une sobriété en accord avec celle du décor du kibboutz et d'une simplicité toute apparente qui fait écho aux personnages eux-mêmes.
C'est un livre sur lequel plane un parfum de mélancolie ou de regret : celui qui accompagne les occasions ratées entre les individus. Mais il y a aussi beaucoup de tendresse et de générosité, d'abnégation même, dans la description de certains personnages. Les hommes sont souvent des lâches et certains des rustres primaires. Les femmes sont plutôt mises en valeur même si l'une d'entre elles se révèle d'une méchanceté insigne.
On aurait envie de placer ce recueil au registre "Comédie humaine".

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