"Tu
es entré dans l'hiver de ta vie." C'est par cette phrase que Paul Auster
achève "Chronique d'hiver", une autobiographie très introspective
dans laquelle l'écrivain de Brooklyn livre au lecteur ses angoisses devant la
mort - celle de ses proches, et celle qui s'est invitée à l'occasion des deux
infarctus qui ont failli le terrasser? Mais pas seulement, il y a aussi de longues évocations de l'amour-admiration qu'il voue à son
épouse, l'écrivaine, Siri Husdvet, l'affirmation de ses engagements et de ses révoltes contre
l'intolérance, l'antisémitisme, le consumérisme, la fracture sociale,
ou l'enseignement sélectif. Cette introspection qui semble écrite au fil
d'une pensée libre et sans artifice, par petites touches sans chronologie, alterne
les anecdotes apparemment futiles - mais ne s'agit-il pas de ces petites choses
du quotidien que nous partageons tous et qui constituent l'essentiel de nos
vies ? - et les réflexions plus profondes.
A
propos de l'école publique et du fait qu'il y a pu y côtoyer tout un tas de
personnes différentes, et en particulier des élèves handicapés qui n'étaient
pas accueillis dans des établissements spécialises, ce passage magnifique : "En y
repensant, tu te dis que de telles personnes ont représenté une part
essentielle de ton éducation, que sans leur présence dans ta vie tu n'aurais eu
qu'une compréhension dépourvue de profondeur et de compassion, d'ouverture sur
la métaphysique de la douleur et de l'adversité, car c'étaient ces enfants-la
qui étaient vraiment héroiques." (...) "Si tu avais vécu qu'au milieu
d'enfants avantagés, d'enfants tels que toi (...) comment aurais-tu apprendre
ce qu'est l'héroisme ?"
Et cette très belle phrase citée par Auster, extraite du livre "La fin de la vie est
amère" de Joseph Joubert (1814) : "Il
faut mourir aimable (si on peut)."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire