jeudi 30 avril 2009

Un grand pas vers le Grand Pari(s) ?

Si l'on en croit la plupart des commentaires relatifs au discours de Mr Sarkozy dans le cadre de l'inauguration de l'exposition sur "le Grand Pari(s)", les grandes (cet adjectif est devenu incontournable en France) décisions prises se focalisent sur la stratégie des transports, plus que sur le volet explicitement architectural des projets. En particulier, c'est l'Annonce avec un grand "A", d'un "Grand huit" (130 km de métro) qui fait figure d'annonce-phare. On se souviendra que cette idée provient directement du "laboratoire" de M. Christian Blanc qui ne faisait partie d'aucune équipe en lice, mais a tracé son "concours" de son côté, avec la bénédiction de l'Elysée. On se souviendra également que la 1ère présentation de ce projet, il y a quelques semaines, avait soulevé un petit vent (une brise) de contestation chez les "stars" de l'architecture qui, bien entendu, se rendaient compte qu'on les avait fait bosser pendant plusieurs mois pour rendre des jolies "pers en 3D", et qu'on les mettait ipso facto devant l'évidence : ce projet de métro souterrain était plus qu'avancé et structurant pour le développement du "Grand Paris". Hier, le projet de M. Blanc a été légèrement aménagé, et plutôt que de voyager comme des taupes, les franciliens se régaleront - "où ce sera possible" - du paysage des pavillons de banlieue aggrandis de quelques m2 (et probablement sans le concours d'un architecte !).
On regrettera donc la choucroute de Gehry sur la Tour Montparnasse (mérite-t-elle tant d'infâmie ?) et les tours-hlm de Castro mal désherbées se mirant dans l'eau d'un lac improbable sur lequel glisse un sloop (on a évité le bateau à moteur ... politiquement moins "durable").
J'ajouterai que je partage le point de vue consistant à penser que les transports constituent l'une des données majeures de la question du Grand Paris (pas besoin d'être diplômé de l'ENPC), mais que la question concomitante est celle-ci : pour desservir quoi ? (et là l'architecture devrait avoir quelque chose à dire).
Suis-je le seul ce matin à avoir cette lecture des "évènements" ?

samedi 25 avril 2009

Lectures de vacances


Que c'est bon les vacances, même une petite semaine ; ce "temps libre" libéré pour lire.
M. Vertigo de Paul Auster, commencé un peu avant le départ vers le Pays basque fut achevé le 1er. C'est l'un des plus beaux romans d'Auster, me semble-t-il. C'est le récit d'une épopée extraordinaire à travers l'Amérique des années 30 d'un enfant des rues à qui "le Maître" avait promis de voler. (J'y reviendrai plus longuement).
Un petit intermédiaire avec un court opuscule d'Emmanuel Bove (l'auteur de "Mes amis") au titre captivant s'il en est :"Bécon les Bruyères". 80 pages parfaitement "troussées", loin des éloges classiques de ce genre de littératures, redondantes de nostalgies, ennuyeuses par leur dithyrambes. Non, là, que le charme discret de l'exercice littéraire pur.

Enfin, une découverte, un cadeau de notre ami Pierre Léglise Costa (que je ne cesserai de louer pour m'avoir permis de découvrir Lobo Antunes): "Les mangeurs de perles", de Joao Aguiar, petit pollar déguisé en journal de bord d'un journaliste-écrivain (en devenir ?) portugais qui s'embarque un jour pour Macao à des fins thérapeutiques et qui se retrouve embringué dans une histoire de pirates et d'amour. Un régal qui se lit d'une traite (ou au maximum deux coups !). (j'y reviendrai aussi...au Square Littéraire !)

mercredi 15 avril 2009

Peter Zumthor Pritzker Price 2009 (version 2)


Voilà, je me suis planté dans mes pronostics : j'avais annoncé les japonais de Sanaa et c'est Zumthor ... Impardonnable. Et ce, pour 2 raisons : 1) je considère Zumthor comme l'un des plus grands architectes au monde (sinon le plus grand), en tout cas celui qui m'émeut le plus 2) J'étais persuadé qu'il avait eu le Pritzker alors que j'avais publié la liste complète des architectes lauréats sur mon blog ! Mon admiration pour Zumthor aurait-elle alimenté mon inattention ?
(Je m'aperçois que je tente de justifier mon inexcusable étourderie sur un blog que personne ne consulte - à part Gérard - sur un sujet qui n'intéresse presque personne - à part Gérard peut-être).
J'ai une petite histoire avec Zumthor dont je suis fier. Je travaillais il y a plus d'une dizaine d'années avec un architecte français de talent dont l'écriture peut être qualifiée de proche de celle de Zumthor. A cette époque, je ne commaissais pas ce dernier. Je reçus un jour sur ma table un exemplaire du "Moniteur" sur la couverture duquel il y avait une photo des thermes de Vals. Je fus saisi dans l'instant, et cette photo m'apparut immédiatement comme représentant une architecture exceptionnelle, d'une qualité supérieure à celle (déjà excellente) que pouvait produire l'architecte avec lequel je travaillais.
Depuis le temps que je veux me programmer une petite tournée en Suisse et en particulier une nuit aux Thermes de Vals, la visite du musée de Bregenz, et celle de cette chapelle en bois noir ... Il faut que je me replonge dans la lecture des deux derniers ouvrages de Zumthor traduits en français (deux petites perles) qui parlent avec des mots et des images simples de sa relation à l'architecture.
Et si Nouvel, Pritzker 2008, célébrait les années folles et Zumthor, le temps de la Raison ? Suis-je iconoclaste ? Je dois me tromper car Nouvel a téléphoné à Zumthor et ce dernier a indiqué qu'il admirait Nouvel... Ce qui me surprend un peu.
"J'espère que cela donnera de l'espoir aux jeunes qui se disent : Zumthor l'a fait, nous pourrons le faire aussi, construire la totalité de l'édifice, et pas seulement fournir des images ou des façades", a dit le lauréat en recevant son prix.

mardi 14 avril 2009

L'Apsara et la soupe de potiron de Cadel Ubbale

"Depuis quelques temps mes rêves sont habités de situations et de personnages dont le contenu ou l’apparence est extrêmement détaillé. Bien entendu, comme dans tout rêve qui se respecte, il n’y a pas plus de cohérence dans la composition des faits et des protagonistes qu’il y en avait auparavant, mais ce qui m’étonne, c’est l’accumulation de détails insignifiants d’une précision injustifiée (à moins qu’il ne s’agisse de détails injustifiés d’une précision insignifiante ?).
Par exemple, cette nuit, ce rêve où je suis dans une pièce avec trois autres personnes : une vieille tante éloignée (pourquoi elle ?), mon frère et une femme qui se révèle être la dernière maîtresse de mon père,
ou peut-être une ancienne conquête.
La pièce est une cuisine ; l’espace est immense, comme un couloir sans fin. Tout au fond je sais (sans la distinguer, mais je le sais) qu’il y a une vaste salle d’eau avec une très grande baignoire, dont le sol et les murs sont recouverts de carreaux de faïence noirs et blancs posée en damier. Il y fait toujours un peu sombre, et l’été délicieusement frais, surtout pendant certaines journées d’aout accablées par une chaleur sèche et blanche.
Au centre de la cuisine, une table très longue recouverte d’une toile cirée décorée de motifs floraux psychédéliques. Une fausse lampe à pétrole est suspendue au plafond par un invraisemblable système de fils et de poulies. Des insectes morts sont figés sur les fils comme sur ces rubans tue-mouches que l’on suspendait autrefois à la campagne, du temps où il y avait encore des mouches. La lampe projette un disque parfait de lumière qui éclaire une énorme marmite en métal, luisante de reflets cuivrés, et remplie d’une soupe épaisse de potiron que la vieille tante agite, méthodiquement, avec une cuillère en bois. Cette redoutable soupe de potiron que j’avais en horreur, dont je n’ai pas oublié l’odeur forcée de muscade, et les grumeaux de lait caillé qu’il me fallait obligatoirement avaler sous peine de devoir quitter le dîner pour un exil prématuré et sans retour (jusqu’au lendemain) dans ma chambre.
Mon frère est en pyjama. La braguette de son pantalon est ouverte – encore une fois - et son sexe mou pendouille. Il est assis un peu à l’écart et lit un roman policier. La maîtresse de mon père lui fait remarquer qu’il pourrait rester décent et cacher son « engin ». Mon frère la regarde par-dessus son livre et ricane. Il est pieds nus dans des savates en toile usées. Bien que je remarque l’incongruité de la chose, le sol de la cuisine est bien constitué de pavés ronds et moussus comme ceux que l’on trouve encore dans certaines cours intérieures des vieux quartiers de Paris.
Soudain la sonnette de la porte d’entrée. Nous savons tous qu’il s’agit de mon père. Nous l’attendions. Sans surprise, et pourtant ça fait 40 ans qu’il est mort. Je me souviens m’être dit qu’il devait sans doute avoir beaucoup changé. Je vais lui ouvrir. En fait, curieusement, mon père n’a pas beaucoup changé, peut-être est-il un peu plus petit, un peu plus voûté. Il est en costume ; une étiquette en tissu « Emigliano Zegna » sur la manche. C’est une faute de gout.
« tu as raison, c’est une faute de goût »,
et il arrache le morceau de tissu avec un sourire de conquérant. Il a l’air détendu, sûr de lui, pas vraiment surpris d’être là sur le pas de cette porte, devant son plus jeune fils, vieilli lui aussi de 40 ans. Il arbore, comme c’était la mode dans les années cinquante et comme je lui ai toujours vu dans les années 70, son éternelle pochette blanche qui souligne, impeccable, d’un trait blanc de bristol, le haut de la poche de son veston. Il porte ses anciennes lunettes en écaille noire à monture épaisse, trop enfoncées sur les yeux, à la façon
à la façon d’Yves Saint Laurent sur la célèbre photo où il pose nu.
Je sais que ce port de lunettes signifie que mon père est condamné. Il entre dans la pièce. Personne n’est étonné de le revoir. Mon frère lève à peine les yeux de son livre. Lui aussi est maintenant paré dans un costume impeccable. Sur la manche il y a également l’étiquette « Emigliano Zegna ». Mon frère a adopté le même parfum que mon père : « Monsieur » de Caron. Je n’aime pas ce parfum aux allures prétentieuses et démodées. C’est sans doute parce qu’il ne me rappelle que les choses détestables de mon enfance. Nous sommes maintenant autour de la table. L’une de mes anciennes conquêtes
comment s’appelait-elle déjà : Christine ? Marie ? Suzette ?
s’est substituée à la maîtresse de mon père. Je suis juste à côté de lui et je remarque ses mains
(mon père a toujours été très fier de ses mains qu’il lavait vingt fois par jour exclusivement au savon de Marseille) ; elles sont boursouflées et tavelées de tâches de vieillesse. Curieusement il y a quelques poils bruns, longs, épars sur le dessus. Mon père n’avait pas les mains poilues ; l’âge probablement. Pour le reste, il ne semble rien avoir cédé, ou si peu.
Il s’est installé d’autorité en bout de table et tend son assiette pour avoir de la soupe.
« C’est ta soupe aux potirons, Jeannette ? »
Tante Jeannette est aux anges, mais elle rectifie
« la soupe de potiron »,
et ajoute :
« Tiens mon grand, tu vas guérir »
elle le sert copieusement et mon père, sans attendre, commence à laper sa soupe. Il s’explique en indiquant qu’en Indochine, à la Légion, il fallait manger sa soupe comme ça. Et puis après c’était la « corvée de bois », dit-il en m’accordant un clin d’oeil complice. Et nous trouvons, tous les trois autour de la table, son explication plausible.
Et puis ma tante vient au-dessus de moi. Elle commence à beurrer une biscotte, lentement comme elle le faisait jadis pour le goûter, quand elle me gardait pendant les vacances
avec des gestes comptés comme dans un rituel initiatique
elle veille à ne mettre sur la biscotte qu’une infime pellicule de beurre
« tu crois que c’est bien de te mettre autant de beurre sur ta tartine ? Tu ne vois pas que nous sommes pauvres ? »
Le couteau crisse sur la biscotte ; une plainte caillouteuse. Elle a pris soin de placer deux biscottes l’une sur l’autre afin de ne pas faire de « brisures », comme elle dit. Et j’entends le bruit de sa bouche au-dessus de moi, un bruit gourmand et inquiétant de succion salivaire. Je sais en même temps qu’elle a le menton qui pique. Je redoute ces baisers quand il faut dire « bonjour Tante Jeannette », « bonsoir Tante Jeannette ». Et puis elle prend le pot de gelée de groseilles
elle faisait une incomparable gelée de groseilles
elle enlève l’élastique, le papier sulfurisé, et la rondelle de paraffine. Elle fait glisser une petite noisette de gelée et l’étale sur le beurre. Des petites perles qui brillent comme des larmes de rubis.
Mon père parle beaucoup, mais ses paroles sont incompréhensibles. Tout le monde autour de la table fait semblant de comprendre (ou peut-être comprend). Mon frère est à nouveau en pyjama. Mon ancienne conquête
la maîtresse de mon père
lui glisse un mot à l’oreille en montrant mon frère. Toujours cette histoire de braguette. Cette négligence perpétuelle, et ce sexe à l’air comme une provocation. Elle se tourne vers moi
mon ancienne conquête se tourne vers moi
« tu n’auras jamais la statuette de l’Apsara que ton père a rapportée d’Angkor après l’avoir volée dans un temple ».
Mon père acquiesce avec soumission tout en finissant de laper sa soupe. Mon frère hisse lentement un regard incrédule par dessus le roman policier. Ma vieille tante fait mine de vouloir poursuivre sa distribution de soupe avec un air blasé de cantinière. La maîtresse
ou bien s’agit-il de mon ancienne conquête ?
laisse entrevoir deux petits seins trop parfaits sous le voile de sa chemise de nuit en tulle rose. Sur le dessus de la cheminée, face à moi, dans la cuisine immense comme un couloir sans fin, la statuette est là. Personne, semble-t-il, ne s’est aperçu de sa présence. Elle est comme avant, partiellement enveloppée dans un tissu rouge de Chine et posée sur un socle de bois sombre. C’est une pierre gris clair sculptée d’une vingtaine de centimètres de haut, et presque autant de large, qui représente le buste d’une Apsara – une jeune danseuse cambodgienne – avec deux petits seins trop parfaits. Elle aussi. L’un de ses bras a été brisé (probablement lors du forfait, quand mon père l’a extraite du mur du temple). J’ai l’impression qu’elle me regarde et me sourit.
Ma tante me commande à présent, sans ménagement, de tendre mon assiette. Elle a encore ce tic de la bouche et cette pointe de salive à la commissure des lèvres, comme quand elle préparait les biscottes.
« Tu prends de la soupe et tu récupèreras l’Apsara »

Si le réveil n’avait pas sonné à cet instant, j’étais prêt à tout pour emporter avec moi l’Apsara , même absorber une redoutable soupe de potiron avec cette odeur forcée de muscade, même avaler les grumeaux de lait caillé en écoutant au-dessus de ma tête le bruit gourmand et inquiétant de succion salivaire d’une tante au menton piquant qui avait l’habitude d’étaler la gelée de groseille sur une double biscotte, car je savais, à cet instant, juste avant que le réveil …
Je savais, je savais que la soupe, la muscade et les grumeaux ne valaient rien, que la vieille tante était morte depuis longtemps,avec son reflexe salivaire et ses deux biscottes l'une sur l'autre, que l'on regretterait cette incomparable gelée de groseille, et que tout ça n’existait vraiment que dans mon imagination, ... ou presque."

mardi 7 avril 2009

Apprentis écrivains à l'âme sensible s'abstenir ou l'écriture selon Lobo Antunes


Extrait du "livre de chroniques IV" :
"Quand j'étais étudiant en médecine, on m'a raconté qu'autrefois on enlevait les calculs de la vessie par le biais d'un procédé désigné sous le nom de "lythotritie", et qui consistait à introduire dans l'urêtre une sorte de pinces et, ensuite, d'écraser lesdits calculs à l'aveuglette, ce que, évidemment, on ne parvenait à faire que très rarement. L'écriture, c'est un peu ça, sauf qu'il faut insister jusqu'à ce qu'on ait écrasé tous les calculs. Il n'y a pas de compulsion ni d'inspiration qui vaille : il y a le métier et la méthode. Et ce n'est même pas romantique : c'est les bras salis jusqu'au coude."

lundi 6 avril 2009

L'hirondelle avant l'orage


Les déportés que les tchékistes entassaient dans des wagons à bestiaux à destination de la Kolyma faisaient 2 choses étonnantes durant leur voyage :
1) ils tentaient d'écrire quelques mots (ultimes le plus souvent) sur des morceaux de papier arrachés à des livres qu'ils étaient parvenus à sauvegarder ; pliaient ces "lettres" sur lesquelles ils inscrivaient une adresse (un être cher, un parent), puis les glissaient par le trou des cabinets du wagon afin qu'elles tombent sur les rails et soient ramassées par hasard par un inconnu qui - peut-être - réussirait à les faire parvenir à leur destinataire. A l'époque des colonies pénitentiaires des tsars, les condamnés à l'exil transportés dans des wagons similaires pratiquaient déjà cette "technique" ; il était également d'usage pour les paysans d'aller ramasser ces petits feuillets sur les voies ferrées...
2)au passage dans les villes ou les villages, les femmes accrochaient aux jours des portes des wagons ou entre les planches, des lambeaux de sous-vêtements qui flottaient ainsi au vent et devaient indiquer aux populations des zones traversées quelle était la véritable nature de la cargaison enfermée dans ces wagons...

"L'hirondelle avant l'orage ", titre du nouveau roman de Robert Littell, est tiré d'un vers du poète Ossip Mandelstam assassiné par les sbires de Staline.
Mandelstam est au centre du réçit. Il est entouré de sa femme, de sa maîtresse, d'autres poètes ; il croise sur son chemin de croix un hercule de cirque, le garde du corps de Staline, l’écrivain Boris Pasternak (futur auteur du Docteur Jivago), et bien entendu celui qui conduit ses interrogatoires. Chaque personnage parle à tour de rôle et raconte un morceau du réçit. Mandelstam prétend que la poésie peut tuer un tyran, et compose un épigramme pour dénoncer cette barbarie.
Il y a un jeu de fascination réciproque entre le poète et le dictateur qui se rencontrent 2 fois (fiction ou réalité ?).
C'est évidemment la question de l'engagement de l'artiste qui est également au centre de ce livre. La folie du poète Mandelstam peut-elle servir la cause de la vérité ? "On ne peut parler d'art comme s'il s'agissait d'un tuyau d'écoulement ou d'un chantier de construction et le réduire à une question technique. Parle de la technique de l'écriture poétique, c'est parler de la technique de création du désastre. Il ne faut pas oublier qu'on doit prendre des risques ; rien n'existe sur terre sans prise de risque." dit-il.
La solution pour abattre Staline n'était-elle pas de commettre véritablement les crimes dont la police politique va vous accuser ?
"Personne n'est innocent", proclamait Staline.
Fascinant....

jeudi 2 avril 2009

Rien de spécial à dire

Quand on a rien de spécial à dire sinon des trucs épouvantables, alors on se tait. Mais ce n'est pas si facile quand les mots ne demandent qu'à exister. Ils piaffent sous le clavier. Ils se bousculent derrière l'écran. Ils hurlent leur désir de reconnaissance : apparaître, s'unir, composer, par affinités, dans un ordre stylé : article, sujet, verbe, complément ou bien verbe, sujet, article, complément ; pourquoi pas ? Il est probable qu'à ce petit jeu, une conjonction cède à la tentation de faire l'intéressante. Une préposition peut se pousser un peu du col ! J'ai vu des phrases qui perdaient tout leur sens, titubaient, asphyxiées par un excès d'efforts - une virgule qui peine à arriver, un point qui se fait attendre, des parenthèses qui s'emboîtent comme des poupées russes, un sens que l'on ne retrouve plus : interdit, giratoire, unique, insensé, au-delà du sens, indésens...
C'est parfois triste de voir passer une phrase sinistre aux accents graves, avec une mine désolée de commis voyageur sans bagages. Mais c'est sympathique de constater que - même de nos jours - il y en a qui n'hésite pas à sauter à la ligne, à tenter une échappée dans un paragraphe tout neuf en klaxonnant avec des accents aigus à n'en plus finir, comme sur la route des vacances. Mais gare aux imprudences : une intonation un peu trop appuyée, un mot plus haut que l'autre, et c'est le dérapage verbal !
Un jour - un matin précisément - j'en observais une du coin de l'oeil, silencieuse, offrant aux premiers rayons du soleil une moue délicieuse et ss silhouette latine ; j'appris qu'elle se prénommait : "motus et bouche cousue" et que son exercice de prédilection consistait à se glisser dans le cercle des rumeurs pour tenter de saisir un non-dit susceptible de se disculper dans des points de suspension ; parfois même il lui arrivait de dénoncer une médisance prise au piège d'une parenthèse.
Si vous avez un peu de patience, à la tombée d'un texte, vous pouvez rencontrer la phrase-reine, la conclusive, la lyrique, celle qui se rengorge en imaginant que toute l'assemblée n'a de regard que pour sa sortie ; que chaque lettre de chaque mot de chaque phrase de chaque paragraphe qui la précède n'existe que pour déguster sa chute.
Point final.
Conclusion : quand on a rien de spécial à dire sinon des trucs épouvantables, alors on devrait vraiment se taire.

mercredi 1 avril 2009

Léonard COHEN lance l'idée d'un nouveau "Woodstock" en France

Léonard Cohen, dont les places pour le concert du 7 juillet à Bercy se revendent déjà au marché noir à plus de 300 Euros, vient de faire une très courte conférence de presse avec son ami Bono, le leader de U2, dans laquelle ils évoquent ensemble l'idée de monter un "Woodstock" en France en juillet. Cohen indiquant qu'il avait été surpris du succès incroyable de son retour sur scène, que ses finances étaient OK, et qu'il avait quelques scrupules à faire payer aussi cher les places de ses concerts (mais il est sous contrat jusqu'en juin). Comme il aime la France, que le public français lui a fait un accueil extraordinaire, l'idée lui est venu, avec Bono lors d'un dîner bien arrosé à Los Angeles, de monter ce projet un peu fou. "Le temps s'y prête. Je veux montrer que l'on peut faire de grandes choses sans toujours "taxer" les gens", a-t-il ajouté.
Bono a poursuivi en disant que déjà un grand nombre d'artistes s'étaient déclarés partants, et en particulier : Pink Floyd (Waters), King Crimson, Led Zeppelin, Clapton, Madeleine Peyroux, E. Winehouse, Lou Reed, Ten Years After, Bonga, Joe Cocker, Santana, Police, etc. ...
Reste à fixer la date et le lieu (qui devrait être proche de Paris).