mardi 31 mars 2009

Lobo Antunes (encore !)



Et vous savez quoi ? 24H après avoir écrit mon petit mot en guise de mea culpa pour avoir ignoré jusqu'à ce jour sur mon blog cet auteur fantastique, et bien, comme un incroyable remerciement, ce grand Monsieur de la littérature portugaise sort le Tome 4 de ses "Chroniques" et, fait rarissime, se fend d'une interview à France Inter (décidément cette radio est "top") dans l'émission de Bruno Duvic "Et pourtant elle tourne" (que je n'arrive pas à "podcaster" : caramba !)
Et merci à Marie-Bé de m'avoir prévenu !

Au pays


Le dernier roman de Tahar Ben Jelloun nous introduit dans l'univers d'un émigré d'origine marocaine, Mohamed, venu en France en 1962, un peu par hasard, pour travailler aux usines Renault. Mohamed est musulman, pieux sans être intégriste. Sa femme (ils ont été mariés à 15 ans et ils sont cousins) l'a rejoint et lui a donné 5 ou 6 enfants avec lesquels il n'a jamais vraiment eu de relations paternelles : départ pour l'usine tôt le matin, fatigue du soir. Et puis, les épanchements ne sont pas dans la nature de Mohamed ; pas dans sa culture de laisser transparaître ses sentiments. Sa vie aurait du être celle que ses parents avant lui ont connue ; réglée sur le devoir, le respect (de la religion, du père), la fatalité. Mais ce voyage en "Lafrance", cette vie sur une terre étrangère qui finit par lui arracher ses enfants en les intégrant, sera toujours une sorte d'exil. Sa vie, la vraie, est au bled. Il sait pourtant qu'"au pays", ce n'est pas le paradis et que, par exemple, il ne sera pas soigné dans des hôpitaux gratuits, que la corruption existe, que les villageois se jalousent, etc. ...
Et puis "lentraite" arrive ; à 60 ans. Alors que pour tous ceux qui ont eu le même parcours que Mohamed, c'est enfin la possibilité de prendre un repos bien mérité, pour lui, c'est une nouvelle fracture. Sa vie était jusque là réglée sur le travail - bien fait -, la prière, les rites familiaux - même si la famille s'était réduite avec le temps et le départ des enfants, détournés par la "Lafrance". "Lentraite", c'est un jour le départ au pays avec un rêve...
Tahar Ben Jelloun utilise un vocabulaire simple, alternant phrases courtes et phrases longues, ces dernières coorespondant très souvent à la description des sensations qui habitent ou que perçoit Mohamed ; celles de son univers ou celle du monde de "Lafrance" qui est "autre", définitivement. De nombreux personnages traversent le roman et composent comme une galerie du regret : Nabile, cet enfant mongolien adopté par Mohamed et qui, seul, lui est fidèle ; Katy, la prostituée marocaine également, devant la roulotte de laquelle les ouvriers font la queue, et puis certains de ses camarades qui trahissent leur culture, d'autres qui finissent abandonnés de tous, alcooliques ; les syndicalistes, les faux imams.
C'est un livre très attachant qui nous aide à comprendre le regard de l'autre, celui de l'émigré. Difficile dorénavant de croiser un maghrébin d'un certain âge sans penser au Mohamed de Tahar Ben Jelloun.
Nota : la traduction du titre de la version italienne (plus courte) était : "Elle l'a tué"

vendredi 27 mars 2009

Antonio Lobo Antunes. Et dire que je ne vous en ai toujours pas parlé !


J'ai découvert Antonio Lobo Antunes à la radio, un soir dans ma voiture, alors que j'écoutais (incidemment à l'époque) France Culture. C'était une émission en hommage à l'éditeur Christian Bourgois qui venait de mourir. On rediffusait une interview de lui. Le journaliste lui demandait quel était le souvenir qui l'avait le plus marqué dans sa carrière. Christian Bourgois dit alors que c'était le jour où l'un de ses traducteurs d'oeuvres portugaises, Pierre l'Eglise Costa, était entré dans son bureau, un livre à la main, en lui disant qu'ils venaient de rater un chef d'oeuvre. C'était "Fado Alexandrino" d'Antonio Lobo Antunes. Je notais fébrilement le titre de l'ouvrage et le nom de l'auteur dont j'ignorais l'existence quelques secondes auparavant. Pierre est un ami de mon épouse et un homme de très grande qualité et culture (ce qui n'est pas "automatique" !).
C'était un vendredi soir, et le lendemain je n'avais de cesse que de me précipiter à la Fnac pour acquérir l'ouvrage en question. Je le trouvais, mais 586 pages, ça me paraissait un peu téméraire ! J'avisais alors des livres du même auteur, mais moins "compétitifs" ; il s'agissait d'un des tomes du "livre des Chroniques". Je dévorais le livre dans le week-end et me précipitais le lundi matin pour acquérir "Fado Alexandrino" que je dévorais à son tour, mais sur plusieurs jours quand même ! Depuis, j'ai lu je crois, toutes ses Chroniques. Lobo Antunes est médecin-psychiatre, mais surtout un très grand écrivain, blessé à vie par les trois années de service militaire obligatoire passées en Agola alors qu'il n'avait pas 25 ans, qu'il était déjà marié et papa d'une petite fille. C'est un Monsieur qui a plus de 70 ans maintenant, mais qui continue à aller chaque jour à l'hôpital de Lisbonne où il a exercé, pour écrire toute la journée en s'acccordant une pause au déjeuner qu'il prend à la cantine du personnel hospitalier. Le style de Lobo Antunes est parfois déroutant, moins dans ses Chroniques que dans ses livres plus "épais" : des phrases sans ponctuation qui peuvent se dérouler sur plusieurs pages, dans lesquelles se télescopent des pensées, des dialogues, des flash-back, des diversions, à la façon d'objets hétéroclites entrainés dans le courant d'un fleuve bouillonnant. Mais c'est aussi un regard original et toujours affuté sur les personnages qui peuplent ses écrits ; une nostalgie poignante pour sa jeunesse. J'ai trébuché sur un ou deux de ces livres ; mais ils m'attendent, et un jour je vaincrai : Lobo Antunes, ça se mérite ! J'ai vraiment été beaucoup touché par ses "Entretiens" dans lesquels il livre toutes ses blessures, et notamment cet incroyable amour qu'il a eu pour la (seule ?) vraie femme de sa vie. (A suivre)

Quoi de neuf ? L. Cohen....


Et voilà, le dernier CD de Cohen est sorti (merci Adeline). Enregisttement à Londres le 17 juillet 2008, 10 jours après Montreux. Sublissime... Simples curieux, s'abstenir (comme on dit dans les meilleures annonces de voitures d'occase !).
Une seule manque à l'appel : Famous Blue Raincoat qu'il nous a chanté à l'Olympia ! Respects Mister Cohen.

Pritzker Price 2009

Pour ceux qui ne savent pas ce que représente le "Pritzker Price", il s'agit de l'équivalent du Prix Nobel pour l'architecture. Deux français (seulement) ont été distingués par ce prix prestigieux : Christian de Portzamparc (1994) et Jean Nouvel (2008). Toutes les "stars" de l'architecture (ou presque) ont été reconnues par l'assemblée sponsorisée par la Fondation Hyatt (les hôtels) :

1979 Philip Johnson États-Unis
1980 Luis Barragán Mexique
1981 James Stirling Royaume-Uni
1982 Kevin Roche Irlande
1983 Ieoh Ming Pei États-Unis
1984 Richard Meier États-Unis
1985 Hans Hollein Autriche
1986 Gottfried Böhm Allemagne
1987 Kenzō Tange Japon
1988 Gordon Bunshaft
Oscar Niemeyer États-Unis
Brésil
1989 Frank Gehry États-Unis
1990 Aldo Rossi Italie
1991 Robert Venturi États-Unis
1992 Alvaro Siza Portugal
1993 Fumihiko Maki Japon
1994 Christian de Portzamparc France
1995 Tadao Andō Japon
1996 Rafael Moneo Espagne
1997 Sverre Fehn Norvège
1998 Renzo Piano Italie
1999 Norman Foster Royaume-Uni
2000 Rem Koolhaas Pays-Bas
2001 Jacques Herzog
Pierre de Meuron Suisse
2002 Glenn Murcutt Australie
2003 Jørn Utzon Danemark
2004 Zaha Hadid Royaume-Uni
2005 Thom Mayne États-Unis
2006 Paulo Mendes da Rocha Brésil
2007 Richard Rogers Royaume-Uni
2008 Jean Nouvel France

Qui sera le lauréat 2009 ? Il parait (presque) évident que la distinction ne peut échapper à Kazuyo SEJIMA et Ryue NISHIZAWA, créateurs de l'agence SANAA. Actuellement Sanaa réalise l'antenne du Louvre à Lens. L'architecture de l'agence est caractéristique de la nouvelle architecture japonaise, héritière d'une école fortement marquée par le style de Tadao Ando (celui qui faillit réaliser la Fondation Pinault sur l'île Seguin), et composée d'autres figures comme Toyo Ito ou Kengo Kuma. Comment essayer de définir cette architecture ? Légèreté, jeu autour de l'évanescence (exemple de la boutique Dior sur Omotesando à Tokyo), utilisation de matériaux authentiques comme le bois et le verre "revisités", mais aussi maîtrise absolue du béton servie par une exécution qui se doit d'être irréprochable. Moins connus que des stars comme Piano, Foster, Nouvel, Gehry ou Zaha Hadid, l'agence semble très exigente dans le choix des projets sur lesquels elle s'engage : nature et taille du programme.
Outsiders : Santiago Calatrava, Maximiliano Fuksas, Mario Botta, Helmut Jahn, Toyo Ito, ...

lundi 23 mars 2009

La forêt des renards pendus



Imaginez une cabane de bûcheron perdue au fin fond de la forêt finlandaise, dans laquelle vont vivre deux personnages que tout oppose a priori : un gangster, Rafael, qui se cache de ses complices avec lesquels il refuse de partager pas moins d'une trentaine de kilos d'or pur, et un major de l'armée, Remes, alcoolique à la bigarade, et qui a décidé de prendre une année sabatique ...Viennent s'associer au duo la plus vieille Lapone skolte de Finlande - et son chat - qui s'est échappée d'un enfermement administratif en asile de vieillards, un militaire un peu borné dont on achètera le silence grace à une part du butin secret, deux prostituées auxquelles la vieille apprendra quelques rudiments de maîtresse de maison, et "cinq cent balles" le renard familier de la cabane.
Tout ce petit monde, après quelques "ajustements", mène une vie plutôt agréable, dans un intérieur de standing avec tout le confort d'une époque moderne. Mais Siira, l'ancien complice de Rafael, meutrier récidiviste et qui nourrit "plus d'amertume qu'un millier de féministes", n'a de cesse depuis qu'il est enfin sorti de prison, de retrouver Rafel pour lui loger une balle dans le crâne et le déposséder de son trésor... Suspens !
Et le titre me direz-vous ?
"On peut aujourd'hui y voir une troupe de squelettes qui, par temps de vent, se balancent en cliquetant au bout de leur noeud coulant. L'hiver, poudré de givre, ils offrent sur l'écrin de la toundra enneigée un spectacle d'une prodigieuse et surnaturelle beauté." (Presque) tout Paasilinna est dans ces 2 phrases.
Je recommande (sans modération).

dimanche 22 mars 2009

Est-ce ainsi que les femmes meurent ?



Roman captivant de Didier Decoin qui vous prend aux tripes et vous secoue un peu la honte ; celle d'être vraisemblablement capable d'une lâcheté comparable à celle des 38 "complices" du crime épouvantable et sordide de "Kitty".
La dernière phrase de l'épilogue est une citation d'Albert Einstein : "La monde est un endroit redoutable. Non pas tant à cause de ce qui font le mal, qu'à cause de ceux qui le voient et ne font rien pour l'empêcher."
Si vous allez sur la "toile", les commentaires des internautes sur le livre font souvent référence à "American Psycho". C'est un livre que j'ai eu un week-end entre les mains, dont j'ai lu une centaine de pages (soit pas grand chose) et que j'ai rendu le lundi matin à la personne qui me l'avait prêté (et recommandé). J'avais l'impression d'être un voyeur de scènes de sadisme du niveau des scènes pornos de SAS, distillées dans le bouquin à intervalles réguliers, paramétrées (comme SAS) pour maintenir excité le lecteur.
Dans le roman de Didier Decoin, tiré d'un fait divers des années 60 à New-York, et qui a secoué l'Amérique (syndrome Kitty Genovese), c'est plus le phénomène de société et le point de vue psychologique qui m'ont intéressé : le "bystander effect". Cette réflexion sur notre attitude au quotidien, avec nos "petites" lâchetés qui peuvent avoir de grandes conséquences. Il n'est évidemment pas utile d'avoir un crime infect au pied de son immeuble pour tester sa capacité à réagir. Est-ce une chance que notre époque - mais sans doute autant que les autres ? - nous donne l'occasion au quotidien de tester notre niveau de "bystanding" ?
Je n'ai rien dit sur le style, et j'ai tort, car il est précis, agréable, intelligent, rythmé par les scènes du procès et l'histoire vue par les principaux protagonistes. Il se déroule à la manière d'un parfait scénario de film.
Je recommande vivement.

samedi 21 mars 2009

La vie d'un homme inconnu



Le livre est composé selon 2 parties. Dans la 1ère, Andreï Makine nous invite à partager le regard de Choutov, écrivain quinqua au succès très moyen, ancien dissident et exilé russe à Ménilmontant, hanté par Tchékhov et qui vient d'être plaqué par sa compagne "qui a l'age d'être sa fille", sur la société russe d'aujourd'hui. Car Choutov (sa jeune compagne l'a définitivement "assassiné" en lui disant que la racine de son nom signifiait "clown") veut retrouver, dans une sorte de tentative ultime de se retrouver lui, Iana, son amour d'il y a 30 ans qui vit désormais à Saint-Pétersbourg. Mais Choutov trouvera dans ce voyage (c'est la 2ème partie du livre, la plus riche et la plus émouvante) quelque chose d'inestimable : l'amour humain ? pour reprendre le titre d'un précédent roman de Makine. Cette incroyable raison d'espérer (ou résistance à espérer ?), que l'homme peut avoir malgré, parfois, l'extraordinaire acharnement de la vie à le rendre malheureux et misérable. Et c'est un vieil homme, Volski, rescapé de la bataille de Stalingrad et des camps, qui sera son guide.
C'est un livre qui vient également nous faire réfléchir, en ces temps de (relatif) chaos, à la hiérarchie des choses, à la confrontation entre le fondamental (souvent très simple) et le dérisoire (souvent clinquant).
"Non, il ne faut rien expliquer, pensa-t-il, juste reconnaître dans l'autre cet être étonnant qui dépasse infiniment ce qu'il a vécu et ce qu'il vit, et ce qu'on voit de lui, et ce que le monde fait de lui. reconnaître et aimer cette part invisible d'une femme, cet instant-là sous une lente chute de pétales, ce corps meurtri et dont la tendresse est encore intacte, ces yeux dont la clarté me rend vivant."
"Nous avons eu finalement une vie si légère ! dit le vieil homme. nous ne possédions rien et pourtant nous savions être heureux. Entre deux sifflements de balles en quelque sorte..." Il sourit et ajoute sur un ton de boutade (il regarde à la télévision une réception dans un palace londonien): "Non, mais regardez ces pauvres gens, ils souffrent !"

vendredi 20 mars 2009

Grand Paris (encore !)

Je suis allé sur ce site du Pavillon de l'Arsenal. J'ai visionné la vidéo. Ca se marre pas mal ; ça fait des "mea culpa" sur des ignorances de débutant (aucun bâtiment de Le Corbusier à Boulogne-Billancourt !) ; ça résume les propositions du Grand Paris, mais je me demande s'il faut les résumer car, à vrai dire, depuis que je m'intéresse au sujet, j'ai peur qu'à trop vouloir résumer il ne reste plus rien (mais on va aller sur le site du gouvernement, il parait que les études y sont intégralement consultables)!
Remarque : chacun y va de sa réflexion sur Paris en ce moment : M. S., Balladur, Delanoé, etc.,...on attendait la grippe aviaire et c'est une pandémie urbanistique qui sévit ! On attend le "Pschitttttt" !

http://www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-5-248.php

mardi 17 mars 2009

Devenez abonné fidèle de mon blog


et recevez un cadeau secret...
Quelques jours plus tard...toujours rien, aucun(e) abonné(e) "fidèle" de plus ...est-ce le mot "fidèle" qui dérange ("fidèle, fidèle, je suis resté fidèle, à des choses sans importance pour vous ...")? est-ce la notion de "cadeau" avec son inconscient de compromission potentielle qui est en cause ( se rassurer : ce ne sera pas une Rolex !) ? est-ce le qualificatif de "secret" qui résonne douteusement également ?
est-ce que mon blog fait ch... le lecteur ? En tout cas, moi, ça me plait !

Auroville vs Grand Paris




"Auroville (Grand Paris)wants to be a universal town where men and women of all countries are able to live in peace and progressive harmony above all creeds, all politics and all nationalities. The purpose of Auroville (Grand paris) is to realise human unity."

Tours de 164m à Levallois



Au moment où, sous l'impulsion de notre Président (bénis soient son dynamisme et son pragmatisme), le "Tout Paris" architectural disserte sur le Paris du Futur, la qualité de vie, le beau, le plus environnemental, etc., ... le sexe des anges ?, on s'apprête à édifier 2 tours que je trouve très vilaines (mais je dois être le seul...), de rien moins que 164 m de haut sans qu'il y ait eu - que je sache - de consultation architecturale, en bordure de Seine, à Levallois, dans l'indifférence la plus générale, et avec le soutien du Président (bénies soient sa vision architecturale et sa Rolex) puisque Mme Christine Lagarde était à la signature du "cheick" d'1 milliard. On vit une époque formidable !

dimanche 15 mars 2009

Le Grand Paris. Petit essai critique.




JDD Paris du dimanche 15 mars "La capital Nouvel prend forme" avec le sous-titre "L'architecte dévoile ses propositions pour l'avenir du Grand Paris". Voyons voir. Jean Nouvel propose 9 "mesures". J'ai tenté d'y apporter un peu de contradiction.

1) Matérialiser les "lisières" de la métropole
Comme pour le "fortifs", il sera créé un anneau végétal protecteur dont l'objectif est double a) arrêter la progression de l'urbanisation b) donner un espace "écolo" pour promenades, maraîchages, ...
Questions : ne va-t-on pas créer une sorte de capitale-fortifiée propice à la surenchère immoilière ? (j'habite dans le "vrai" Paris, j'ai un apparte qui donne sur la ceinture verte, ...); n'aurait-il pas plutôt fallu développer des "radiales" vertes afin de fluidifier le tissu urbain ? quid du périff ? quid de l'A86 ?
Mon point de vue : plutôt OK pour le côté petits oiseaux, mais...

2) Instaurer un "code d'identité"
Des éléments de design urbain sont mis en place pour que l'on reconnaisse immédiatement que l'on "est " à Paris.
Questions : comme à Disneyland, où on sait tout de suite qu'on est à Disneyland ? Quel est l'intérêt de cette gadgétisation urbaine ? (Paris est constitué de dizaines de "villages" et pourtant Paris se reconnait immédiatement)
Mon point de vue : (bof)



3) Mettre fin au "Zoning"
Encourager la "mixité d'usage" ; en quelque sorte, celle qui existait jadis quand les usines et les ateliers étaient au coeur des villes ; c'est la spéculation immobilière qui a balayé tout ça.
Questions : le "Grand Paris" est-il un problème architectural ? N'est-il pas essentiellement politique ?
Mon point de vue : plutôt OK

4) Désenclaver les cités et les grands ensembles (en s'y prenant comme ça ?)
On renove tout, on remet des commerces au rez-de-chaussée et des bureaux sur les 3 1ers étages et on arrête de tout casser.
Questions : quid des transports ? quid des emplois ? voir question précédente
Mon point de vue : plutôt OK, mais le titre de la "mesure" et son contenu me paraisse décaler

5) Connecter les principaux centres du Grand Paris
C'est à dire Roissy, Le Bourget, St Denis, La Défense, Orly, Villacoublay à moins d'1/2 les uns des autres
Questions : aucunes
Mon point de vue : OK, YAKA (des RSGV : radiales souterraines à Grande vitesse ?)

6) Créer des "hauts lieux" en moyenne couronne
Des sortes de villes-nouvelles bis mais constituées de tours seraient créées dans les villes de la proche couronne (Vitry, Villacoublay, La Courneuve
Questions : ne va-t-on pas créer de nouveaux ghettos ?
Mon point de vue : bof (M. Balkany prévoit de construire prochainement de très jolies tours en bord de Seine ...)

7) Développer des sites d'attractivité pour la recherche, les entreprises de pointes, ...
Question : n'est-ce pas un peu en contradiction avec la mesure 3) ?
Mon point de vue : réserves

8) Ne pas laisser le "Paris historique" s'endormir
Des tours dans la ville (Porte Dauphine, Père Lachaine, entre Gare du Nord et de l'Est, entre Gare de Lyon et Austerlitz) et fini les toits en zinc, vive la pelouse !
Questions : Barcelone s'est-il "réveillé" grace à la tour Agbar ? Les toits en zinc ne sont-ils pas un des éléments de repères majeurs de l'identité visuel de Paris (voir mesure 2) ?
Mon point de vue : plutôt OK

9) Concevoir l'art contemporain en fonction des lieux
Mettre de l'art au coeur de la ville
Mon point de vue : OK, obviously !

10) Composer avec la Seine (Ca c'est moi qui ajoute !)

Welcome



Vincent Lindon crève l'écran dans ce film qui donne à voir, d'un côté, toute la détresse de ces émigrés que l'on parque et brutalise à Sangatte ou Calais, omnubilés par une "terre promise" qui n'en est plus une, de l'autre, l'humanité qui subsiste (il faut le croire) en chacun de nous. Mais le MNS-Lindon aurait-il été sensible à cette détresse s'il n'était pas lui-même un peu naufragé de la vie ? Y a-t-il une solution, autre que la répression, pour éviter Lampédusa ou Sangatte ? Dans notre histoire, notre développement a profité de la plupart des pays dont sont issus ces hommes et ces femmes ? Ne serait-il pas juste que nous pratiquions aujourd'hui autre chose que la brutalité ? Et puisque, définitivement, nous sommes égoïstes : ne serait-il pas dans notre intérêt ultime de les aider ?
Nota : Luc Besson, invité à l'avant-première de "Welcome" a quitté au bout de 10' la salle ; c'est donc un très bon film !

Extrait du blog de l'Express. Juillet 2008. (c'est précisément ce que montre le film)

"Après la fermeture du centre de transit, les autorités françaises jouent, sur place, le pourrissement

Calais: son beffroi, son port... ses migrants. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, en décembre 2002, la situation de ces immigrés, massés face au détroit dans l'espoir d'une vie meilleure en Angleterre, est officiellement réglée. Dans les faits, une dizaine de migrants arrivent chaque jour dans ce cul-de-sac de l'Europe. En ce mois de juillet, ils sont 120 à errer dans les rues. Kurdes irakiens, Afghans, Iraniens, Soudanais, ils vivent dans des conditions exécrables. La nuit, ils s'abritent dans un hangar désaffecté, une camionnette éventrée ou des canalisations en béton abandonnées; deux fois par jour, ils quémandent de la nourriture, distribuée par une poignée de bénévoles.

Depuis la fin d'avril, ils n'ont même plus de douche pour se laver. Les installations, prêtées par le Secours catholique, ont été démontées à la suite de plaintes de riverains. Conséquence: la gale a refait son apparition, les maladies de peau se multiplient. En mai, un jeune Afghan a failli mourir d'hydrocution en se baignant dans un canal. «On ne cesse de demander un lieu d'hébergement temporaire pour les accueillir autrement que comme des chiens, raconte Véronique Desenclos, du Collectif de soutien d'urgence aux réfugiés (C'sur). Mais les autorités ne veulent pas d'un Sangatte bis.» Après avoir plaidé leur cause durant trois heures auprès du préfet, les associations viennent d'obtenir une petite victoire: la réinstallation de deux douches et de deux WC. A la condition de ne pas divulguer le lieu, sous peine d'un nouvel afflux de migrants. Ceux-ci y seront conduits quatre par quatre, en fourgonnette. Le gouvernement mise sur le pourrissement de la situation. Et sa stratégie est en passe de triompher. Les «humanitaires» sont à bout de souffle; les migrants perdent espoir. Chaque nuit, la police procède à une dizaine d'interpellations, prélude à l'expulsion. Une minorité finit par demander l'asile - sans garantie. D'autres croient encore au miracle. Mais le port ressemble de plus en plus à une forteresse infranchissable, avec sa centaine de vigiles et ses barbelés. Le budget consacré à la sécurité atteint... 6,5 millions d'euros. L'impasse, en somme.

samedi 14 mars 2009

Seule Venise




"Seule Venise" est un roman de Claudie Gallay, l'auteure des "Déferlantes" qui connait un grand succès. Il m' a été offert par quelqu'un qui m'est très chère, qui connait ma très grande attirance pour Venise, et qui aime beaucoup Claudie Gallay. J'ai retenu un passage en particulier.L'héroïne est en tête à tête avec Vladimir Pofkovitchine, Prince de Russie, un vieil homme, pensionnaire avec elle du palais des Bragadin. Elle lui demande : "Prince, pourquoi avoir choisi Venise ?" Et le texte est celui-ci : "Un instant, son visage, fatigué. Ses doigts ne bougent plus. Les papiers retombent. Il ferme les yeux. Et ces mots, arrachés.
- Parce que seule Venise me console de ce que je suis vraiment.
- Qui êtes-vous vraiment ?
Il sourit.
- Un homme en exil."
Ne sommes-nous pas, parfois, dans certaines circonstances, dans certains lieux, comme cet homme, en exil ? C'est à dire loin d'une "terre" qui est la nôtre, et obligé, dans une autre qui nous est forcément étrangère. "Seule Venise me console de ce que je suis vraiment..."
Autre chose qui m'a particulièrement ému dans ce livre : l'héroïne est hébergée au palais Bragadin ; sa chambre est "la chambre aux anges" dont le plafond bleu est décoré de peintures représentant des anges ; il s'agit de la même chambre du même palais dans laquelle nous avons passé plusieurs jours, la première fois que je suis venu à Venise !...
Bragadin était un Prince vénitien qui fut capturé par les turcs (sans doute au 16ème siècle), écorché vif entièrement et promené ainsi sur un âne ; je crois même qu'il fut en final empalé ! Sa peau a été soigneusment recueillie et repose dans une urne imposante située sur le mur à droite de l'entrée dans l'église San Giovanni et Paolo, là où sont enterrés tous les doges de Venise.

vendredi 13 mars 2009

Vidéo de M. Roland Castro

Un extrait de la vidéo de l'oral de M. Roland Castro devant le jury dans le cadre des projets du "Grand Paris" est visible sur le net. Vous en pensez quoi ? Comme moi ?

Le temps des cerises

Le dernier ouvrage de M. Juppé a un titre étonnant : "Je ne mangerai plus de cerises en hiver". Pourquoi : il en mangeait avant ? Quelle idée ?

dimanche 8 mars 2009

Le colvert mâle ou le miracle de la nature



Voilà un beau sujet ! Il a fallu encore une fois que j'attende plus d'un demi siècle pour m'apercevoir de la beauté stupéfiante (les jeunes diraient "allucinante")d'un canard Colvert mâle. Des grincheuses vont m'en vouloir de ne considérer que la parure du sexe dominant surtout aux lendemains de célébration de la Femme. Il n'est pas impossible que je reconcilie prochainement tout le monde en écrivant également sur le Colvert femelle ; pas d'impatience, Mesdames, je vous en supplie !

En attendant, avez-vous jamais observé avec attention un colvert mâle, vivant, au coucher du soleil, alors qu'il s'apprête à prendre un peu de repos en équilibre sur un bloc de pierre qui affleure la surface de l'eau juste au bord d'une berge de la Seine ? Son bec est enfoui sous la partie supérieure de son aile gauche ; sa tête, équipée d'un oeil droit aux aguets, émerge du manteau plumeux. L'ensemble de son corps est immobile ; parfois une vaguelette un peu plus forte que les autres l'oblige à légèrement osciller, imperceptiblement, sur ses deux pattes colorées d'un orange vif de clémentine. Le canard dégage assez naturellement une posture aristocratique avec sa tête encapuchonnée d'un vert profond irrisé de bleu-lilas qui cède à la tentation, par instant, du bleu métallique fulgurant ; son collier blanc, comme un col de vicaire, qui délimite radicalement la base du cou de son jabot rond et soyeux semblable à une fourrure de vison, et la palette délicate des gris perles du reste de son plumage qui laisse échapper des nuances de bruns fumés. Pour parachever la description de l'analidé, il faut souligner les détails miraculeux du rectangle violet pointant sous les sous-caudales noires, et des deux houpettes - noires également - qui, telles des virgules précises perchées sur le bas des reins, procèdent à l'évidence de la haute couture.

samedi 7 mars 2009

Pastéis de Nata


Le boulanger près de chez moi fait un Pastéis de Nata délicieux. Ce petit flanc que l'on déguste au Portugal et qui a fait, avec sa très belle tour au bord du Tage, la réputation de Belem près de Lisbonne où il est servi chaud et saupoudré de cannelle, est l'un de mes plaisirs du week-end.
Il faut que sa pâte soit croustillante, sa crême pas trop vanillée - mais suffisamment - et son "dessus" parfaitement marbré de tâches de "cramé" d'une cuisson très probablement parachevée sous la salamandre (à préciser).

Mardi 20 septembre 2005

Retrouvé dans mes carnets.
Mardi 20 septembre 2005, jour de la mort de Simon Wiesenthal, architecte autrichien qui perdit un très grand nombre de membres de sa famille dans la Shoah (89) et passa le reste de sa vie, après la fin de la guerre, à pourchasser les anciens nazis pour les faire juger (Eichmann et + de 1000 autres).
Extrait du Monde daté du 21 : "La petite troupe part vers l'Ouest. Quelques déportés sont tués en cours de route. Un sous-officier lui demande un jour ce qu'il dirait des camps de concentration s'il arrivait jamais jusqu'à New-York. Il répond qu'il raconterait sûrement la vérité. "On ne te croira pas", a rigolé l'allemand. "On dira que tu es fou."

vendredi 6 mars 2009

jeudi 5 mars 2009

L'architecture : ça sert à quoi ?

Petit exercice d'interrogation personnelle à la manière d'un cadavre exquis sur cette question que ne manque pas de se poser la plupart des gens qui ne fréquentent ni le Pavillon de l'Arsenal ni les autres cercles réservés aux initiés.
Concernant les autres formes d'art (mais l'architecture est-elle un art ?), il me semble qu'il n'y a aucun doute pour le cinéma (les stars, le rêve, le frisson, ...), pour la peinture et la sculpture(classique) pas trop (où elle est la Joconde ?), la musique c'est OK (elle adoucit forcément les moeurs), la littérature moyen déjà (ça fait passer le temps, parfois : où il est le dernier Marc Lévy ?), la poésie encore plus moyen (où il est La Fontaine ?), le théâtre très, très moyen mais on y est bien allé au moins une fois en CM2 (où il est Molière ?)...mais l'architecture ? Ca sert à quoi ? En vrac :
- à faire travailler des architectes
- à faire des monuments extraordinaires
- à concevoir des espaces
- à faire des plans de maisons
- à participer à la représentation d'une civilisation à un instant donné
- à donner du sens à l'espace qui abrite les activités des hommes
- à embellir les villes, mais aussi parfois à les enlaidir
- à se faire plaisir
- à donner une échelle à la cité
- à ajouter une prétention d'art à la matière construite
- à laisser une trace pour les civilisations futures
- à créer une émotion
- à permettre à des espaces d'être plus fonctionnels
- à véhiculer une image
- à impressionner les foules
- à (se) raconter une histoire
- à élever l'Homme (comme toute forme d'art)
- à modifier la nature, le paysage naturel
- à servir l'Homme
- à se repérer
- à occuper les personnes très excentriques (de MI)
- à continuer l'histoire (JM Duthilleul)
- à nous préserver de la barbarie
- à écrire, avec des espaces, des morceaux de poésie
- à rien, comme la poésie
- à communiquer
- à s'opposer à l'évidence des choses
- à apprendre à regarder
- à rien "quand on se préocupe essentiellement de rentabilité commerciale, (et à tout) pour introduire le contreproids indispensable à la pression puissante des contraintes techniques et économiques" (Françoise Giroud)
- à "être tout à fait inutile, sa seul utilité est qu'elle aide à vivre" (Claude Roy parlant de la littérature)
- à édifier des limites à l'espace puis, à l'intérieur de ces limites, créér des sous-espaces - autant dire des vides - pour y tenter d'apprivoiser la vie
- à répondre hiérarchiquement à un ensemble de besoins humains à l'image de la pyramide de Maslow 1) physiologiques 2) sécurité 3) reconnaissance et appartenance 4) estime et considération 5) accomplissement et besoin de réalisation (Gérard Morin)
- .........................
(à suivre ; ne pas hésiter à proposer des idées, je les intègrerai)

mercredi 4 mars 2009

La simultanéité de tout et de son contraire ou le bonheur de douter

"Pourquoi faut-il toujours penser une chose et non son contraire en même temps sous peine d'être pris pour un fou ?
Parce que l'expression de la pensée s'inscrit dans un temps linéaire et que l'on ne peut pas dire au même instant une chose et son contraire. Le peintre peut en revanche exprimer deux visions, ou plus encore, qui se superposent et qui rendent compte d'une réalité multiple. Mais ce qui est possible avec l'image ne l'est pas avec les mots : la parole, l'écriture s'inscrivent inexorablement dans le temps. C'est le temps linéaire qui génére la contradiction rationnellement interdite. Si l'expression des contraires étaient simultanée, il n'y aurait pas de problème.
Finalement, De Chirico n'est-il pas en permanente rupture avec lui-même ? N'est-ce pas là que réside l'originalité profonde du visionnaire ?"
Ces interrogations émanant de mon ami Gérard m'interrogent ...
J'aime bien cette idée de la simultanéité de la chose et de son contraire. J'appelle cela tout simplement le "doute" ; attitude que je considère comme nécessaire sinon obligatoire dans le développement d'une idée ou d'une analyse. Et pourtant, comme disait Wolinsky : "Ceux doutent de tout se feront toujours opprimés par ceux qui ne doutent de rien." Jean-Marie Duthilleul, polytechnicien et architecte, disait dans une réçente conférence qu'il espérait que les ingénieurs puissent douter car, ainsi, le dialogue entre architecte et ingénieur pourrait enfin être fructueux. Car le doute (celui qu'on s'impose à soi-même et pas le doute systématique de la pensée d'autrui)ne correspond-il pas à une certaine attitude d'écoute critique qui peut nous empêcher l'autisme d'une analyse unidirectionnelle ?
L'analyse transactionnelle, dans l'exercice qui consiste à s'extraire de son propre personnage pour créer virtuellement un second moi qui observe le premier, cultive positivement le doute. Sauf à être un indécrottable prétentieux, comment peut-on ne pas émettre quelques doutes quand on peut se regarder soi-même ? Je crois que le doute devrait être (plus ?) enseigné dans les écoles, notamment auprès des futurs "managers" qui auront à traiter un jour plus souvent de la "matière humaine" que des intégrales triples. Le contraire du doute, c'est la certitude. Il est très probable qu'il y a vraisemblablement plus d'échecs à mettre au compte des certitudes qu'à celui des doutes. Comme toujours, on a vraisemblablement tort de dresser le doute contre la certitude. Il y a je pense un mouvement alternatif à entretenir entre ces notions, dans le cadre d'une analyse ; il me parait déterminant pour avancer d'une manière clairvoyante.

"Qu'en est-il des architectes ?" demande Gérard. Et bien je pense qu'ils sont comme les autres. De mon point de vue le doute devrait être une de leur vertu cardinale. Mais ils ont également besoin de certitudes afin de porter leur projet. Je me méfie toujours d'un architecte qui a trouvé trop vite son parti : sa réflexion va manquer d'oxygène ; celle du débat qu'il n'aura pas eu sur la pertinence de son parti et les alternatives possibles. Et pourtant, ce serait une erreur de penser que l'idée consisterait à se contenter de "propositions" portées par quelques principes structurants, mais organisées afin d'accepter d'évoluer en fonction des "doutes" issues de la confrontation avec les autres intervenants à l'acte de construire. Il faut, en architecture, avoir à un certain moment une attitude "radicale". Et puis tenir, tenir, tenir parce que l'on sait qu'on a épuisé le doute. Le doute ne doit pas être une fin en soi (surtout pas). C'est un outil de travail ; il ne se confond pas avec l'oeuvre finale.
On n'ira sans doute pas jusqu'au paroxysme poétique de Philippe ROTH, dans "La pastorale américaine" qui érige le doute en condition de vie : "Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle, dans la vie. L'histoire de la vie, c'est se tromper sur leur compte, encore et encore. Encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper encore. C'est même comme ça que l'on sait qu'on est bien vivant : on se trompe."
Mais quand même : je doute, donc je suis.

mardi 3 mars 2009

Cria cuervos



C'est invraisemblable mais je découvre, 32 ans plus tard, le vrai visage de "Jeannette" ; j'étais certain qu'elle était belle, mais je hais son manager qui lui imposat de se produire affublée d'une paire de bottines blanches...à moins que ce ne fut des soquettes un peu hautes (il est vrai que la qualité de l'enregistrement laisse à désirer !...).
Conseil : Il existe une reprise croquignolesque et exotique de cette chanson que l'on peut découvrir sur YouTube avec une interprète asiatique, un bellâtre probablement indonésien qui ondule langoureusement du bassin autour de la chanteuse imperturbable, des danseurs noirs torses nus pratiquant au second plan des katas pittoyables, et des "claudettes" en pagnes négociés chez Emmaus, le tout gesticulant dans une chorégraphie de fête patronnale !...
Allez, les paroles (que je découvre également 33 ans + tard !) :

Aujourd'hui par ma fenêtre le soleil brille
Et le cœur
Est triste en contemplant la ville
Pourquoi tu t'en vas ?

Comme chaque nuit je me suis réveillée
En pensant à toi
Et sur ma montre j'ai vu passer toutes les heures
Pourquoi tu t'en vas ? [parce que tu t'en vas plutôt, non?]

Toutes les promesses de mon amour partiront avec toi
Tu m'oublieras
Tu m'oublieras

Près de la gare je pleurerai comme une gamine
Pourquoi tu t'en vas ?
Pourquoi tu t'en vas ?

Dans la pénombre d'un lampion
S'endormiront
Toutes les choses qui restaient à dire
Elles s'endormiront

Près des aiguilles d'une montre
Attendront
Toutes les heures qui restaient à vivre
Elles attendront

Toutes les promesses de mon amour partiront avec toi
Tu m'oublieras
Tu m'oublieras

Près de la gare je pleurerai comme un gamin
Pourquoi tu t'en vas ?
Pourquoi tu t'en vas ?
Pourquoi tu t'en vas ?

Toutes les promesses…

Bar Bozo, les Deux Magots des rives du Niger



Le "Bar Bozo" est à Mopti ce que "Les Deux Magots" sont à Saint-Germain des Prés. Avec, en bonus, une vue imprenable sur l'entrée du port et le fleuve Niger, le ballet fabuleux des longues pinasses bariolées, chargées de fagots de bois émaciés, de ballots de poissons desséchés par la poussière cruelle du désert. 
Toute une population de jeunes hommes et de jeunes femmes font d'insouciantes ablutions à quelques dizaines de mètres dans l'eau sauvage du fleuve.
La terrasse semble faite pour accueillir les fantômes de Loti ou de Rimbaud ; celui de Baudelaire peut-être, relisant ces quelques mots : "il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché sur le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir."
Etre au Bar Bozo c'est un peu figurer dans un péplum ; il n'est pas improbable que Charlton Heston surgisse d'un instant à l'autre ...
On s'y régale, à l'ombre précieuse des canisses, d'une carpe frite dans une huile exotique accompagnée d'une bière locale dont la fraîcheur parachève la félicité de l'instant.
Note du 25/03/17 : tout ce texte dont une première version date de mars 2009, devrait être probablement conjugué à présent ... au passé...

lundi 2 mars 2009

La Princesse de Clèves


"L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur la Princesse de Clèves. je ne sais pas si celà vous est arrivé souvent de demnader à la guichetière ce qu'elle pensait de la Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle."
M. Nicolas SARKOZY, Président de la République.
Vexé de n'être pas même au niveau du sadique ou de l'imbécile fustigé par la raillerie présidentielle (ils se marrent bien à l'Elysée !), et bénéficiant d'un fils qui a du subir au lycée la perversité d'un professeur sans doute aussi minable que l'anonyme examinateur, je me décidais à relever le défi et à partager le triste sort d'une guichetière (qu'est ce qu'on se marre !).
170 pages plus loin, et alors que s'achève le roman le plus célèbre de Madame de La Fayette (née Marie-Madeleine Pioche de la Vergne) par cette phrase :"et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertus inimitables", je n'ai pas honte d'avouer que j'ai trouvé beaucoup de plaisir à lire cette inutile ouvrage qui traite de l'amour, de la fidèlité et de la vertu, mais aussi de l'hypocrisie, de la jalousie et de la fatuité.
Ce roman a acquis une nouvelle célébrité grace à la délicate intervention de Monsieur S. J'ai même appris qu'une parodie avait circulé qui commençait ainsi : "La magnificence et l’économie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Nicolas premier. Ce prince était galant, mobile et amoureux ; quoique sa passion pour la vitesse eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n'en était pas moins violente, et il n'en donnait pas des témoignages moins éclatants. […]"

Péniche. La Seine

Soudain une péniche immense trahit le silence du soir, le ventre noir et paresseux appuyé lourdement sur une eau grise comme une ombre d'hiver, creuse un sillon épais dans la surface molle du fleuve, s'enfuyant dans une déroute mécanique, aveugle, vers l'espoir d'une mer promise, tirant à la peine derrière elle les frissons bavards d'une confusion aquatique qui vient expirer en clapotis improvisés sur les berges anguleuses de milliers de pierres moussues, coiffées de pousses hirsutes qui s'impatientent du Printemps.
Cadel Ubbale