"Je me présente : Max Schulz, fils illégitime mais Aryen pure souche (...). Itzig Finkelstein habitait la maison d'à côté. Il avait mon âge ou, pour être plus précis (...), Itzig Finkelstein a vu le jour exactement deux minutes et vingt deux secondes après que la sage-femme Marguerite Grosbide m'eut délivré d'un coup sec et vigoureux de l'obscur ventre de ma mère... Si tant est qu'on puisse parler de ma vie comme d'une délivrance..."
Ainsi commence "Le nazi et le barbier" roman tour à tour délirant et terrible d'Edgar Hilsenrath, publié avec succès en 1972 aux Etats-Unis, qui fit scandale en Allemagne lors de sa publication en 1977, et du encore attendre 2010 pour être traduit en français !
Les 481 pages (qui se lisent avec compulsion) correspondent à un tour de force incroyable qui nous rendrait presque sympathique Itzig Finkelstein alias le génocidaire Max Schulz. Vous comprenez que c'est un livre sur une schizophrénie impossible et pourtant assumée, qui entraine le lecteur de Wieshalle (Silésie) jusqu'à la Terre Promise, en passant par les camps de la mort et les bas-fonds du Berlin de l'aprés-guerre, gangrené par le marché noir. On y parle savamment de barbier (un métier quasiment disparu) et avec une objectivité noire de nazi (un métier qui tend à réapparaître).


Merci à Etienne V. qui se reconnaitra s'il s'égare jusqu'ici, et à qui je dois cette très belle et très sombre découverte.
Nota : la pièce de théâtre se joue actuellement au Petit Hébertot (à vos places !)
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