Qui se cache derrière Claude, cet adolescent aux allures angéliques ? Juste un jeune homme, écorché par la vie, dont la sensibilité s'exprime dans l'écriture avec un réel talent que va déceler et encourager jusqu'au harcellement, Germain - Luchini, son prof de lettres désabusé et écrivain raté ?
Un manipulateur, lui-même totalement sous l'emprise d'un voyeurisme névrotique ?
Ozon a fait un film à la fois drôle et tragique. Drôle (souvent) dans le regard qu'il porte sur certains aspects de l'art contemporain (des propriétaires de galerie incultes, des textes abscons qui accompagnent des œuvres improbables et pitoyablement sulfureuses qui s'autoproclament artistiques), dans la description de cette famille de beaufs espionnée par Claude dont le bonheur se résume pour le père et le fils à une pizza-télé devant un match de basket, et pour la mère à des rêves d'architecture tirés des magazines de déco féminins, ... Tragique dans la manière naïve avec laquelle Germain-Luchini s'enfonce dans un piège fatal à la construction duquel il s'emploie aveuglément malgré les avertissements de son épouse (Christine Scott Thomas, toujours superbe, en galeriste un peu désespérée), dans cette recherche d'amour chez Claude qui se nourrit du malheur des autres.
Et si la question était : la littérature sans la fiction se réduit-elle au voyeurisme et peut elle conduire à la folie ? Ou bien : l'idéal de vie n'est-il pas dans un bonheur simple ? Il y a un petit air de "Un été 42" dans ce film, non ?
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